-
Artelise
« Tu as donc supposé », s’écria la femme, plantant un regard ébahi et consterné dans le regard de son mari. « Et depuis quand une supposition a-t-elle valeur de preuve légitime ? Et comment, dans tous l’éventail des possibles, as-tu décidé que si je venais déjeuner ici tous les midis, c’était pour y rencontrer quelqu’un ? j’aime ce restaurant. Les repas y sont simples, abordables. Le cadre est agréable et la serveuse toujours souriante. Eh oui, il est loin de mon bureau ! Loin de mes collègues, surtout ! »
La femme fit une pause, et sans laisser à son mari le temps de seulement choisir une nouvelle ligne de défense, elle reprit, l’air désolé et déçu :
« Comment as-tu pu croire, ne serait-ce qu’une seconde et en dépit de tout ce que nous avons vécu, de tout ce que j’ai pu faire par amour pour toi… ! parce que je te rappelle tout de même que c’est ta carrière que nous avons mis en avant ces dernières années. Que c'est pour toi que j’ai accepté de venir vivre dans cette petite ville, alors que tu sais très bien que je suis une vraie parisienne ! Comment as-tu pu croire… ? »
La femme secoua la tête, réprima un sanglot.
« La confiance que tu me portes aurais dû te suffire, non ? »
Elle retint son souffle et murmura, interloquée, comme faisant face à la plus improbable des conclusions :
« Tu ne me fais plus confiance, c’est ça ? Mais comment ? pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »
Elle se tut alors, laissant enfin un peu de temps à son mari pour répondre.Mais rien ne franchit ses lèvres sinon un pathétique murmure.
« Je suis désolé », dit-il l’air piteux et malheureux.
Il jeta un dernier coup d’œil à la table où sa femme était assise et où il ne se trouvait qu’un seul couvert face à une seule chaise.Alors, sa femme lui caressa la joue et lui dit.
« Allez, je te pardonne. »
Elle sourit et ajouta :
« Ça fait du bien, mine de rien, de te savoir un peu jaloux . »Finalement, l’homme finit par sortir du restaurant. Il remonta dans sa voiture ; une petite Cooper rouge vif qu’il avait abandonné plus que garé sur le trottoir devant le restaurant et quitta les lieux.
Une serveuse s’approcha alors…
« Je mets tout de même le second couvert ? » demanda-t-elle d’un air un peu désorienté.
La femme opina du chef.
« Oui » confirma-t-elle. Et elle laissa échapper un long soupir de soulagement.Quelques secondes plus tard, un homme sortit des toilettes. Il se rapprocha d'un pas vif de la femme. Il s’excusa pour le temps que « ça lui avait pris » et s’installa sur la chaise que la serveuse venait de rajouter de l’autre côté de la table.
-
Artelise
@Kachina a dit dans Décris-moi un mouton :
Lendemain - campagne - essence -après-midi - routine - prochain- poing- essentiel .
Remets au lendemain ce que tu peux faire l 'après midi prochain ! C'est l'essence même de la procrastination. Un art qui transcende la routine et sublime les habitudes. Un savoir-être, autant qu'un savoir-faire qui mérite que l'on fasse campagne, bras levés, poings serrés car il est essentiel de revenir à cette saine habitude qui consiste à savoir prendre son temps et profiter du temps qui nous est donné.
-
Artelise
Chacune d’un coté d’une cloison usée et trouée qu’elles s’amusaient à qualifier de claustra, Claudia et Louise tentaient de travailler dans la chaleur d’une après-midi d’été caniculaire.
- Tu sais qu’il est devenu berger ?
- Hein ? quoi ? qui ? demanda Claudia en relevant la tête.
- Henry ! répondit Louise. Le mec de la compta qu’est parti le mois dernier. Berger… j’comprends pas pourquoi, c’est bizarre.
- Ah, non. Savais pas, commenta Claudia avant de hausser les épaules et d’ajouter : C’est d’époque ! parait que tout l’monde fait ça, d’nos jours. Question d’épanouissement personnel, comme ils disent.
- Ouais, j’sais pas si c’est une amélioration, mais en tout cas, ça fait un sacré changement, critiqua sa collègue. Tu crois qu’il y arrivera ?
- Ben, en même temps, entre compter des chiffres à longueur de journée et compter des moutons, ça l’changera pas tant qu’ça, gloussa Claudia.
Sa collègue rit à la blague et le silence retomba rythmé par le cliquetis d’une vieille horloge qui, décidément n’égrenait pas les secondes assez vite.
-
Artelise
A vous ! Indispensables acolytes de mes fidèles amis.
