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ytica
Assise sur une petite "balançoire" fixée à la plus grosse branche d'un énorme platane, elle se balançait doucement dans les rayons du soleil matinal où dansaient des millions de grains de poussière. Des papillons voletaient de ci ce là, cherchant des fleurs toutes fraiches écloses pour se nourrir. Un chardonneret gazouillait, posé sur le muret qui entourait la maison d'en face. Au loin un coq chantait, réveillant ceux qui s'attardaient encore dans leur lit. Juste à côté, dans cette belle maison aux persiennes grises, on pouvait entendre une radio distiller de la musique, et on devinait la mère vaquant aux occupations matinales. Un chat s'étirait sur le rebord de la fenêtre de la cuisine. Et moi je la regardais se balancer, n'osant pas m'approcher pour lui parler, timidité de petit garçon et premiers émois amoureux. Nous avions 8 ans tous les deux, et aujourd'hui encore je pense à elle, elle ne venait que l'"été" pour les vacances, et ça reste mon plus beau souvenir.
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ytica
Quelques définitions
Chandail : Jardin plein de gousses
Saint Ignace : Fête des cheveux
Syntaxe : Fête des impôts
Fêtard : Il faut rentrer se coucher
Mercato : Maman pratiquante
La moustache : Le ketchup aussi
Patois Nîmois : Mais c'est qui alors ?
Groupe sanguin : Les perdants du Loto
Pomme dauphine : Pomme de terre arrivée deuxième à Miss Patate
Un skieur alpin : Le boulanger aussi
Considéré : Tellement il est con, il n'en revient pas lui-même
Portail : Cochon Thaïlandais
Gabon : Mec vraiment trop sympa
Liban : Canapé clic-clac
La maîtresse d'école : L'institutrice prend l'avion
Les ciseaux à bois : Les chiens aussi
Les tôles ondulées : Les vaches aussi
La camisole : La drogue rend solitaire
Aventurier : Maintenant tu ne ris plus
Un enfoiré : Une année de perdue
Le mascara : Déguisement pour rongeurs
Chauffeur de corbillard : Pilote décès
Téquila : Interpellation d'un inconnu chez soi
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ytica
Il avait pris soin de bien fermer la porte. Doucement, sans faire aucun bruit. Dehors, il faisait toujours nuit. Il ne prit pas l’ascenseur et descendit les escaliers jusqu’au rez-de-chaussée.
« Mission accomplie » se dit-il sans aucun état d’âme.
Il sortit dans la rue déserte et partit sur la gauche d’un pas pressé, puis bifurca dans une ruelle mal éclairée qui débouchait sur une petite place. Là, il alla s’asseoir sur un banc mouillé, car il avait plu. Mais peu lui importait. Il resta là un bon moment à écouter le bruit de l’eau que déversait une petite fontaine mal entretenue.
La pression était retombée, son coeur s’était calmé, sa respiration s’était apaisée.
Il sortit un petit carnet de sa poche arrière, l’ouvrit à la page 19, et commença à faire des croix devant une série de lignes tracées d’une écriture méticuleuse. Puis il le referma et le glissa à nouveau dans sa poche. Il fouilla ensuite dans une autre poche à la recherche d’un peu d’argent, car il n’avait rien mangé depuis ce matin. Il ne mangeait d’ailleurs jamais lorsqu’il était en « mission ». Restait à trouver un magasin ouvert où acheter quelque chose à se mettre sous la dent.
Il se leva, traversa la place et avisa une supérette ouverte de nuit. Lorsqu’il en ressortit, le marchand se posa de nombreuses questions sur cet inconnu taciturne qui lui avait acheté deux sandwichs.
Il retourna sur la place et mangea ses deux sandwichs. Dans sa tête défilait tout le scenario des heures écoulées, et un sentiment de puissance, de domination, lui traversa le corps tout entier. Ce sentiment qui lui procurait ce que la vie ne lui offrait pas. Demain, il repartirait au travail, et n’oublierait pas d’acheter le journal . Il savait d’avance qu’on y parlerait de lui. On en parlerait aussi à la télévision, et il imaginait les titres, se demandait comment on décrirait la scène, mais une chose est sure, on saurait que c’est lui.
