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ytica
Ah qu’elles semblaient appétissantes ces gaufres, encore chaudes, toutes dorées et garnies de crème chantilly faite maison. Ursula les mangeait déjà des yeux tandis que sa grande sœur les répartissait sur le plat rond posé sur la table.
- Tiens, lui dit Rebecca en lui tendant une gaufre dans laquelle Ursula s’empressa de mordre. Elle était moelleuse à souhait et semblait faire envie à Jupiter, le chat, qui la regardait de ses beaux yeux d’un vert intense. Mais Ursula n’en avait que faire, ce n’était pas son chat mais celui de sa sœur. Donc un chat un peu spécial, forcément…
Plus tard, allongée dans un transat, sous les glycines odorantes, un livre à la main, Ursula commença à se sentir bizarre. Plus le temps passait, et plus le malaise grandissait, une sorte de nausée envahissante couplée à un mal de tête de plus en plus fort. Une pensée lui vint alors : les gaufres… elle en avait mangé cinq.
Plantée devant l’armoire à pharmacie, la jeune femme cherchait désespérément quelque chose contre le mal de tête. Mais rien, à part les potions de sa sœur pour lesquelles elle s’était fait défense d’y toucher. Cependant elle avait trop mal et la nausée ne faisait qu’empirer. Elle regarda les étiquettes et finalement un flacon rempli d’un liquide rose attira son attention : « céphalées » était-il inscrit bien lisiblement. Que faire ? Elle s’était toujours juré de ne pas utiliser les remèdes de sorcière de sa sœur, mais il n’y avait rien d’autre. Et elle ne pouvait pas rester comme ça. Tant pis, pour une fois..
Elle prit le flacon, le dévissa, regarda le liquide rose et en versa dans un petit gobelet en plastique posé sur l’étagère. C’était délicieux et sucré, elle s’en resservit une dose, puis une autre. Et encore une autre.
- Rebecca !!!
Sa sœur accourut et poussa un cri. - Mais que t’arrive-t-il ? Puis voyant le flacon ouvert, elle éclata de rire. Après avoir entendu sa gourmande de sœur, Rebecca lui expliqua qu’on doit toujours lire tout ce qui est marqué sur le flacon : « à n’absorber qu’après avoir lu attentivement la notice » laquelle notice indiquait qu’il ne faut prendre qu’une seule dose et surtout prononcer la formule magique afin d’éviter les effets secondaires. Certes la potion avait calmé nausée et céphalées, mais la chevelure d’Ursula était devenue toute rose ! Quelle injustice, pour une première utilisation de potion magique.
- Cela te va très bien, conclut Rebecca, approuvée par un « Miaou ! » de Jupiter.
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ytica
Pauline regardait tout autour d’elle. Au milieu de la grande pièce vide, elle semblait perdue. Plus rien qui lui rappelle quoi que ce soit.
La cuisine, les chambres, le séjour, le petit salon, tout avait été débarrassé, même la table en bois et les vieilles chaises de la grande terrasse avaient disparu, les pots de fleurs, les cadres, tout, absolument tout. Mamy Jeanne avait fait le vide avant de partir vivre aux USA il y a 14 ans déjà. Une lubie soudaine. Et depuis la maison était restée comme ça. Puis Mamy Jeanne était partie pour son dernier voyage, et Pauline se retrouvait héritière de la maison où elle avait passé de si bons moments avec sa grand-mère, qu’elle n’avait plus revue depuis, juste quelques conversations par téléphone, c’est tout.
- Nous allons monter voir le grenier ?
Pauline se retourna et acquiesça et, accompagnée de son amie Sandra, elles montèrent l’escalier qui se trouvait tout au bout du couloir. Un petit tour de clé, et la porte en bois s’ouvrit. Une fenêtre située sur la gauche permettait à la lumière d’entrer. Et là… tout était en place. Deux grandes armoires, des cartons, une malle qui devait avoir au moins 300 ans… Pauline se rappela alors toutes les fois où elle était montée se cacher dans ce grenier où elle aimait tant regarder tous ces objets bien rangés et poussiéreux. La vieille pendule était toujours là, la lampe à pétrole aussi, la commode aux tiroirs remplis des vieux vêtements de son grand-père, ses lunettes, son chapeau, et son vélo, oui son vélo noir était dans le grenier.