A vous ! Mes fidèles compagnons d’aventures et de rêveries.
A vous ! Que vous soyez de papier, de bois ou de satin.
A vous ! Poids plumes délicats qui me disent où j’en suis.
A vous ! Qui, tout en finesse, me guidez toujours vers mon but.
A vous ! Qui m’aidez à suivre le fil de mes errances littéraires.
A vous ! toute mon affection et mes remerciements.
A vous ! mes dévoués marque-pages ! -
Artelise
L’idée de base, c’était simplement de faire quelques portraits de mes enfants; dans un cadre original, une lumière douce et tamisée. Ils étaient tous deux d’excellente humeur, tous deux coopératifs, tous deux ravis de se prêter au jeu. Dès lors, suivant mes instructions, ils se sont installés sur les marches : l’un devant l’autre. J’ai commencé à faire quelques clichés. Un, deux, trois… Je leur demande de se déplacer, de se mettre l’un à côté de l’autre. Ils coopèrent toujours. Et ils sourient, enfin. Naturellement, simplement heureux de partager un moment de complicité avec leur maman. Ils s’amusent. J’aimerais prolonger cet instant éternellement. Puis, d’un coup, l’humeur de mon fils change. Il devient soudain d’humeur taquine. Une lueur, comme une étoile filante, brille dans son regard, j’ai à peine le temps d’y voir l’éclat de sa malice naturelle qu’il fait plonger sa tête sur ses genoux. Sa sœur, surprise, le regarde un instant. J’ai le temps de déclencher l’appareil deux fois. Puis le voilà tous deux, la tête sur leurs genoux. Ça paraitra peut-être paradoxal à certains, mais je tiens là, je le sais, je le sens, l’un des plus beaux portraits de ma vie de photographe amateur. Et encore aujourd’hui, des années après, je suis fière de cette photo. Elle est entière, vraie, sincère. Ce sont mes enfants, intimes, complices, tellement eux-mêmes.
et la série dont il est extrait.
-
Artelise
“La frustration nait de l’attente. Pour n’être point frustré, il n’y a donc pas de mystère, il suffit de ne rien attendre ; de rien, ni de personne. Lorsque l’on n'attend rien, on ne peut pas être déçu, n’est-ce pas ? Et puis, n’est-ce pas le meilleur moyen d’atteindre un état d’esprit propice à l’émerveillement et la satisfaction permanente ?”
Une part de moi, celle qui souffre, qui se sent seule, isolée, abandonnée, délaissée, ignorée et mal-aimé, tente de convaincre cette autre part de mon âme qui, elle, continue de vouloir essayer, à tout prix, d’y croire encore.
“Certes”, répond cette dernière. “C’est une façon de voir les choses. C’est logique, “d’un certain point de vue” comme dirait l’autre.
“mais tu n’es pas convaincue...”
“non, ce que je crois, moi, c’est que ne rien attendre de rien, ni de personne, c’est se mettre, volontairement, au bord d’une sorte de précipice mental, de s’approcher, dangereusement du vide psychique. C’est comme se jeter, délibérément, dans un hiver émotionnel morne et terne.
“pfff.. Tout de suite, les grands mots...”
“Comprend bien, je ne souhaite pas souffrir, vraiment... mais......il m'a fallu la peur pour être rassurée. J’ai connu la douleur avant d'être consolée... Je le reconnais : de nos attentes, de nos espoirs, de nos envies peuvent naître les plus intolérables des frustrations. Toutefois, tu connais la chanson : “Qu'on me donne l'obscurité puis la lumière ; Qu'on me donne la faim, la soif puis un festin ; Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire ; Que je retrouve le prix de la vie, enfin...”
“Oui, je sais : sans Envie, point de sel dans nos vies, point d’aventures, points d’émotions vraies.
“C’est ça. Rien que le passage du temps, inlassable, instoppable, irrattrapable... sans souffrance, mais sans joies non plus.
Silence...
“J’ai peur tu sais.”
“oui, je sais”
….
“allez vient, on est désormais à la sortie de l’hiver... le printemps rayonne entre les branches des arbres bourgeonnant. On va attendre l’été gentiment. Promis, on n’en attendra pas grand-chose... Quant au reste et aux autres... disons que... on restera prudente avec quelques espoirs disons... réalistes.
“oui ! Et puis, après tout, l’espoir fait vivre, n’est-ce pas ?”
-
Artelise
Le 24 mai 1819. Le jour n’est pas encore levé et je viens de naître.
