-
ytica
- Bonjour Monsieur le Député !
Nous étions le lendemain de la fête des oranges, et le député, qui se représentait, faisait le tour du marché car la campagne électorale était commencée. On serre une main par ci, on fait une bise par là, on goûte une tranche de saucisson, et on distribue des tracts. La routine, quoi…
- Oh non pas elle ! chuchota le député aux 2 personnes qui l’accompagnaient.
- Trop tard elle vous a vu ! Répondit l’une d’entre elles
Une dame âgée, accompagnée d’un vieux chien aux origines multiples, s’approchait du député, se hâtant comme elle pouvait, tenant la laisse de son chien dans une main et sa canne dans l’autre.
- Monsieur le député, alors, pour mon histoire du chat du voisin qui fait ses besoins sur mon paillasson, vous avez fait quelque chose ? Et pour les odeurs d’essence du tracteur de Monsieur Huche ?
Le député fit un sourire forcé.
- J’en ai parlé encore hier après-midi à la police Madame Tourrin.
- Mais ils ne font rien, c’est à vous de vous en charger, n’oubliez pas que sinon je ne voterai pas pour vous dimanche prochain. Vous comprenez ? C’est essentiel de trouver une solution si vous voulez être réélu.
Embarrassé et pressé, le député prit son mobile et appela le commissariat, tançant avec virulence son interlocuteur, le traitant d’incapable, de bon à rien, et brandissant un poing menaçant. C’est à ce moment-là que son téléphone se mit à sonner...
-
ytica
Une femme a décidé de s'offrir un beau cadeau pour ses 70 ans en passant la nuit dans un hôtel vraiment sympa.. Lorsqu'elle est partie le lendemain matin, le réceptionniste lui a remis une facture de 250,00 $.
Elle a demandé de savoir pourquoi la charge était si élevée. « Je suis d'accord que c'est un bel hôtel, mais les chambres ne valent pas 250 $.. 00 pour juste une nuit - je n'ai même pas pris de petit déjeuner ! "
La réceptionniste lui a dit que 250,00 $ était le « taux standard » et que le petit déjeuner avait été inclus si elle le voulait.
Elle a insisté pour parler au directeur. Le directeur est apparu et, prévenu par le réceptionniste, a annoncé : « Cet hôtel dispose d'une piscine olympique et d'un immense centre de conférences qui sont disponibles pour l'utilisation. "
"Mais je ne les ai pas utilisés. "
'Eh bien, ils sont là, et vous auriez pu. Il a ensuite expliqué qu'elle aurait pu aussi voir l'un des spectacles à l'hôtel pour lesquels ils étaient si célèbres. « Nous avons les meilleurs artistes du monde entier qui se produisent ici. "
"Mais je ne suis allé à aucun de ces spectacles.. "
« Eh bien, nous les avons, et vous auriez pu. "
Peu importe l'agrément mentionné par le directeur, elle a répondu : « Mais je ne l'ai pas utilisé ! » et le directeur a contré sa réponse standard.
Après plusieurs minutes de discussion, et avec le directeur qui reste sur sa position, elle a décidé de payer, a fait un chèque et le lui a donné. Le directeur a été surpris quand il a regardé le chèque.
"Mais Madame, ce chèque est de seulement 50,00 $"
« C'est exact, je vous ai facturé 200,00 $ pour avoir couché avec moi. "
"Mais je ne l'ai pas fait ! "
« Eh bien, dommage, j'étais là, et tu aurais pu. -
ytica
L’épanouissement...mais oui bien sur… « devenez berger, une vie épanouie de liberté vous attend » disait l’annonce. Et Pierre, qui voulait changer de vie, avait sauté à pieds joints sur cette opportunité. Quelques jours de formation, et le voilà à la tête d’un troupeau de 40 moutons et brebis, qui le font devenir chèvre. Il y a aussi Sam, qui n’a de chien de berger que le nom, et qui au lieu de rameuter les moutons, les dissémine.
