J'avais lu en partie ce fil mais n'avais pas pris le temps de participer.
Je ne crois pas l'avoir lu donc, mais tout ceci me rappelle cette presque querelle des anciens et des modernes entre les facultés de médecine de Paris et de Montpellier durant la première moitié du 17e siècle. Presque car la médecine al-chimique, défendue par Montpellier, qui se voulait moins dogmatique et plus empirique que le respect de la tradition de Gallien et d’Hippocrate par les 'parisiens' ne renonce pas pour autant aux saignées... Mais la querelle est tout de même très vive, avec pamphlets et noms d'oiseaux. Et la guerre va se jouer en partie autour de l'usage de l'antimoine, avec du vin, comme émétique. Théophraste Renaudot, un temps médecin du roi, proche de Richelieu et quasi inventeur de la presse écrite avec sa Gazette, soutient les médecins de Montpellier, défenseur du vin émétique, contre la faculté de Paris, qui se fend, elle, d'ouvrages de recadrage et d'attaques contre ces 'nouvelles' pratiques. Attaques moins argumentées médicalement que statutairement. Riolan, et Patin (le probable Diafoirus de Molière), accusent l'incompétence des 'montpelliérains', expliquant qu'ils tuent plus qu'ils ne guérissent mais que "les morts ne mordent plus et ne ressuscitent pas pour se plaindre...", ils vont même parfois les supposer auxiliaires d'une médecine arabe (mahométane) fabriquée et traduite pour tuer des chrétiens ! (oui on peut aller loin à l'époque !).
Raoult et ses détracteurs, parisiens et autres, n'ignorent certes pas l'histoire médicale. Mais celle-ci n'a-t-elle pas créé des souvenirs, une opposition traditionnelle latente, une culture de la différence en attente du conflit ? Calme comme un volcan qui dort, mais toujours prêt à l'éruption au moindre séisme.
Les postures et les chapelles font, et parfois férocement, partie de la fabrique de la science... Dommage ou amusant (au choix) que cela s'affiche ainsi depuis un an (et pas qu'avec cet exemple). Mais n'est-ce pas possiblement un bien (l'extension / expansion du questionnement critique) pour un mal (l'anti-intellectualisme et l'égarement mystico-scientiste) ?