Le 24 juin 1819. Le baptême a lieu en privé. On me prénomme Alexandrina Victoria.Je viens et je nais au monde dans un contexte politique étrange. La princesse Charlotte Augusta de Galles est morte, il y a moins de 2 ans. Elle s’est éteinte après un avoir accouché d’un garçon mort-né. Et avec elle, c’est toute la succession royale anglaise qu’il a fallu réviser ou plutôt recréer.
Au moment où, moi, je finis par entrer dans l’arbre généalogique de cette étrange famille, je ne suis que 5e dans la ligne de succession… 2 ans plus tard, mon grand-père et mon père meurent, à une semaine d’intervalle et me voilà propulsée 3e héritière. En 1927, seul mon oncle George IV pourrait encore devenir roi avant moi. Cette possibilité disparait avec lui en 1830. Le Roi, Guillaume IV n’a pas réussi à avoir d’enfants légitimes. Je serais reine après lui.
Et ça, ma mère le savait. Elle ne le savait que trop bien et depuis bien longtemps. Je suis née pour être reine, j’ai été conçue pour cela. C’est sans aucun doute pour cette raison que ma mère et Lord Conroy ont imaginé le Système Kensington. Je n’ai pas le droit d’être seule. La nuit, je partage la chambre de ma mère. On me surveille en permanence, on prend note de tous mes faits et gestes, personne ne peut me rendre visite sans l’autorisation de ma mère ou de Lord Conroy. Depuis l’âge de 5 ans, les tuteurs privés, soigneusement choisis par ma mère, me font la leçon. Le Révérend George Davys m’a enseigné les Ecritures, puis lorsque j’ai eu 8 ans, la barone Lehzen a eu la charge de m’apprendre la bienséance, la lecture et l’écriture. J’ai également étudié le grec, le latin, l’italien, le français et l’allemand. J’ai si peu de liberté, si peu de loisirs en dehors de mes poupées… Heureusement, j’ai un ami : Dash, mon King Charles spaniel.
1830, donc. J’ai 11 ans. C’est à cette époque que ma mère et Lord Konroy ont décidé qu’il était temps qu’on me présenter au monde. C’est à ce moment-là qu’ils ont commencé à programmer toute une série de voyages harassants. Je m’en réjouis, mais ça me fatigue tellement ! Trop en vérité. Et puis, on me présente comme une rivale de mon oncle. Je ne suis pas sa rivale. Je suis son héritière présomptive. C’est différent. Le Régency Act donne à ma mère, la duchesse de Kent, d’assurer la régence si jamais mon oncle venait à mourir avant que j’aie atteint mes 18 ans. Mon oncle, Guillaume IV, n’aime pas cette idée. Il l’a d’ailleurs clairement fait savoir. Il vivra donc, a-t-il assuré, jusqu’à mon voir et fêter mon 18e anniversaire.
Octobre 1835, nous sommes à Ramsgate. Je suis fiévreuse, malade. Ma mère tente de profiter de mon état de faiblesse. Elle veut me convaincre de choisir son Conroy en tant que secrétaire particulier. Je ne cède pas. N’a-t-elle donc pas encore compris que je les déteste, elle et son amant ?
Mai 1836, j’ai 17 ans. Je serai reine, tout le monde le sait. Et tout le monde complote pour me trouver un mari. Mon oncle, le roi Guillaume IV, souhaiterait me voir épouser Alexandre des Pays-bas. Ma mère, quant à elle, souhaite renforcer les liens avec sa propre famille. Elle imagine donc me marier à mon cousin germain, Albert de Saxe-Coburg et Gotha. Je sais que c’est un choix qui sera inévitable, qu’un beau jour, il me faudra bien choisir l’homme qui deviendra mon époux et le prince consort. Je les observe tous les deux.
Albert m’a plu… au premier regard… Mais je ne suis pas prête. Je suis encore trop jeune. Je ne puis envisager un mariage dès maintenant.20 juin 1837, 6h du matin.