Et ne parlons pas du soir, dans cette vieille maison en pierres, personne pour faire la conversation, avec pour toute eau que celle provenant du raccordement à la petite fontaine, un vieux chauffe-eau qui fonctionne mal, et quelques meubles usés et inconfortables. Mais pourquoi avait-il eu cette idée saugrenue ? Une fois son contrat de berger saisonnier terminé, fini les moutons et la campagne. Le changement, ce n’était pas pour lui. L’époque actuelle voulait qu’on se remette en question mais encore fallait-il faire le bon choix. Passer de comptable à berger, de Grenoble à la campagne, ce n’était pas évident. Il repensait à son petit appartement meublé, sa cuisine moderne séparée du séjour par un claustra, sa chambre au lit confortable, sa salle de bains…
Bêêê, bêêê… Roger, un mouton intrépide, avait passé la tête par la porte entrouverte. Pierre jeta un coup d’œil dehors pour voir s’il y avait une amélioration côté météo. Il faisait beau et les moutons piaffaient d’impatience. Pierre claqua dans ses mains, siffla trois ou quatre fois, ouvrit la barrière et le troupeau s’engagea sur le sentier. Il était 8 heures du matin et la chaleur ne se faisait pas encore sentir.
Les odeurs des fleurs, les feuilles agitées par un vent léger, le silence uniquement troublé par le bruit du troupeau avançant sur le sentier et le chant des oiseaux, le calme qui régnait en ces lieux… Pierre se dit que, finalement, cette vie libre n’était pas si désagréable et petit à petit l’idée de s’installer à son compte avait fait son chemin. C’était décidé, fini le bureau et les heures de transport en bus, il serait berger...
-
-
ytica
Tu es arrivée chez moi dans un moment de tristesse
Petite inconnue, un peu effrayée, tu me regardais, tu regardais tout
Puis tu as pris tes marques, tu as pris confiance, tu as eu moins peur
Et enfin est venu le moment de faire mieux connaissance
Je t’ai ouvert la porte et tu es sortie
Tu t’es posée tout là-haut
C’est là que j’ai pris ta première photo
La plus belle de toutes celles que j’ai prises
A présent que tu es partie
Après des années passées près de moi
Je pense toujours à toi
Ma petite princesse -
ytica
L’hiver touche à sa fin, déjà le printemps s’annonce et montre le bout de son nez. Le passage va se faire en douceur, cette douceur printanière qui pousse les bourgeons à s’ouvrir, puis les fleurs à éclore. Sous terre, les fourmis commencent à s’agiter, car les provisions s’amenuisent et bientôt elles montreront leurs antennes à l’entrée de la fourmilière, prêtes pour des semaines de travail afin de se réapprovisionner en nourriture. Les abeilles sauvages font de même dans leur habitation, tandis que les graines de fleurs germent en silence parmi les herbes folles. Ah quelle belle aventure, tout ce petit monde qui s’éveille, s’agite, prêt pour la grande sortie au soleil, tandis que, tapies dans les buissons, les araignées tissent leur toile en silence, attachant soigneusement chaque fil avec la patte, sans que personne leur ait appris à tisser.
Le soleil commence à rayonner plus fort, la Terre se rapproche de l’astre solaire, et les jours s’étirent comme un chat qui s’éveille.
Ah le beau mystère de la nature ! Tout se fait sans que personne n’ait rien à préparer, et quel bonheur de contempler ce miracle qui se produit tout autour de nous, nous qui sommes là et n’avons qu’à regarder, avec toutefois une petite frustration lorsque nous nous demandons qui a bien pu mettre tout cela au point avec tant de minutie, les taches sur les ailes des papillons, le chant des oiseaux, la beauté d’un coucher de soleil sur la mer. Nous détruisons, polluons, abîmons cet univers merveilleux à qui nous devons d’exister. Sans doute n’avons-nous pas encore atteint la sagesse nécessaire pour que certaines choses nous soient révélées...
Par notre indifférence, nous prenons le risque de détruire tout ceci pour ne laisser qu’une planète vide... -
ytica
Je suis une femme heureuse. Mon fils est là, devant moi, et si je ne savais pas qui il est je ne le croirais pas. Je prends ses mains dans les miennes, ses mains dont les blessures sont encore visibles. Et les souvenirs me reviennent…
Je revois mon enfant au jour de sa naissance, qui s’agite et vagit dans ce berceau improvisé avec des couvertures posées sur une mangeoire à bétail. Je me penche vers lui, je lui caresse le front, puis je regarde mon fiancé qui veille sur nous avec bienveillance. Certes, l’endroit n’était pas idéal pour abriter un couple et leur enfant mais c’est tout ce que nous avions pu trouver dans l’urgence, une petite pièce dans une étable que nous avait louée un vieux paysan. Dehors il faisait froid et le lendemain nous devrons partir vers la ville, dans la famille de mon fiancé qui, nous l’espérions, nous accueillerait.
