Le train de la vie lui a fait traverser bien des régions, certaines luxuriantes et d'autres désertiques.
Elle, Jeanne de son prénom, y a connu bien des climats aussi :
des ensoleillés, des pluvieux et quelques-uns carrément cataclysmiques,
de ceux dont les vents très méchants ravagent tout sur leur passage.
Au hasard des chemins, elle a fait de nombreuses rencontres :
certaines furent éphémères, d'autres plus durables, certaines lui ont fait du bien et d'autres lui ont fait du mal.
Maintenant, arrivée au soir de sa vie, en considérant les évènements qui ont marqué son cours,
elle s'interroge juste sur le sens du mot chance : est-elle le fait d'une quelconque bonne étoile,
indépendant de la volonté, ou au contraire peut-elle être provoquée ?
Elle sourit : cette question restera sans réponse et de toute façon, cela n'a plus aucune importance.
Elle a déjà quitté partiellement ce monde dans lequel elle sait qu'elle n'y a plus vraiment sa place,
dans lequel de toute façon, elle n'en comprend pas certaines évolutions.
Oui elle sourit car elle n'est pas triste pas plus qu'elle n'est résignée.
En attendant le saut dans le Grand Inconnu, elle a aménagé son oasis, son havre de paix,
dans lequel elle fait régner en maître-mot sa foi, inébranlable malgré les aléas de la vie.
Parce que pour elle, c'est derrière une certaine porte qu'elle retrouvera dans la béatitude
tous les siens qu'elle a tant chéris et qui, pour certains, bien trop tôt sont partis.
Je connais bien cette Jeanne que j'aime vraiment beaucoup.
Il s'agit de ma belle-mère qui aura 95 ans en mai de cette année...si la Vie en décide ainsi.
Me revient en mémoire, en écrivant ces quelques mots, cette chanson qu'elle aimait parfois fredonner :
" Le train de la vie, c'est un petit train qui va des montagnes de l'ennui aux collines de la joie ".