« J'ai été réveillée à 6 h par Mamma qui me dit que l'archevêque de Canterbury et Lord Conyngham étaient là et qu'ils voulaient me voir. Je suis sortie du lit et me suis rendue dans mon salon (en ne portant que ma robe de chambre) et « seule », je les ai vus. Lord Conyngham m'informa alors que mon pauvre oncle, le roi, n'était plus et avait expiré à 2 h 12 ce matin et que par conséquent « Je » suis « Reine ». Sur les documents officiels, on me nomme : Alexandrina Victoria. Non, ça ne me plait pas. Je serai Victoria. La Reine Victoria. -
Artelise
Spontanément, lorsque j'ai lu le thème que tu nous proposes, j'ai eu envie de vous raconter .. ben, ce qui va suivre. On est à la limite du thème, je pense. Mais j'ai envie de vous raconter ^^
Je verrais un peu plus tard, si je peux vous proposer un truc plus dialogué et plus imaginatif..Ce matin-là, Maryse est de bonne humeur. Depuis quelques temps, tout semble lui sourire. L’année précédente n’a pas été facile, tout en rebondissements et imprévus. Comme si le destin s’était soudain souvenu de son existence et qu’il avait décidé de lui faire vivre, en accéléré, tout un tas d’expériences aussi diverses que variées. En un jour, elle avait réussi à trouver un emploi, tandis que son compagnon perdait le sien. Puis, dans les semaines qui avaient suivies, elle s’était mariée, son patron s’était suicidé et son époux avait retrouvé un emploi. A l’étranger, certes. Outre-manche pour être plus précise, ce qui n’était pas fait pour lui déplaire. Fort heureusement, les montagnes russes évènementielles semblaient vouloir se calmer depuis le virage de la nouvelle année. Les choses s’étaient tassées, le déménagement express et son lot de stress était désormais derrière elle. Son époux commençait à prendre sereinement ses marques dans sa toute nouvelle entreprise. Quant à elle, elle avait appris récemment que son désir d’enfant allait être exaucé. Ce qui, de son point de vue, n’était pas trop tard, puisqu’elle avait déjà franchi le cap des 30 ans.
Heureuse donc, convaincue d’avoir un bel avenir anglais devant elle, Maryse marche sereinement dans la galerie marchande. D’humeur taquine et espiègle, elle décide soudain de mettre le médium du coin à l’épreuve. Elle ne pourra pas cacher son accent français, mais parviendra-t-il à lui annoncer une grossesse qui ne se voit pas encore puisqu’elle remonte à peine à 8 semaines ?
Lorsque la place est libre, elle s’assied devant l’homme. Elle lui souhaite le bonjour et il lui pose quelques questions auxquelles elle répond volontairement de manière vague. Il commence alors ses prédictions qui tombent très à côté de sa situation et de ses projets. Il ne parle pas d’enfant, lui annonce qu’elle va rapidement trouver un travail en lien avec le monde de la finance et qu’elle repartira plus tard en France auprès de sa famille. Seul bémol dans ses prédictions : il n’est pas sûr qu’elle rentrera avec son époux. Doucement, Maryse sourit, lui paie son écot et reprend sa promenade.
Sur une place, un peu plus loin, elle découvre qu’une roulotte a prit ses quartiers pour quelques jours. Une voyante, une chiromancienne s’avance vers elle et lui propose de lire les lignes de sa main. Elle a un fort accent étranger, mais son anglais reste compréhensible aux oreilles françaises de Maryse : « I will tell you about your future, for you and for the baby in your belly » - je vais vous dire l’avenir pour vous et l’enfant dans votre ventre ». Maryse accuse le coup. Curieuse, elle décide qu’une 20aine de livres ce n’est pas si cher. Elle tend ses mains devant elle. La femme observe un moment en silence. En résumé, voilà ce qu’elle lui annonce : "votre enfant naitra en bonne santé. Dans 2 ou 3 ans, vous devrez quitter l’Angleterre pour retourner en Europe. Mais pas chez vous. Non, dans un autre pays, au cœur de l’Europe. Là, un autre enfant naitra, peut-être un troisième, mais ce n’est pas certain. Vous resterez longtemps dans ce pays étranger. Je ne sais pas quel travail vous attend, mais les ordinateurs seront présents au quotidien. Vous n’aurez pas de soucis d’argent dans ce pays."
Maryse quitte la femme, légèrement amusée. Elle se dit, avec humour, qu’elle s’est fait avoir. « La femme a simplement dû lire dans ma démarche que j’étais enceinte. Certaines personnes sont sensibles à ces détails, surtout si c’est utile à leur gagne-pain. Mais repartir ? Quitter l’Angleterre alors que nous venons d’y acheter une voiture neuve ? que l’entreprise de mon mari, de stature internationale, est l’une des meilleures et les plus productives du coin ? »
Maryse rit sous cap. Elle a faim. Ça tombe bien, au coin de la rue, il y a un Pizza Hutt.Et pourtant, l’enfant nait en bonne santé quelques mois plus tard. Dans le courant du mois suivant, l’entreprise change de directeur général. Une nouvelle politique est mise en place : la filiale anglaise va être dissoute, tout le personnel sera viré et les murs seront vendus… et c’est en Autriche que naitra le deuxième enfant… pas de troisième, finalement. Par choix. Et des ordinateurs au quotidien, oui, pour maintenir un lien social dans ce pays dont Maryse ne connait pas la langue ou si peu…
-
Artelise
Hop, deuxième mouture pour le coup..