J’ai dû faire face à la réprobation, car tout le monde pensait que cet enfant était illégitime. Celui que j’appelle mon fiancé n’est pas son père, ni aucun autre homme d’ailleurs. Il aura, m’avait promis ce messager vêtu de blanc, une grande destinée et c’est pour cela que j’ai été choisie entre toutes les femmes pour accomplir cette mission. Puis nous avons du fuir, nous cacher…
Mon fils a grandi dans l’amour de sa famille. Il a étudié, puis il est devenu un prêcheur écouté, et a rallié beaucoup de monde à sa cause, mais il s’est fait aussi des ennemis, et il a été trahi. Il a poussé son amour pour autrui jusqu’à accepter la souffrance et la mort. Mais j’ai toujours été à ses cotés, comme je le suis maintenant. Nous sommes liés par quelque chose d’extraordinaire qui fera bientôt de moi le modèle de la mère aimante, représentée par des milliers d’artistes dans le monde.
Je m’appelle Marie, celui qui est devenu mon époux Joseph, et mon fils Jésus.
Nous devons partir. Notre famille est là pour nous dire adieu. La porte s’ouvre, nous la franchissons, le livre se referme sur l’inconnu.
-
ytica
Il faisait vraiment chaud en cet après-midi de Juillet, surtout sur ce promontoire où le seul abri était la tour qui y avait été érigée pour guetter d’éventuelles attaques.
Au bout de deux heures, n’importe qui n’aurait pu tenir davantage sous le rayons du soleil. Antoine était donc allé s’asseoir à l’ombre de cette construction de pierres, tout en gardant ses sens en éveil. Mais ce qui devait arriver arriva, Antoine s’endormit. Oh, pas longtemps, juste une petite heure, mais cela avait suffi pour que la chose se produise. En effet, Antoine, soldat de son état, et n’étant plus apte au combat vu son âge, avait pour mission de surveiller la mer et d’avertir la garnison en cas d’arrivée d’un navire suspect.
Nous sommes en 1493, et la région est sujette aux attaques de pirates qui viennent piller les villages. Antoine est inquiet : un navire à voiles a jeté l’ancre en bas de la montagne, et il aperçoit des hommes qui montent par le petit chemin qui mène vers le village. Affolé, il sonne dans son clairon pour avertir du danger, et quelques minutes plus tard, les soldats commencent à monter vers la tour, armes en mains.
Très rapidement, ils sont sur place et Antoine, qui espère ne pas être pris en faute, montre les formes qui montent inexorablement vers le village, dissimulées par le maquis dense à cet endroit. Sans perdre de temps, ils se précipitent vers l’envahisseur, prêts à en découdre pour défendre les gens et les biens. Mais bientôt, les cris font place à des rires. Antoine regarde, et ne comprend pas. C’est vrai que sa vue est devenue un peu trouble avec l’âge, chose qu’il n’a pas avouée de peur d’être réformé et de perdre sa solde.
C’est alors qu’Antoine se rend compte de sa méprise : ce qu’il avait pris pour des pirates n’étaient qu’une vingtaine de chèvres sorties de leur enclos et parties en exploration. Quant au bateau, il ne faisait que passer et avait disparu entre-temps…
Antoine fut réformé et se reconvertit en berger, et encore aujourd’hui on raconte l’histoire des chèvres pirates qui un jour attaquèrent le village qui fut sauvé par le valeureux soldat.
Ce récit est purement fictif mais aurait très bien pu se dérouler dans cet endroit.
-
ytica
- Ah mais quel abruti ! La phrase avait fusé presque automatiquement car la bousculade avait été forte et Émilie avait failli tomber. L’homme qui l’avait heurtée leva ses yeux de son smartphone, la regarda comme on regarde une ombre, lui lança un « excusez-moi » arraché au forceps et à peine audible, puis reprit son chemin, laissant la jeune femme décontenancée.