Il resta sur la place encore un bon moment, puis repartit dans les premières lueurs de l’aube, monta dans un bus et disparut.
Quelque part dans la ville, au 5ème et dernier étage sous les toits d’un vieil immeuble parisien, des policiers et des journalistes s’affairaient dans un petit appartement. Au fond, dans une chambre, on pouvait apercevoir un corps de femme attaché sur un lit, nu, horriblement torturé...
Les journaux étaient déjà en vente dans les kiosques. Les titres disaient à peu près tous la même chose : « le tueur à la croix a encore frappé »... -
ytica
Au tout début, il n’y avait que des ténèbres, et un bruit assourdissant perdu dans l’immensité de l’espace. Le temps s’écoulait par centaines de milllions d’années tel un ruban infini dans le noir incandescent du feu tourbillonnant et de la matière en fusion.
Tout s’amalgamait et se défaisait, se reformait et se déformait. Un désordre qui petit à petit commençait à s’organiser en annaux, en immenses globes de magma et de glace, en explosions et en collisions. Enfin, un beau jour, tout fut prêt à fonctionner.
- Aaaaahh enfin ! Mais que c’est long, nom de D… euh, nom d’une sardine en boite…
La voix était forte, tonitruante dans le silence des lieux. Le vieillard qui l’avait prononcée semblait sortir d’un ennui profond. Assis sur un siège invisible posé au milieu de nulle part, il caressait sa longue barbe grise, plongé dans une profonde réflexion.
- Bon, où sont-ils donc ces deux nouvaux employés ? Ils devaient être là ce matin pour visiter le terrain, et je ne vois personne. Allons donc voir ça de plus près.
Et hop, une impulsion mentale, et nous voilà sur Terre.
L’endroit était magnifique : une jungle épaisse avec des feuillages luxuriants, des cris d’oiseaux, des hurlements de singes, des fleurs multcolores, des lianes courant d’arbre en arbre. Dans la clarté du soleil matinal, deux personnes arrivèrent, un homme et une femme, complètement nus.
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Toi, dit le vieillard en s’adressant à l’homme, comment t’appelles-tu ?
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Che m’appelle Arthur et che suis un garçon
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Et moi ze m’appelle Fleur, et ze suis une fille
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Ah mince qu’est ce qui a merd… euh qui ne va pas ? Se demanda le vieillard. La fille semble zézayer, quant au garçon, c’est le contraire il appuie trop sur le J.
La question attendait une réponse… Le temps passait, passait, les deux « employés » s’étaient endormis, et le vieillard cherchait toujours le moyen d’arranger ce défaut de prononciation. A court d’idées, il leur offrit chacun un crayon, bleu pour le garçon, rose pour la fille, c’est tout ce qu’il avait sous la main.
- Entrainez vous à parler avec ce crayon entre les dents jusqu’à prononcer un J parfait. Je reviendrai pour vérifier vos progrès… Et le vieillard disparut. Depuis, personne ne l’a revu.
Arthur et Fleur se regardèrent et éclatèrent de rire.
- Je te l’avais bien dit ma petite Fleurette, tu vois il nous a crus et il est parti sans nous faire signer l’état des lieux. Maintenant, cette planète nous appartient. Tiens, voici ta feuille de vigne, allons nous installer !
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ytica
Sa tasse d’expresso posée sur la table en bois, Madeleine feuilletait un vieil album de photos dont certaines très anciennes étaient presque estompées. Son regard s’était arrêté sur l’une d’entre elles que son doigt caressait doucement en formant des ronds. Sa pensée était comme arrêtée sur cette photo qui représentait une jeune femme assise sur un muret au bord de la route. A côté d’elle, une dizaine de moutons à la recherche de quelques brins d’herbe. Sous la photo, un prénom, presque indentique au sien, écrit à l’encre noire : Madeline. Et quelques mots d’une écriture différente rajoutés juste en dessous : assassinée par… le nom avait été effacé.
Un homme entra dans la pièce, et la jeune femme referma l’album.
- Encore cette photo ? Dit-il d’une voix amusée
La jeune femme ne répondit pas. Elle laissa son cousin dans le salon et sortit de la maison. Dehors le soleil brillait de mille feux. Elle fit quelques pas sur la route et aperçut un coquelicot parmi les herbes. Elle faillit se piquer à une ronce en voulant le toucher et renonça à le prendre.