De moi, à moi, plus tard...Salut Princesse,
Nous n’avons jamais été du genre nostalgique.
Nous avons décidé, très tôt et très vite dans notre vie, que les regrets et les remord
n’étaient que des boulets que nous ne trainerions pas.
Je ne viens donc pas t’ennuyer avec des "souviens-toi"
ou des "si tu avais su ou des "pourquoi ce choix-là et pas l’autre?".Non, cette lettre, je te l’adresse pour t’encourager, pour te rappeler
que nous sommes convaincues qu’une nouvelle voie,
une nouvelle façon d’aborder notre existence
s’est présenté à nous en ce 25 avril 2023 et que cette voie,
nous devions la suivre car elle résonnait déjà en nous
depuis déjà des années.
Alors, quoi que tu ai pu vivre entre temps,
garde le cap !
Souviens-toi :
Ikigai. -
Artelise
Ça fait déjà de longues minutes que j’arpente les rayons de la librairie. Elle est en travaux et de nombreux rayonnages ont été modifiés, déplacés ou supprimés. J’ai eu un mal fou à trouver la section « livres en anglais ». Je suis à la recherche d’un livre de SF - c’est vraiment ce que j’ai envie de lire en ce moment. Mais, force est de constater que la librairie ne propose rien dans le genre. Avec un soupir, je me résigne. Mais je ne renonce pas pour autant à trouver un bon livre.
Je recommence mon tour des rayonnages, j’essaie de m’ouvrir l’esprit. La seule contrainte que je m’impose encore, c’est la taille du bouquin et son prix. Je souhaite un livre peu épais (ça me changera des pavés que je lis habituellement) à un prix raisonnable (exit les grand formats). Je constate vite que, du coup, il ne reste pas grand choix. Je continue malgré tout de balayer les étagères du regard. Et là, d’un coup, une couverture sort du lot, elle m’interpelle, elle m’appelle.
La couverture est d’un jaune ambré chaleureux avec des incrustations dorées qui scintillent à la lumière. Ce qui m’attire le plus, comme je m’approche, c’est ce chat qui se tient, paisiblement allongé sur une pile de livre. Avec sa fourrure rousse, il pourrait presque se fondre dans la couleur de fond. Mais c’est pourtant lui qui attire mon regard car il se tient de face et son regard plonge dans le mien. C’est un regard empreint de douceur, de sérénité et de bienveillance. C’est une invitation polie. Je ne sais pas encore si je vais y répondre favorablement. J’hésite. Le bouquin est au milieu de livre dits feel-good et je ne suis pas trop une adepte de ce genre de livre – peut-être à tort, d’ailleurs. Mais j’ai à peine le temps de commencer à argumenter avec moi-même que je note un détail qui m’avait échappé jusqu’alors. Une lampe japonaise est suspendue au-dessus de la tête du chat. Ma curiosité s’éveille alors véritablement : le livre aurait-il un rapport avec le japon ? ça serait cool, car c’est vraiment une culture qui m’intéresse et que j’aimerais mieux connaitre.
Je me donne alors la peine de lire ce qui est inscrit sur la couverture. Juste sous la lampe en papier japonaise, le nom de l’auteur est écrit en lettres d’un rouge délicat : « Sosuke Natsukawa ». Si ce n’est pas japonais, ça, je ne sais pas ce que c’est. Tandis que je saisis le livre, je découvre le titre : « The Cat Who Saved Books ». Oki, logique. Je plonge à nouveau mon regard dans celui du chat et, mentalement, je le salue : « bonjour à toi, le chat qui sauve des livres ». Plus que curieuse, désormais, je suis intriguée : comment un chat peut-il sauver des livres ?
Une dernière inscription sur la couverture affirme que le livre est un Bestseller international. Ce n’est pas un argument qui parvient à me convaincre à tous coups. Mais c’est un argument que je prendrais en compte pour ma décision finale.
Je retourne le livre, je cherche le 4e de couverture. Mais au dos du livre, je ne trouve rien de tel. Juste une phrase énigmatique en rapport avec le formidable pouvoir des livres. Je tente alors le rabat de la couverture et je découvre enfin le synopsis qui me parle et fini de me convaincre !
Allez ! viens, le chat ! je t’adopte.
-
Artelise
Au cœur de la nuit, au plus profond de son silence, elle se tient debout. Au loin, l’horizon ressemble à une promesse d’avenir inaccessible.