Emilie ramassa son sac tombé à terre et marmonna un « quel macho celui-là » en regardant l’inconnu s’éloigner comme si de rien était. Elégant, costume gris et cravate bleu marine, la trentaine, cheveux frisés blond pâle et yeux bleus… elle avait eu le temps de noter tout cela en quelques secondes.
Après avoir digéré l’incident, elle reprit son chemin, bien décidée à oublier tout cela et à continuer ses achats car on était en pleine période de soldes. Quelques minutes plus tard, elle entra dans un magasin, direction la section des chaussures femme. Un vendeur lui apporta 3 paires de ballerines et posa les boites à ses pieds.
- Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des ballerines, et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Emilie leva les yeux vers le vendeur et se retrouva face à face avec… l’inconnu.
- Je vous demande pardon pour tout à l’heure, mais depuis ce malheureux incident je n’ai pas cessé de penser à vous, et voici que vous entrez dans ce magasin. Je vous prie de m’excuser.
- Euh… oui je vous pardonne... vous ne l’avez pas fait exprès après tout
- Oui mais je me suis sauvé comme un voleur. Je n’aurais pas du, c’est vraiment incorrect de ma part.
- C’est oublié
- Je pense que quelque part cette rencontre quelque peu brutale était programmée dit-il en souriant. Emilie, sous le charme, sentait son coeur battre fort dans sa poitrine.
- Je m’appelle Sébastien
- Et moi Emilie
- Emilie, joli prénom, Emilie et Sébastien, ça va très bien ensemble, vous ne trouvez pas ?
Emilie se sentit fondre, et de son côté Sébastien n’avait d’yeux que pour cette belle fille brune aux yeux verts.
Deux mois plus tard, sur la place Saint Marc, au milieu d’une nuée de pigeons, un jeune homme s’agenouilla aux pieds d’une jolie femme, ouvrit un petit écrin dans lequel brillait une bague, et fit sa demande en mariage tandis qu’un photographe immortalisait la scène.
-
ytica
Le chemin tortueux menait tout droit à une petite cabane en pierres, au fin fond de la forêt, là où aurait habité autrefois, disait-on, une vieille voyante prénommée Alma, réputée très talentueuse pour la divination. Il se racontait des choses étranges sur cet endroit que l’on disait hanté par des créatures effrayantes. Mais ils n’en avaient rencontré aucune, pas même le moindre petit lutin.
Ils longèrent le bord du petit ruisseau qui coulait tout près du sentier. Le bruit de l’eau se mêlait à celui des chants d’oiseaux et du vent dans les branches. Pierre serrait fort la main d’Alice et ils avançaient toujours, faisant craquer les feuilles mortes sous leurs pas. Ils étaient arrivés tout près de la cabane dont on apercevait maintenant le toit et la cheminée ainsi qu’un grand frêne sur sa gauche, là-bas dans la petite clairière. Ils firent encore quelques pas et s’approchèrent de la maisonnette en ruines.
Et soudain ils s’arrêtèrent. Il régnait une drôle d’ambiance, il n’y avait plus aucun bruit, plus de chants d’oiseaux, plus de vent dans les feuilles. On était à la frontière du réel et de l’imaginaire. Mais elle était bien là. Toute blanche, avec un regard d’une douceur infinie et une démarche élégante. Sa longue crinière ondulait à chacun de ses mouvements, et ses sabots ne faisaient aucun bruit sur le sol. Une longue corne torsadée jaune pâle ornait son front. Elle s’approcha des enfants et se laissa caresser la tête, le cou, passer les doigts dans la crinière, c’était magique. Elle était bien réelle, cela ne faisait aucun doute.
C’est alors qu’ils entendirent les cloches de l’église. On était dimanche, et c’était l’appel pour la messe. Le vent s’était mis à souffler de nouveau dans les branches et les oiseaux s’étaient remis à chanter. La belle licorne hocha la tête comme pour dire au revoir et partit vers la forêt où elle disparut.
Toutefois, sur le chemin du retour, Pierre restait perplexe sur la réalité de cette licorne.
-Mais voyons Pierre, répondit la fillette, tu oublies que je m’appelle Alice !