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Qu’est ce que tu vas faire de tout ça ?
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Je ne sais pas répondit Pauline en ouvrant le tiroir du milieu d’un petit meuble noir qui était habituellement dans le séjour. Et soudain elle poussa un cri de surprise.
Et soudain elle poussa un cri de surprise. Là se trouvaient son livre d’école pour apprendre à lire, un petit cahier où Mamy Jeanne lui faisait tracer les lettres de l’alphabet et des chiffres… Mais la surprise fut quand elle ouvrit les portes du meuble, elle poussa un cri de joie, tous les livres de contes de fées de sa grand-mère étaient là aussi, elles les avait tant lus et relus, Blanche Neige, les malheurs de Sophie, de beaux livres anciens, et surtout une poupée, sa poupée Annie, ainsi qu’un ours en peluche.
Les larmes aux yeux, au comble de la joie et de l’émotion, serrant la poupée dans ses bras, Pauline murmura : « merci grand-mère ».
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ytica
Une rose rouge à peine éclose tendait sa jolie tête vers le soleil matinal, toute heureuse d’être là dans ce petit jardin, entourée de ses sœurs aux couleurs chatoyantes. La douce chaleur bienfaisante qui caressait ses beaux pétales est un gage de croissance et elle la recueillait de toute son âme.
Tout autour d’elle, des choses inconnues se déplacent, dansent dans les rayons du soleil. Elle sent leurs frémissements lorsqu’elles passent tout près. Soudain l’une d’elles se pose sur une de ses feuilles, puis s’envole, s’éloigne, revient et atterrit sur ses pétales, se promène un peu, fait vibrer ses longues ailes irisées et s’immobilise. Curieuse rencontre… sa première visite. Bien campée sur ses pattes, la jolie libellule se laisse bercer par le balancement de la fleur que le vent fait bouger doucement. Puis elle se met en quête d’un peu de nourriture. Une fourmi, quelques pucerons, voilà une visiteuse utile bien appréciée. Dans le grand amandier en contrebas un rossignol commence à chanter, douce musique de la nature qui s’éveille tandis que des fils de soie flottent dans les rayons du soleil. Les moustaches au vent, Coco le chat, assis sur les marches en pierre qui montent vers la maison, est occupé à faire sa toilette.
Je me suis souvent demandé si les animaux ressentent quelque chose devant la beauté de la nature, un joli paysage, une ambiance. Quoi qu’il en soit, cet endroit et ce moment de bonheur tout simple restent à jamais gravés dans ma mémoire.
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ytica
Ehpads privés de luxe ou ehpad publics, ce sont des mouroirs, payer jusqu'à 8.000 euros mensuels dans les ehpads pour personnes aisées pour se voir compter le nombre de biscottes et manger des soupes avec 3 vermicelles dedans, pas de produits frais, c'est la honte de notre monde moderne. Le ministre a dit qu'il va imposer un nombre minimum d'employés dans ces établissements, mais il est temps de se pencher sur leur financement, on verse des sommes folles à des actionnaires et on traite les pensionnaires comme des objets sans âme, comment reprocher à des soignants de faire mal leur travail alors qu'ils sont débordés et ont ordre de ne consacrer qu'un certain nombre de minutes aux pensionnaires, enfin bref tout est compté pour dépenser le moins possible.