Doucement, la brise se lève. Elle ferme alors les yeux et offre son visage au vent. Elle le laisse sécher ses larmes. Elle le laisse porter jusqu’à elle le bruissement des feuilles, le murmure de la rivière, le frémissement de l’herbe. Elle les entend, elle les écoute. Son cœur se met alors à résonner à leur rythme lent et paisible. Alors, baignée dans la douce lumière de la lune, elle se met à se balancer doucement d’un pied sur l’autre ; d’une façon d’abord imperceptible, puis de plus en plus marquée. Alors, bercée par la mélodie du vent, elle esquisse un premier pas de danse. Emportée comme par un lent tourbillon, ses pieds nus se mettent à suivre une chorégraphie dont seule son âme connait les secrets et les pas.
Alors, l’incroyable se produit et l’attente d’une renaissance prend fin.
En ce moment de temps suspendu, son esprit parvient enfin à se libérer des chaînes qui l’emprisonnaient. Les erreurs et les épreuves du passé se métamorphosent. Les boulets d’hier deviennent l’expérience de demain. Les douleurs s’apaisent et s’estompent. Et sur le terrain qu’elles occupaient jusqu’alors, les graines d’espoir, longtemps enfouies et oubliées, se mettent à germer et s’épanouir.
Un sourire étire ses lèvres. Un rire s’échappe de ses lèvres. Elle se sent libre. Enfin.
Alors, sa danse prend fin. Elle s’immobilise. Et ouvre à nouveau les yeux.
Elle laisse son regard balayer un horizon si proche qu’il suffirait d’un pas pour l’atteindre, lui et ses innombrables promesses d’avenirs. -
Artelise
Daenerielle la Talentueuse était sans doute l’une des plus âgées du clan ; quoique personne n’ait jamais véritablement compté. Simplement, puisque tous pouvaient affirmer l’avoir toujours connue, il semblait logique de pouvoir affirmer qu’elle était leur doyenne. Cela dit, cela n’avait en réalité guère d’importance puisque la longévité des siens était telle qu’elle côtoyait la frontière avec l’éternité.
Elle n’en restait pas moins, aux yeux des siens et des autres petits peuples de la nature, celle qu’il fallait venir consulter pour obtenir conseils et réconfort. Car elle était celle qui, étant déjà tant vécu, était devenu Voyante, c’est-à-dire capable d’utiliser ses connaissances du passé pour anticiper l’avenir.
Et c’est en cette qualité que Dimanche, le chef d’un clan lutin voisin, était venu la voir en ce frais matin de printemps.
« Ils sont au bord de la forêt » avait-il expliqué d’un air triste.
Elle n’avait pas eu besoin de demander de qui il parlait. Elle savait. Elle ne le savait même que trop bien. Tout comme elle avait compris, instantanément, de quoi il retournait.
Dans un sourire, elle lui avait simplement répondu qu’elle allait y réfléchir. Il n’en fut pas surpris. Car elle procédait toujours ainsi. Cette fois, cependant, il ne s’agissait pas de simplement prendre le temps de choisir la meilleure option possible, de partir en quête du meilleur compromis ou de prendre le temps de peser le pour et le contre. Cette fois, Daenerielle ne savait tout simplement pas. Combien de fois leur avait-elle conseillé de simplement déménager, de se trouver une autre clairière, une autre falaise, un autre coin de rivière… ? Et depuis combien de temps déjà, ces migrations avaient-elles perdu le charme de l’aventure et de la découverte ? Combien de fois, déjà, les avait-elle enjoint à partager un espace avec un autre petit peuple ? Et depuis combien de temps ces rapprochements avaient-ils cessé de représenter un avantage accueilli comme une sorte de mariage bienvenu, l’apport des forces des uns permettant de pallier aux faiblesses des autres ? Au cours des derniers siècles, elle avait réussi à innover : elle avait réussi à convaincre certains clans, d’aller s’installer dans les immenses constructions du peuple aveugle. Les lutins et les gobelins avaient souvent opté pour cette solution, trouvant particulièrement amusant de s’installer dans les greniers, les granges et les caves. Mais même ces habitats-là, avaient fini par se raréfier. Tant et tant que proposer une grande cohabitation n’était désormais plus une option.
Quoi d’autre donc ? Telle était la question que Daenerielle se posait depuis plusieurs générations déjà. En vain.
A moins, évidemment, d’envisager l’impensable, l’inconcevable, l’insensé…
A moins de prendre l’invraisemblable décision.
A moins de prendre le risque de briser le Voile de l’existence et d’anéantir le tissu même du réel.
A moins d’oser prononcer la prodigieuse tout autant qu’interdite incantation.