Elle partit en direction du village, arriva devant l’église, puis continua. Elle ne venait jamais promener de ce côté mais inconsciemment quelque chose la poussait à s’y rendre. Elle passa devant la descente qui menait à la fontaine miraculeuse. Elle y était allée une fois lorsqu’elle était enfant et des images lui revinrent en mémoire, mais elle poursuivit son chemin.
Comme elle s’éloignait du village, dont on apercevait toujours la tour tout en haut, l’air se rafraîchit soudain et le ciel s’assombrit. Arrivée à un tournant, elle se rendit compte qu’elle se trouvait exactement à l’endroit où la jeune bergère avait été photographiée. Le muret avait été refait depuis, mais c’était bien à cet endroit qu’elle était assise. Il faisait vraiment froid à présent alors qu’on était en plein mois d’Août, et elle entendit un grondement de tonnerre. Madeleine décida de faire demi-tour car l’orage menaçait, et c’est alors qu’elle vit un coquelicot d’un rouge intense comme du sang qui avait poussé près du muret, à l’endroit où s’était trouvée la jeune fille de la photo. Elle se pencha et le cueillit. A ce moment-là, une voix murmura : « merci ».
Rêve ? Réalité ? Vision ? Madeleine ouvrit la main, et le vent dispersa les pétales de la fleur. Qui avait été son guide pour la mener jusqu’ici ? Elle ne le saura jamais, mais elle se sentit soudain sereine, comme délivrée d’un poids, d’une charge qui la hantait depuis des années, depuis qu’elle avait découvert la photo de cette inconnue dans cet album. Plus tard dans la soirée, lorsqu’elle le rouvrit, la photo avait disparu...
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ytica
Le ciel était couvert. Au loin on entendait le bruit de la bataille que se livraient les soldats depuis des jours. Terrée dans une cabane de bergers, Lila porta la main sur son corsage et en sortit une enveloppe toute froissée. Elle la regarda quelques instants, relut le nom et l'adresse qui y figuraient et qui étaient les siens. Puis, lentement, elle prit la lettre qui était à l'intérieur et qu'elle déplia soigneusement. Elle relut le texte qu'elle connaissait par coeur.
Elle ouvrit un tiroir du petit meuble qui se trouvait à côté de son lit et prit une feuille de papier et un crayon, car c'était tout ce qu'elle avait sous la main. Oh, ce n'étaient pas un échange épistolaire entre philosophes, mais des lettres d'amour qu'ils s'envoyaient, ces deux-là, comme tant d'autres en ces moments terribles. Ce n'était pas une simple amourette, ils s'aimaient sincèrement et tendrement. Elle s'apprêtait à écrire lorsqu'un homme en tenue militaire entra en trombe dans la petite maison. D'un geste il lui fit signe de ne pas parler. Il s'approcha d'elle et lui dit juste ces mots :
- La paix vient d'être signée, mais "les autres" ne veulent rien savoir. Nous devons agir pour les neutraliser et en finir, ça va être dur, ne bouge pas d'ici.
En effet, l'ennemi était redoutable et déterminé. Les soldats étaient fatigués, épuisés, mais ils tenaient bon. Aucun bataillon n'avait pu passer les lignes pour leur permettre au moins de se reposer en remplaçant les hommes à bout de force. Le bruit se rapprochait. Dans les tranchées, la confusion était totale, mais pourtant les choses s'arrangeaient, car l'ennemi semblait à court de munitions. Le ciel commençait à se découvrir.
A la faible lueur d'une lampe à pétrole, elle prit son crayon et commença à rédiger sa lettre, d'abord la date, puis ces mots : "Charles, mon amour adoré, je...
Lorsque l'homme revint à la cabane, accompagné de deux autres soldats, ils virent la jeune femme allongée sur le lit, ses doigts tenant le crayon, la lettre tombée au sol. Ses yeux étaient clos, comme si elle dormait, mais on apercevait une petite tache rouge sur sa sa robe blanche et rose, juste à l'endroit où elle gardait la lettre de son amoureux, sur son coeur. Un fin rayon de lumière filtrant par un petit trou dans le volet, juste en face, s'y était posé. C'est par ce petit trou qu'avait pénétré la dernière balle du combat...