-
ytica
Voici le début d'une nouvelle de science fiction que j'ai écrite en 2001
Le couloir était désert. Anna fit quelques pas, puis s’arrêta. Aucun bruit, aucun son ne lui parvenait là où elle se trouvait, et elle avait l’étrange impression d’être seule au monde.
De nouveau, elle avança et parcourut quelques mètres avant de s’arrêter encore. A l’endroit où elle était parvenue, le couloir s’incurvait vers la droite, ce qui l’empêchait de voir devant elle, et cela ne lui plaisait pas. Mais elle n’avait aucune autre alternative que de marcher et d’aller de l’avant ; dans le silence pesant qui régnait en ce lieu, elle sentait son cœur battre si fort dans sa poitrine qu’elle avait presque l’impression de l’entendre.
Encore quelques pas, et la courbe fut franchie. Mais ce fut pour découvrir deux nouvelles bifurcations. Elle hésita. En effet, si elle était sure de pouvoir rebrousser chemin sans problème sur la petite portion qu’elle avait explorée jusqu’à présent, elle craignait, en empruntant un nouveau passage et en s’aventurant plus loin, de ne plus pouvoir se remémorer les lieux et de se retrouver complètement perdue. Et puis, elle ne voulait pas non plus trop s’éloigner de l’endroit où elle s’était trouvée à l’origine.
- « Je vais devenir folle », pensait-elle sans arrêt.
Et il y avait de quoi. Ce cauchemar durait à présent depuis trois heures, si elle se fiait à sa montre. Trois heures qu’elle cherchait une sortie dans ce labyrinthe constitué de couloirs identiques dont les parois et le plafond formaient un arrondi. La couleur en était uniforme : jaune avec de petits motifs orangés en forme de fleur, tous semblables. Aucune lampe n’était visible nulle part, mais la lumière régnait de partout, une lumière qui ne projetait aucune ombre avec son corps.
Au début, elle avait pensé qu’il s’agissait d’une farce. Elle avait frappé sur la paroi, appelé, sans résultat. La panique l’avait alors saisie. Elle avait crié, hurlé de toutes ses forces, puis longuement pleuré. Mais personne ne l’avait entendue, ni n’était venu à son aide. Elle avait ensuite pensé qu’il pouvait s’agir d’un rêve, mais tout était trop bien réel. Une hallucination ? non plus, car le temps s’écoulait bel et bien. Alors, elle avait décidé d’attendre, attendre que la porte s’ouvre. Mais quelle porte ? Il n’y en avait pas, ou plus, à l’endroit où logiquement il aurait dû y en avoir une, puisqu’elle était bien passée par une porte, lorsqu’elle était sortie de la cabine d’essayage. Elle avait ensuite commencé une timide exploration des lieux, revenant chaque fois sur ses pas, et s’aventurant petit à petit un peu plus loin pour tenter de trouver une sortie.
Comment cela était-il possible ? Cette question restait désespérément sans réponse, tout comme ce labyrinthe restait sans issue.
-
ytica
- Mais enfin Séraphine, vous avez perdu la tête ? s’écria madame Richard de sa petite voix aiguë
La jeune fille leva la tête en direction du professeur qui l’interpellait ainsi en brandissant sa feuille de rédaction. Tous les regards se tournèrent vers elle tandis qu’elle mâchonnait le bout de son stylo d’un air distrait. Il fallait trouver une réponse et vite car, et elle le savait, elle était allée trop loin dans l’ironie. Mais en fait, et elle le savait bien aussi, c’était le défi lancé au professeur qui l’intéressait, défi dans la façon de manier l’humour mais que n’appréciait pas du tout cette ancienne journaliste reconvertie dans l’enseignement.
- Mais madame, j’ai répondu à toutes vos questions… vous me dites de faire une phrase sur le sujet : Marc va chercher des pommes dans le verger, et de commencer ma phrase par le mot pommes… donc si je dis : «pommes, Marc vient vous chercher », c’est correct.
La classe éclata de rire tandis que le teint de Madame Richard virait au vert. Séraphine, ravie de son effet, arborait un sourire discret afin de ne pas trop la froisser. Ce qu’elle aimait, c’était ce genre de situation où l’élève dominait le maître par sa simple malice. Apparemment, la prof semblait prise au dépourvu. Pourtant, lorsqu’elle travaillait au journal local, c’était la spécialiste du billet quotidien et aucun sujet ne lui échappait.