Alors, au fin fond de l’antique forêt – ou plutôt le peu qu’il en restait – Daenerielle ferma les yeux et de sa voix claire et forte, exécuta les pas qu’elle seule maitrisait et prononça les mots qu’elle seule connaissait encore.Lorsque ce fut finit, elle s’immobilisa et dans le silence revenu, elle déclara, comme un défi : « et advienne que pourra ».
-
Artelise
@Kachina a dit dans Décris-moi un mouton :
surprise - électrique-éclair-symphonie -loufoque - bienfaîts - chocapic
Tout d’abord, ce fut la surprise. Cet éclair-là, je ne l’attendais pas. L’atmosphère n’était pourtant pas si étouffante. Elle était encore moins électrique. Pourtant, le tonnerre se mit à rouler, confirmant qu’un orage venait bien d’éclater. Ça peut vous paraître totalement loufoque, mais une fois l’étonnement passé, tout ce dont j’eus envie, ce fut de m’installer au fond de ma terrasse, à l’abri de l’averse qui ne tarderait pas pour profiter des bienfaits de cette symphonie naturelle, un bol de chocapic à la main, en guise d’en-cas.
-
Artelise
Puisqu’il nous faut tous, un jour où l’autre, tirer notre révérence, j’aimerais bien, pour ma part clamser dans la douceur d’un matin d’ automne. Je me vois bien siroter un café additionné d’un sucre ou deux, sur une terrasse surplombant une plage de galets gris où la mer viendrait mourir en une douce écume cotonneuse. Je m’imagine volontiers, fermant les yeux pour mieux aller fouiller dans les replis de ma mémoire ; en visiter les couloirs labyrinthiques et en exhumer mes meilleurs souvenirs. Alors, mon âme pourrait déployer ses ailes et prendre son envol pour son ultime destination ou, pourquoi pas, un nouveau voyage.
-
Artelise
ma participation prendra, cette fois, des airs de "pensées du jour".
Monter, non sans mal, dans le plus lent des trains
Penser. Méditer, bercé par son rythme serein
Aux erreurs et aux ires d’hier.
Accepter de changer les pas de notre danse,
D’altitude et d’attitude au nom de la résilience
Recharger nos batteries.
note : c'est sur ce forum que j'ai découvert cette musique, elle est devenue l'une des mes préférées, parmi celles que j'écoute lorsque j'ai besoin de douceur dans ma journée. -
Artelise
Sortilège Schtroumpf contre un insupportable spleen :
Prenez une feuille de salsepareille et écrivez-y vos griefs et vos peines. Puis, par une nuit de pleine lune, à l’heure bleue et par marée descendante confiez la feuille à l’océan qui l’emportera au loin et libèrera ainsi votre cœur, votre âme et votre esprit. -
Artelise
Et je pus enfin placer un mot !
Marianna était une vraie pipelette. Une fois lancée, il devenait vite impossible d’en placer une. Fort heureusement, elle était aussi passionnante que passionnée et l’écouter parler était souvent un véritable plaisir. D’autant que malgré l’intense flux de ses paroles et ses nombreuses parenthèses, elle savait comment ne pas perdre le fil et parvenait toujours à revenir au cœur du sujet. C’était un aspect de sa personnalité qui avait longtemps eu le don de me dérouter, mais c’était une chose que j’avais fini par accepter et même, à respecter.
Le seul souci, c’est qu’elle ne se rendait pas toujours compte que son auditoire ne parvenait pas toujours à la suivre. Il fallait donc être capable, parfois, de saisir au vol l’une des rares pauses qu’il lui arrivait de faire pour reprendre son souffle, pour parler à notre tour.
« Je n’ai pas bien compris quel sens tu donnes à l’expression que tu as utilisé tout à l’heure. Lorsque tu as dit « la vie est un buffet de plats épicés », parvins-je à dire avant qu’elle ne reprenne son petit discours.
Elle ne semblait pas gênée par mon intervention, au contraire, elle semblait ravie de constater que je l’écoutais et que je trouvais de l’intérêt à son argumentation. Elle repartit donc de plus belle, les yeux pétillants de bonheur. Et je comprenais pourquoi elle était si heureuse car j’avais fini par découvrir qu’il n’était rien dans sa vie qui comptait davantage que l’idée d’aider les autres à changer de perspective et découvrir de nouveaux horizons.