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ytica
Rencontres
Elle s’était assise sur un banc, sous un grand platane. Sa canne posée à côté d’elle, elle regardait les papillons et les abeilles butiner les fleurs multicolores qui se trouvaient juste en face d’elle. Loin de l’effervescence de la ville, c’était son parc, son lieu de quiétude où elle venait s’asseoir tous les jours avec son petit chien qui ne la quittait jamais.
Depuis le décès de son époux, il y a 6 ans, elle vivait dans la solitude. Les jours qui s’écoulaient se ressemblaient tous, monotones et ordinaires.
Elle prit un livre dans son sac et, après avoir mis ses lunettes, elle chercha son marque page et se plongea dans sa lecture.
Et puis il était venu s’asseoir près d’elle...
- Je ne vous dérange pas ? Avait-il demandé poliment en posant sa casquette sur ses genoux. Elle avait répondu tout aussi poliment : -non je vous en prie.
Puis la conversation s’était engagée. Elle ne l’avait jamais vu dans le parc auparavant. Il était très élégant et avait un léger accent parisien. En tandis qu’elle l’écoutait, son esprit vagabondait en l’écoutant parler de sa jeunesse. Ah, le pouvoir des mots, cette magie qui vous fait voyager rien qu’à l’évocation d’un lieu, d’un pays, d’une fête d’anniversaire passée, toutes ces choses que l’on croit parties en fumée mais qui revivent dès qu’on les évoque.
Elle l’avait écouté raconter sa vie pendant une heure, sans oublier un seul détail, puis il s’excusa de l’avoir dérangée avec ses souvenirs, remit sa casquette sur la tête, la salua et s’éloigna. De nouveau, elle se retrouva seule avec son livre et son chien qui dormait à ses pieds. Cette rencontre imprévue lui avait un moment fait oublier son âge, et elle s’était sentie comme la jeune femme qu’elle était autrefois. Il s’appelait Bernard, et avait su troubler son coeur après toutes ces années.
- A bientôt ma chère Elise, lui avait-il dit en partant.
Alors qu’elle reprenait sa lecture, elle sentit une présence près d’elle. Elle leva les yeux et aperçut un petit blondinet qui devait avoir 6 ou 7 ans, une fleur jaune à la main.
- Tiens madame, c’est pour toi, lui dit-il en lui tendant la fleur.
Elle la prit et la mit délicatement dans les pages de son livre sous le regard heureux du gamin.
- Eh bien, c’est ma journée de drague, dit-elle en souriant.
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ytica
Rendez-vous amoureux 1892
Franchesca ouvrit la fenêtre pour voir d’où venait cette musique. Elle se pencha et aperçut André, son amoureux, devant l’entrée de sa maison avec deux amis. Aussitôt elle mit son foulard noir sur la tête, descendit les escaliers le coeur battant, et sortit sur le perron. Dès qu’il l’aperçut, André commença à chanter en corse tandis que ses deux amis l’accompagnaient à la guitare.
Elle resta là, debout, écoutant cette sérénade, une tradition de l’île, un cri d’amour d’un homme pour la fille qu’il aime. Les paroles étaient belles et elle était toute émue. Les villageois qui passaient dans la ruelle s’arrêtaient devant la maison pour regarder et écouter, amusés par le spectacle.
Puis la sérénade prit fin et les trois hommes partirent après avoir salué Franchesca.
Un peu plus tard dans la matinée la jeune femme se rendit au village et entra dans l’église, un magnifique bâtiment situé au centre d’un groupe de maisons. La religion était une valeur à laquelle tous les corses étaient très attachés, ainsi que la générosité envers son prochain. Elle fouilla dans une poche de sa robe et en sortit quelques pièces qu’elle mit dans un tronc, sous la statue de la Vierge, en priant pour que cette bonne action lui apporte la réponse à ses souhaits. Puis elle alluma un cierge pour son père, pêcheur disparu en mer trois ans auparavant. Sa barque était partie à la dérive, emportée par les vagues, on ne l’avait jamais retrouvé.