Le devoir de Séraphine était irréprochable car il répondait complètement à la demande, mais de façon quelque peu irrévérencieuse. Le combat était engagé, la classe faisait silence, on aurait entendu voler une mouche s’il y en avait eu dans la salle. Séraphine attendait le moment idéal pour lancer une nouvelle pique envers la prof revêche unanimement détestée. Pourtant le temps passait, et visiblement Mme Richard essayait de l’avoir à l’usure. Mais en fait, tout au fond d’elle, quelque chose avait refait surface. Le souvenir de ses jeunes années, la jeune étudiante qu’elle avait été et qu’elle retrouvait dans la rebelle Séraphine, même comportement, même témérité, même audace.
- Mademoiselle Ivanov, vous passerez me voir à la fin des cours, dit elle simplement en rangeant ses affaires dans son cartable.
Les images défilaient dans la mémoire de Séraphine. Sa main caressait un texte de quelques lignes sur les premières pages d’un livre, ce livre qu’elle venait de faire publier et dans lequel elle rendait hommage à sa professeure, Anne Richard, qui était à l’origine de sa vocation d’écrivain. Jamais elle ne manquait une occasion d’évoquer la relation quasiment maternelle qu’elle avait noué avec elle et qu’elle conservait encore aujourd’hui. Une relation exceptionnelle avec une femme d’exception.
-
ytica
Désolée pour le retard, je n'ai même pas eu le temps de proposer un mot. Les vacances pour moi sont synomynes de farniente, ma non troppo quand même
Il fait un peu frisquet ce soir… du moins j’essaie de m’en persuader car en fait, il fait chaud, très chaud, trop chaud. La méthode Coué en quelque sorte, mais ça ne marche pas.
Tout est calme. Je sors sur mon balcon et je regarde. Les lumières sont peu nombreuses car il est 1 heure du matin, et je profite de ce moment où l’astre solaire a disparu depuis quelques heures déjà dans la mer pour aller éclairer d’autres parties de la planète que je ne connais pas. Dans d’autres pays, des gens sortent de leur torpeur, s’éveillent, et se préparent à affronter une journée de travail, ou de loisirs, ou de misère…
Je laisse vagabonder mon esprit et me mets à imaginer ces rues qui s’animent et très rapidement grouillent de vie et de monde. Tout ce monde que je ne connais pas, ces millions et milliards d’être humains aux vies si diverses, aux coutumes différentes, et qui partagent la même boule bleue, qui pourtant n’est qu’un point infiniment minuscule dans l’immensité de l’univers.
Puis mon regard s’élève vers cette noirceur profonde où d’innombrables points lumineux clignotent. Je regarde et mes yeux s’habituent lentement à distinguer ces étoiles si lointaines. Je repère assez vite la constellation d’Orion, en forme de sablier, le chasseur qui tend son arc, et ses étoiles aux belles couleurs. Mais ce ciel noir et profond a quelque chose d’angoissant et je préfère rêvasser, la tête dans les mains. La douceur de la nuit envahit mon cœur en même temps qu’une pointe de nostalgie qui me ramène à mon enfance, toujours si présente.
Voilà, ces quelques minutes que j’ai partagées presque en direct avec vous m’auront permis de libérer mon esprit et me préparer à saluer ce cher Morphée qui, je l’espère, m’offrira un sommeil peuplé de beaux rêves.
-
ytica
- C’est pas une voiture, c’est un mastodonte !
- C’est une limousine…
Un homme en costume gris vint ouvrir la porte, une jambe apparut, puis l’autre, et la jeune femme sortit, ou plutôt s’extirpa de la voiture, vêtue d'une robe vert bouteille vraiment très serrée. Elle se tint immobile quelques secondes devant la limousine tandis que les appareils photos crépitaient, prenant la pose pour montrer son meilleur profil en tenant compte de sa coiffure pour le moins étrange. Bonjour l’humilité...
D’un pas léger, perchée sur des talons aiguille impressionnants de finesse, elle se dirigea vers l’entrée du cinéma Riviera, entourée des acteurs principaux du film, le réalisateur, etc qui l’accompagnaient, sous les applaudissements des nombreuses personnes qui se massaient derrière les barrières.