C’était ce qui motivait son insatiable besoin d’apprendre et d’étudier. Non pas seulement pour satisfaire sa propre curiosité, mais pour être capable de partager et transmettre. Quant à moi, il n’était rien de plus important que de la voir s’épanouir. C’est pourquoi il m’arrivait, parfois, de simplement lui poser une question. Pour avoir le plaisir de l’entendre me répondre. -
Artelise
« Il faut attraper cette poule ! »
Pointant la chiche lumière de sa lanterne sourde devant lui, James Robertson, ultime mais néanmoins fière recrue de l’intrépide Cavalerie, essayait de motiver les derniers fantassins de sa troupe.
« Allez ! Mettez-vous tous en rang ! on va la prendre en tenaille ! »
« Je ne vois pas l’intérêt de tous ces efforts ! » se plaignit le fantassin qui se tenait à sa droite. « Elle n’est pas assez grosse pour nous nourrir tous ! »
« Mais je ne veux pas la manger ! je veux récupérer la l’écou… euh l’artefact qu’elle a boulotté. »
« Un artefact ? boulotté… par cette … poule… ? »
« Oui ! un artefact euh… magique ! C’est ma … euh … notre dernière chance ! »
Les trois soldats s’entreregardèrent, dubitatifs et méfiants. Mais James Robertson n’avait eu de cesse, depuis son arrivée, d’entretenir une réputation d’homme mystérieux capable de choses dont le commun des mortels n’était pas capable. Il pouvait, par exemple, connaitre le contenu d’une conversation alors même qu’elle s’était tenue à une bonne centaine de mètres de lui.
« Ce n’est donc pas un don… » susurra soudain l’un des soldats d’un ton que James n’aimait pas vraiment. Et, de fait, un sourire carnassier vint rapidement souligner les paroles de l’homme avant que celui-ci ne bondisse, pour son propre compte, en direction de la poule.
Cette fois, James n’avait pas réussi à les embabouiner et cela pourrait bien lui coûter cher, très cher.
Et c’est ainsi que l’on pu voir quatre hommes, tous de fiers et valeureux soldats, se mettre à la poursuite d’une pauvre petite poule rousse.@cupide : toutes mes condoléances.
-
Artelise
Il n'aura peut-être pas échappé à certains que je participe activement et régulièrement à l'atelier d'écriture du forum, où Kachina aime nous appeler "ses plumes".
-
Artelise
« Mon jardin intérieur ? » répète l’homme.
Sa psychologue hoche doucement de la tête. Elle lui sourit doucement, d’un air encourageant.
« je ne suis pas sûr… de comprendre… »
L’homme, dans la jeune trentaine, vient juste de quitter son bureau. Sur les encouragements de sa thérapeute, il a laissé tomber la veste, mais porte encore sa cravate, impeccablement ajusté à son col. Assis dans un fauteuil, il garde le dos droit, les mains posées sur ses genoux.
Il connait l’expression, évidemment. La femme assise en face de lui le sait. Et il sait qu’elle le sait.
Soudain, son regard se trouble. Ses mains se crispent sur ses genoux, malgré lui. Que peut-il répondre à cette question ? Peut-il… veut-il… mentir ?
Péniblement, il déglutit. Il a conscience qu’il a baissé les yeux, mais n’ose pas, ne parvient pas, à les relever.
« Eh bien… je ne sais pas trop. Si je devais décrire … mon… jardin… »
Soudain, une image s’impose à son esprit.
« Eh bien, vous savez, quand j’étais jeune, nous avions un voisin. Il avait une très jolie maison avec une petite arrière-cour. Il ne s’en occupait pas, vous savez. De son jardin, je veux dire. Il y avait un joli petit banc, à l’abri d’un petit appentis. Mais... il y avait tellement de bazar, tellement d’objet abandonnés autours, tellement de friches... on n’aurait pas pu l’atteindre, même si on en avait eu envie. C’est dommage, parce que, elle aurait pu être belle, cette arrière-cour. »
L’homme laissa échapper un soupir. Et dans le silence qui suivit, il finit par murmurer :
« il n’avait pas le temps, disait-il »
« et vous, vous n’avez pas le temps ? »
« je ne sais pas. J’aimerais… »
Il s’apprêtait à ajouter un « mais ». Il ne l’avait pas fait, se souvenant de l’accord qu’il avait passé avec sa thérapeute. Il n’avait plus le droit de dire « oui, mais ». Il devait s’efforcer de dire « oui, et ».
Le sourire de la psychologue se fit plus franc.
« Nous avançons » dit-elle avec douceur et confiance.
L’homme releva les yeux et timidement, lui rendit son sourire. Un sourire qui manquait encore cruellement de confiance, mais ça viendrait. Doucement, un pas après l’autre, il allait sortir la tête de l’eau et reprendre les rennes de sa propre vie.