Mais la vision de son fiancé occupait son esprit. Toujours dans sa poche, elle prit un petit papier blanc froissé qu’elle lut une nouvelle fois : « retrouve moi tout à l’heure près du banc derrière l’église ». Elle hâta le pas. Il était là, assis sur le banc en pierre. Elle s’assit près de lui, il la prit dans ses bras, et ils échangèrent un long baiser sous le regard indiscret des cigales.
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ytica
Inès s’était arrêtée en chemin. Voiture garée en urgence, elle avait couru vers une petite chose couleur roux et blanc qui se trouvait près d’un petit sanctuaire situé en bordure de route.
Elle le prit dans ses bras. C’était un petit chaton. Ses pattes étaient attachées avec de l’adhésif très résistant. Soulagement quand elle vit qu’il n’était pas blessé et encore en vie. Mais dans quel état… Heureusement on était lundi et elle trouva rapidement un vétérinaire qui accepta de la recevoir. Le chaton enfin pris en main par la jeune femme, couché sur une serviette, perfusion à la patte, sa tête dans un petit masque à oxygène, la bataille pour la survie commença.
Qui avait bien pu abandonner ainsi ce pauvre animal, le vouant à une mort certaine ? Maigre, le visage émacié, déshydraté, il luttait avec acharnement, s’accrochant à la vie de toutes ses petites forces. Sa poitrine se soulevait à un rythme régulier, mais ses paupières restaient à demi closes, sans réaction.
Délicatement, à l’aide d’un scalpel, la vétérinaire découpa l’adhésif, libérant ses petites pattes inertes. Inès sentit une sorte de découragement, de lassitude, l’envahir. Et si elle avait fait tout cela pour rien ? Ses yeux ne quittaient pas le petit être immobile que la vétérinaire auscultait à intervalles réguliers. Puis le miracle se produisit. Au bout d’une demi-heure de soins, il commença à bouger, son petit corps s’agita faiblement. Le lendemain, il était sur pattes, et s’était jeté sur la nourriture qu’on lui avait présentée. Mais qu’allait-il devenir ?
Inès avait réfléchi et pris la décision de le garder. Elle l’a appelé Chaton. Il gambade maintenant dans le cabinet du vétérinaire, courant vers une proie invisible, véritable petite pile électrique faisant des bonds dans tous les sens. Il a gagné son ticket pour une vie meilleure, blotti de nouveau dans les bras de sa maman humaine. Dans son sac de transport tout neuf, le voici en route vers la maison du bonheur où il vivra des jours heureux, remplis d’amour, de câlins, de jouets et de ronrons.
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ytica
La pince à dégrafer
Mais où donc est passée cette satanée pince à dégrafer ? Non mais quel fouillis c’est pas possible ce tiroir ! Et fouille et refouille et tourne et retourne, il y a tout, absolument tout dans ce tiroir, sauf ma pince…
Pourtant je suis du genre ordonné, normalement elle est dans un petit rangement en plastique où je la mets toujours. Comment ? qu’est ce que vous dites, c’est un mensonge ? Mais tout est bien rangé, les stylos ici, les ciseaux là, les mémo bien en vue, un petit carnet, des effaceurs pour corriger mes mots fléchés, une gomme, un crayon… Quoi ? Vous dites ? C’est le bo*del ? Mais non voyons tout est là, en vrac. Pardon ? Vous me demandez quand je l’ai vue pour la dernière fois ? Non mais on se croirait chez les flics, c’est la question qu’ils posent chaque fois aux suspects d’un délit.
Mais... en y repensant, je m’en suis servie hier soir pour dégrafer un document que je devais scanner. Et où je l’ai mise ? Mais dans le tiroir voyons, par contre, et j’en conviens bien à contrecoeur, elle n’y est pas. Me voici prise la main dans le sac, j’ai dû la poser ailleurs.
Coucou, jolie petite pince, où te caches-tu ? Ben quoi, ça ne vous arrive pas à vous aussi de parler aux objets ? Mais je vais te trouver, petite pince, où que tu sois, tu dois bien être quelque part, je t’aurai un jour, je t’aurai !!
Et voilà que je lève les yeux du tiroir et j’aperçois ma pince dans la petite corbeille posée sur le buffet, juste devant moi. Toute honteuse de ma mauvaise foi, je remets l’innocente pince à sa place.