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ytica
Souvent, lorsque la vie de tous les jours devient trop difficile et angoissante, que je n'arrive plus à assumer cette agitation qui nous mine et nous stresse, j’aime à m’évader de ce monde triste et bruyant dans lequel nous vivons, quitter le sol pour m’élever au-dessus de la masse mouvante qui m’enveloppe et me tient prisonnière ici bas. Pas la peine pour cela d’être un oiseau et de prendre son envol. Du haut de mon balcon, il me suffit de lever mon regard vers les cieux et de plonger vers cet infini à la fois effrayant et envoûtant qui se révèle dès que l’astre solaire a disparu à l'horizon et que ses derniers rayons se sont évanouis pour laisser la place à un monde profond peuplé d’étoiles. Alors, petit à petit, mes yeux s’habituent à cette obscurité étrange et voilà que surgissent des milliers de points multicolores, d’astres mystérieux, tous ces univers lointains qui, de tous temps, ont intrigué les savants, passionné les enfants et inspiré les poètes. Sur leur feuille blanche, ils ont couché les plus belles poésies qui de nos jours encore nous émeuvent jusqu’au plus profond de nos coeurs.
Je propose à @Carl_Jung d'écrire le prochain texte avec les mots : forêt et porte
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ytica
Les histoires d'amour tristes m'inspirent encore ce soir. Voici donc "musique nocturne"
La nuit était tombée. Par la fenêtre ouverte elle pouvait entendre le bruit de la mer tout en bas, et le chant des insectes nocturnes dans les buissons. Elle avait éteint la lumière, et seul l’écran de l’ordinateur distillait un peu de clarté dans la pièce. Dans sa tête résonnait encore la petite musique de nuit de Mozart qu’elle avait entendu en début de soirée lors d’un concert télévisé diffusé en direct.
A présent, seule devant son ordinateur, ses doigts effleuraient les touches du clavier, mais les mots ne venaient pas. Ils étaient là, tout au fond de son coeur, dans les larmes qui coulaient sur ses joues, dans les soupirs qui sortaient de sa bouche, dans la tristesse qui l’entourait tel un voile invisible flottant au vent.
L’aventure était finie. Elle lisait et relisait ce mail qui s’affichait sur l’écran depuis une demi-heure, avec juste ces quelques mots : « pardonne-moi, reste ».
Elle savait qu’il était là, qu’il attendait. Mais comment pardonner ? Elle se sentait perdue, détruite, elle avait été trompée, et le monde s’était soudain écroulé tout autour d’elle. Son coeur s’était brisé en mille morceaux que rien ne pourrait recoller. L’amour ? c’était juste un mot, c’était fini.
De longues minutes s’écoulèrent.
« Je t’aime » , écrivit-elle...
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ytica
-Maguinou, j'ai une surprise pour toi ! dit Harold en tendant une enveloppe à la jeune fille qui venait d'entrer. Ma princesse, nous partons pour l'Egypte la semaine prochaine, je t'offre ce voyage pour tes 20 ans et ta réussite scolaire. Je suis très fier de toi. Voici ton billet d'avion et le plan de notre voyage ajouta-t-il en lui donnant trois feuillets agrafés ensemble qu'il avait pris soin de copier pour elle.
Un semaine après, Harold, passionné d'Egypte, et sa petite-fille Magdeleine, avaient débarqué dans ce beau pays. Après un petit déjeuner copieux à l'hôtel et une douche, les voilà en route pour la vallée des Pharaons. Et là, c'est la déception : partout des touristes, plein de monde, de bruit, avec des chameliers qui interpellent pour proposer un tour de chameau, sans parler des souvenirs made in China. Ce n'est pas vraiment comme ça qu'elle avait imaginé cet endroit.. Ils s'engagèrent dans un long couloir naturel bordé de part et d'autre par de hautes falaises roses... Harold se pencha vers sa petite fille :
-Je vais te faire une suggestion, dit-il, dès que nous aurons vu les 10 pharaons, nous irons dans un endroit où nous serons plus tranquilles pour observer ces merveilles.