Catherine ! Catherine ! Cria la foule. Mais la jeune femme les toisa sans esquisser ne serait-ce qu’un sourire.
-
Elle a bien changé dit l’une des deux jeunes filles en passant la main dans ses cheveux
-
Oui, en effet, une vraie pimbêche ! Quel dommage...
-
Mesdemoiselles… puis-je vous poser quelques questions ?
Les deux jeunes filles se retournèrent et aperçurent un jeune journaliste, micro en mains. Quelques secondes après, Marion et Anne étaient en train de répondre avec amusement à une avalanche de questions sur la jeune star montante.
- Et donc vous connaissez bien Catherine Rollin ?
- Ouiiii, nous étions ensemble à l’école de secrétariat !
- Et c’était une bonne camarade ?
- Pas vraiment, répondit Anne, elle était prétentieuse et un peu bizarre, on ne pouvait pas avoir confiance en elle pour quoi que ce soit, elle mentait comme un arracheur de dents. Ce fut un soulagement lorsqu’elle est partie en cours d’année pour aller tourner dans la série Catherine et les garçons.
- A propos de dents, coupa Marion, tout le monde l’avait surnommée Miss molaire
- Ah bon, et pourquoi ?
- Parce qu’un jour à la cantine elle avait avalé une couronne en mangeant des pâtes…
Les confidences allaient bon train et le journaliste semblait satisfait. Il remercia les deux jeunes filles et leur donna rendez-vous à la prochaine parution de Voilà, un magazine people connu.
La semaine suivante, on ne parlait plus que de Miss molaire, l’anecdote avait fait le tour des différentes rédactions. Apparemment l’actrice le prenait très mal.
- Tu crois qu’elle va nous en vouloir ? Questionna Anne
- J’en sais rien, mais une fois de plus j’aurais mieux fait de me taire...
-
ytica
-
Holà tavernier, un pichet de bon vin, plait-il ! Je suis pressé !
-
Mais non !! stop, coupez, coupez tout ! Pascal on voit ta montre ! Je te rappelle qu’on est au Moyen-âge !!! Vous êtes tous nuls et vous jouez mal !! Faites des efforts bon sang, je ne peux pas penser à tout !!
Fidèle à sa réputation, Bertrand fulminait et criait sur tout le monde, une grosse «ire» comme on aurait dit à l’époque du film. Les jours se suivaient et se ressemblaient, hier c’était Thomas Serre, l’acteur vedette, qui s’était fait rabrouer comme un débutant et il l’avait très mal pris. Il faut dire qu’il ne connaissait pas un mot de son texte et n’avait pas mis sa perruque...
Maria traversa le plateau et alla s’asseoir un peu à l’écart pour téléphoner. Elle laissa échapper un juron car sa batterie était vide. Décidément aujourd’hui tout allait de travers, du train qui était en retard jusqu’à sa tenue de danse qui était décousue à une manche. Certes, son rôle se résumait à de la figuration, mais cela lui permettait de gagner un peu d’argent supplémentaire, et aussi de se voir de temps en temps dans un film. Elle avait côtoyé quelques acteurs célèbres dont Henri Marini dans Altitude 1830, film primé au festival de Cannes. Que de chemin parcouru depuis son accident il y a quelques années, la semaine prochaine elle sera sur un autre tournage pour une autre figuration, ça n’arrêtait pas. Elle pensait à son mari qui l’avait quittée, à ses enfants qui ne lui parlaient plus, à ses amis qui finalement ne l’avaient pas soutenue, mais elle avait fait preuve d’une forte résilience et avait remonté la pente. Maintenant, même si la progression était lente, une nouvelle vie s’offrait à elle et elle comptait bien faire son chemin pour réaliser son rêve, devenir célèbre. Elle espérait toujours une occasion, une opportunité pour décrocher un petit rôle qui lui servirait de tremplin.
Quelqu’un s’était assis près d’elle. Elle leva les yeux et rencontra le regard de Bertrand, le réalisateur, bien calmé à présent.
- Maria, dit-il d’une voix douce, j’ai un problème, ma danseuse principale vient de se tordre sévèrement la cheville et a été emmenée à l’hôpital, pourriez-vous la remplacer ? Il faudra apprendre du texte...
-