Je vous fais part d'une pensée comme ça. Peut-être parce que j'en ai besoin. Je me sens un peu fanée, ce soir.
Je me sens triste, car je ne comprends pas le monde. J'ai l'impression d'être un carrefour perpétuel. Un phare...Toujours trop lumineux, toujours trop terne. Un merci, et s'en va. Rien ne s'accroche. Rien ne s'avoue tout à fait. Ou au dernier moment. Sur la lame. Comme un sanglot. Juste une main. Un divertissement. L'éternel divertissement.
Mon passage préféré de La Reine Morte de Montherlant.
Pour moi, tout est reprise, refrain, ritournelle. Je passe mes jours à recommencer ce que j’ai déjà fait, et à le recommencer moins bien. Il y a trente-cinq ans que je gouverne : c’est beaucoup trop. Ma fortune a vieilli. Je suis las de mon royaume. Je suis las de mes justices, et las de mes bienfaits; j’en ai assez de faire plaisir à des indifférents. Cela où j’ai réussi, cela où j’ai échoué, aujourd’hui tout a pour moi le même goût. Et les hommes, eux aussi, me paraissent se ressembler par trop entre eux. Tous ces visages, ensemble, ne composent plus pour moi qu’un seul visage aux yeux d’ombre, et qui me regarde avec curiosité. L’une après l’autre, les choses m’abandonnent; elles s’éteignent, comme ces cierges qu’on éteint un à un, à intervalles réguliers.