Magdeleine acquiesça et reprit le chemin qui menait au fameux temple, toujours parmi la foule de touristes. Mais, alors qu'il allaient déboucher sur la vallée, une sorte de flou masqua un moment les lieux. Rapidement tout redevint normal, mais quelque chose semblait s'être passé car elle se rendit compte qu'il n'y avait plus personne autour d'elle. Elle tenta de joindre Harold sur son téléphone, sans succès...
Elle n'était pas du genre à avoir peur, et décida d'attendre. Un vent léger se mit à souffler, soulevant un tourbillon de poussière juste devant elle. En même temps il lui sembla entendre des voix, des chants, et un bruit de tambours qui se rapprochaient petit à petit. Bientôt, elle aperçut une sorte de procession qui avançait dans le couloir. Un homme, vêtu comme le serait un chef, marchait devant. Il portait une couronne d'or surmontée d'une tête de serpent et tenait à la main un sceptre portant en son sommet une étoile taillée dans un diamant. Il passa devant elle sans la regarder, comme s'il ne la voyait pas.
Le cortège avançait toujours, marchant au rythme des tambours, puis apparurent deux boeufs trapus avec longues cornes au bout relevé, tirant un char orné de tissus d'un bleu profond, sur lequel se trouvait une sorte de sarcophage. Incrédule, Magdeleine regardait cet étrange rituel qui semblait venir de très loin dans le temps.
Puis, comme dans un film, il se produisit une sorte de fondu enchaîné, et Magdeleine se retrouva au milieu des touristes. Une frontière, qu'elle avait franchie sans qu'elle s'en rende compte, venait à nouveau de se refermer. Elle se leva et avança comme dans un rêve. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle réalisa alors qu'elle avait sans doute vécu quelque chose d'extraordinaire. Elle cherchait du regard son grand-père, et l'aperçut enfin qui venait vers elle. Il semblait très inquiet.
-Mais où étais-tu passée ma chérie ? lui demanda-t-il, je te cherchais partout.
-Ah grand-père, il faut absolument que je te raconte !!!
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ytica
Transmission
Ce n'est pas possible, cela ne peut pas continuer comme ça...
Elle tourna son regard vers la fenêtre, mais la lumière du soleil l'obligea à fermer un instant les yeux. Elle rouvrit une paupière, puis l'autre, et regarda le morceau de ciel bleu qui emplissait l'encadrement. Cela faisait des mois qu'elle était clouée ainsi au lit, enfermée dans cette chambre d'où elle pouvait entendre tous les bruits de l'extérieur, le vent dans les branches des arbres, des enfants qui rient, le cri d'un rapace en quête de nourriture, mais ses jambes ne la portaient plus depuis la chute qu'elle avait fait dans les escaliers qui mènent au jardin. Depuis ce jour, son univers se résumait à cette chambre.
Malgré les soins, il n'y avait aucun résultat, aucune amélioration. Elle était devenue une pauvre créature dépendante des autres. Sa soeur s'occupait d'elle avec dévouement et amour, mais plus le temps passait, et plus la vie dans cet espace clos lui devenait insupportable. Alors elle écrivait sur son journal intime. Ses longues journées étendue sur ce lit de souffrance se ressemblaient toutes.
Elle poussa un soupir et ferma les yeux. Elle essaya de dormir mais, n'y parvenant pas, elle prit son cahier et commença à écrire, d'une écriture ronde et régulière, ce qui lui passait par la tête. Les phrases s'enchaînaient sur la page avec facilité et son esprit se détendait, cet exercice d'écriture était pour elle un moyen de s'évader par la pensée. Une sensation de plénitude l'envahit, auquel elle s'abandonna. Le stylo glissa de ses doigts sans qu'elle s'en aperçut et elle ressentit comme une sorte de crispation de tout son corps. Cela dura juste une seconde, et soudain elle se sentit soulevée, emportée, comme libérée, flottant dans les airs et se déplaçant avec facilité. Etonnée, elle vit son lit, en-dessous d'elle, et elle se vit, allongée dessus, ses longs cheveux étalés autour de sa tête. Elle se rendit compte alors qu'elle pouvait bouger, se diriger, mais elle n'avait pas de corps, c'était à la fois étrange et tellement réel, et elle ne ressentait aucune peur malgré l'étrangeté de la situation. Sans difficulté, presque malgré elle, elle passa le mur et se retrouva dans la pièce à côté, puis dans la partie de la maison du rez-de-chaussée. Tout ceci lui semblait naturel, et aussi très agréable, elle pouvait décider d'aller ici ou là, elle était comme une pensée qui se déplace et qui ne connaît pas de barrières, pas de limites. La voici à présent dehors, juste au moment où sa soeur revenait de sa réunion du conseil municipal et entrait dans la maison.
Vite, revenir malgré elle très vite dans la chambre, et puis un choc, un peu rude, et la revoilà dans le lit, avec un bref moment de confusion qui disparut très vite. Le bruit des pas de sa soeur qui monte les escaliers en bois, la porte de la chambre qui s'ouvre, et cette sensation qu'elle venait de vivre quelque chose d'incroyable, qui se répéta de nombreuses fois.
Son secret, seul son journal intime, ce gentil et fidèle ami, en eut connaissance. Puis, un jour, bien des années plus tard, un jeune fille tomba par hasard sur ce cahier enfoui dans un tiroir. Tout seul, il s'ouvrit à une page bien précise, où ne se trouvaient que quelques lignes. Dès qu'elle les lut , elle se sentit soulevée, emportée, comme libérée, flottant dans les airs et se déplaçant avec facilité...
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ytica
Cela fait un bon moment que je marche, je marche, et que je marche encore dans cette ville en direction du casino The Link, car c'est là que je dois me rendre. C'est un nouveau bâtiment, auquel est couplé également un théâtre, le TAG, Théâtre Albert Granna, du nom d'un comédien célèbre, car la ville n'en possédait pas non plus jusqu'à présent. J'ai vu qu'ils jouaient la pièce d'Alfred Jarry, "Ubu roi". J'irai peut-être la voir un de ces jours.
J'ai quitté mon petit pavillon ce matin à 9 heures avec Dada, et depuis nous marchons tous deux, mais il fait beau et l'endroit est agréable, surtout le bord de mer avec ses pins parasols et ses longues plages de sable.
Après un bon moment, je décide de m'asseoir à la terrasse d'un café pour commander une boisson fraîche car il commence à faire chaud. Mon chien, qui porte le nom de Dalmatian, dit Dada, reste debout à mes côtés. Il faut que je vous dise que ce chien est assez spécial, en effet il ne me quitte jamais d'une semelle et me suit partout, un vrai pot de colle. Le mois dernier je l'ai cherché partout pendant des heures et je l'ai enfin trouvé enfermé dans le placard du garage. Il avait certainement bugué, cela lui arrive parfois.
Il est maintenant 10 heures du matin ; je me remets en route, toujours en direction de mon objectif. J'en profite pour apprécier cette jolie ville que je ne connais pas bien encore car je n'y habite que depuis un mois, et elle est constamment en construction. Le Palais des Congrès notamment est splendide avec sa forme très futuriste et ses magnifiques jardins aux arbres impeccablement taillés. Une très belle réalisation.
Finalement, comme le temps passe et que je dois être sur place avant 12 heures, je monte dans un bus car j'ai vu qu'il y a un arrêt juste devant le casino. Cela me permettra de ne pas être en retard, quoi que, en réalité, cette notion soit absente de mon esprit.
Enfin, après une longue traversée d'ouest en est, le voici enfin, ce fameux Casino, en périphérie de la ville, près du centre de tri. C'est un endroit très agréable entouré de verdure, et à proximité d'une station de monorail. Il est fort probable que je le prendrai pour rentrer.
Finalement, je pénètre dans le Casino qui se trouve à gauche du bâtiment commun avec le théâtre. C'est là que tout s'arrête, car le programme Sébastien Dégremont est arrivé à destination. Sauvegarde, retour au bureau, je cesse momentanément d'exister jusqu'au prochain lancement du jeu.
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ytica
Elle avait refermé son livre qu’elle avait posé sur la petite table, juste à côté du vase de fleurs. Elle s’approcha un peu de la fenêtre et regarda au loin, le petit chemin qui s’engouffrait parmi les arbres et sur lequel elle aimait tant courir lorsqu’elle était enfant. Elle ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder, les images défilant dans sa tête comme un film. Elle resta ainsi un petit moment, légèrement assoupie.
Soudain quelque chose la sortit de sa torpeur, une légère chatouille sur le dessus de sa main, comme quelque chose qui se déplaçait sur sa peau. Elle regarda et vit un sublime papillon aux ailes multicolores qu’il ouvrait et refermait tout en marchant. C’était assez inattendu et elle sourit en pensant à tous ceux qu’elle avait pourchassés autrefois dans la campagne, lorsqu’elle partait à l’aventure, courant parmi les fleurs avec son chien dont elle avait oublié le nom.
Elle oubliait beaucoup de choses depuis quelques temps, la semaine dernière elle avait été incapable de se rappeler qui était ce beau jeune homme qui était venu la voir. « Je suis Darius, ton petit fils, mamie » lui avait-il dit. Comment avait-elle pu ainsi ne pas le reconnaître ? Pourtant elle se rappelait des tas de souvenirs de son passé, mais elle avait des difficultés avec le présent. En soupirant, elle se demanda ce qu’il en serait dans l’avenir. Oh, elle n’était pas sénile, elle ne voulait pas l’être, pas encore… mais ce mot, Alzheimer, elle l’avait entendu chuchoter, l’autre jour, et elle savait bien ce qu’il voulait dire.
D’un geste lent, elle ramena en arrière une mèche de cheveux blancs que le souffle du vent faisait voleter devant ses yeux. Elle rapprocha encore un peu son fauteuil roulant près de la fenêtre, en faisant attention de ne pas effrayer le papillon qui était toujours là, sur sa main. Doucement, elle leva le bras et posa la main sur le rebord. Le papillon ouvrit et referma une fois encore les ailes, fit quelques pas chatouilleurs sur sa peau, s’arrêta un moment comme s’il prenait son essor, puis s’envola silencieusement.
Elle le regarda partir et, posant la main sur sa bouche, lui envoya un baiser.
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Quand les jeunes mécaniciens vous demandent comment vous faisiez les réglages avant les ordinateurs portables, montrez-leur ceci !
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Elle avait peur. Pas cette peur qu’on a comme ça, peur de l’obscurité, peur de l’orage, non, c’était une peur qui la prenait au ventre, qui la clouait pratiquement sur place. Mais que se passait-il donc ?
Elle fit quelques pas, et glissa un regard par la porte entrouverte. Rien. Elle passa la tête et regarda à gauche et à droite, toujours rien. Prudemment, elle sortit sur le seuil et referma la porte. Le vent frais du matin la fit frissonner. Elle fit quelques pas sur le trottoir, traînant son bagage à roulettes derrière elle, et se dirigea vers l’arrêt de bus, en prenant bien soin d’éviter la plaque d’égout qui se trouvait à mi-chemin.
Ca y est, c’était le grand départ, direction l’aéroport puis la Corse, où elle retrouvait comme chaque été sa famille dans leur petite maison de village. Ce soir, elle pourrait serrer ses parents dans ses bras, manger les bons fiadones de sa tante, et dormir dans sa chambre aux rideaux de dentelles.
Petit à petit la peur s’estompait, mais elle continuait toutefois à regarder tout autour d’elle, l’oeil aux aguets, tendant l’oreille au moindre bruit suspect, se retournant tous les 3 ou 4 pas… Arrivée à l’arrêt de bus, elle continua son étrange manège, comme quelqu'un en danger, attirant les regards des autres personnes qui attendaient le 24. Soudain, elle poussa un cri ! Les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, elle fixait un point sur le trottoir d’en face.
- Vite appelez la police ! Un flic, vite !!!
Complètement paralysée par la peur, Marithé ne bougeait plus. Apparemment la jeune femme avait vu quelque chose qui l’avait effrayée. Les passants regardaient la scène, essayant de deviner ce qui se passait.
Elle reprit ses esprits quelques longues minutes plus tard, assise sur le siège de l’arrêt. Un jeune pompier lui tenait la main, un autre prenait sa tension, un troisième téléphonait près de la voiture rouge.
- Ca va, madame ? lui demanda-t-il. Est-ce que vous souffrez d’une maladie ? Vous avez eu un malaise.
- Non... enfin oui… mais ça va aller. Est ce qu’il est parti ?
- Parti ? Qui ça ?
- Le canard
- Quel canard ? Il n’y a pas de canard, nous sommes en plein quartier d’habitations.
- Mais je l’ai vu… Là en face ! dit-elle en montrant du doigt… un morceau de papier blanc et vert que le vent agitait.
-Encore un cas d’anatidaephobie, soupira l’un des pompiers.
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Cette salle d’exposition était un véritable labyrinthe. Couloirs, escaliers, ascenseurs, salons se succédaient et s’enchaînaient, si bien que seuls ceux qui y travaillaient arrivaient à y circuler sans problème. Les employés et livreurs, tous munis de badges et cartes d’identification électronique, avaient travaillé une bonne partie de la nuit pour installer les différents objets qui seraient présentés dès le lendemain aux visiteurs. Parmi les nombreuses personnes affairées à ce travail, qui se serait intéressé à cette jeune femme à l’allure quelconque. Son but : une substitution discrète...
Le vol du siècle ! Titraient tous les médias. Une coupe de champagne à la main, Sylvana se délectait à la fois de son breuvage et de ce déversement médiatique incessant. Mais que se passait-il donc ?
Sur le grand écran plat du salon, une magnifique image de diamant s’affichait, une pierre de couleur bleue dont les facettes reflétaient les différences de tons, jouant avec la lumière.
-Respect madame, c’est votre plus beau coup.
-Merci Antoine, répondit la jeune femme, confortablement installée dans un fauteuil blanc. Mais je dirais plutôt « le vol du millénaire ».Elle se leva et fit quelques pas dans la pièce. D’une démarche féline, elle s’approcha d’une table, sur laquelle un magnifique diamant bleu était posé sur un présentoir en verre, à côté d’un escarpin rouge comme signature du forfait. Et cette signature était bien connue. « The Amazing Thing », tel était son nom, était le plus gros diamant taillé du monde. Et chacun se posait la question de savoir comment ce vol par substitution avait pu avoir lieu dans cette célèbre galerie parisienne hyper sécurisée où il était exposé.
Antoine appuya sur une touche de son ordinateur, et un message partit vers les rédactions des différents médias. La photo du diamant et de l’escarpin rouge fut bientôt sur toutes les chaînes de télévision. Plus personne à présent ne pouvait douter que cette pierre unique avait été volée car la revendication était bien explicite. Et le nom de Sylvana ainsi que sa photo furent rapidement et amplement diffusés. C’était une belle femme aux cheveux d’un roux flamboyant, installée dans un fauteuil d’un blanc immaculé, et dont la séduction ne laissait personne indifférent. En cette époque perturbée, où la vie était triste et sans beaucoup d’avenir, ce vol sensationnel déchaînait les passions.
Sylvana prit le lourd diamant dans ses mains. Elle le caressa, admira un moment le jeu des reflets sur ses nombreuses facettes, puis le mit dans une petite mallette qu’elle confia à Antoine, son fidèle valet.
Nous n’avons plus rien à faire ici, allons y !
Ils quittèrent la maison, emportant le diamant, l’escarpin rouge et une perruque… de cheveux roux.