@jabba-the-hutt a dit dans Afghanistan :
@marie-thérèse Tout à fait, les chinois n'ont pas du tout les mêmes stratégies diplomatiques que les occidentaux.
Moins idéologique sur les droits de l'homme et la démocratie, beaucoup plus pragmatique économiquement parlant.
Ils arriveront à leur fin et leur influence grandira encore.
Les Chinois armaient et entraînaient des groupes islamiques du temps des russes déjà... L'Afhghanistan est l'un des pays d'Asie centrale les plus intéressant en minerais. Et les Chinois ont acquis depuis plus de dix ans des concessions minières, dont la deuxième réserve mondiale de cuivre avec la mine de Mes Aynak. Un gisement utilisé depuis l'antiquité et dont les vestiges d'occupation, ville et sculptures bouddhiques n'ont pas encore été détruit, du fait de la prudence du gouvernement Afghan après les destructions des Grands Bouddhas de Bamiyan par les Talibans en 2001. Le retour au pouvoir des Talibans et le pragmatisme chinois, surtout hors de son territoire augure du pire pour ces vestiges...
Mais ce sont également la quasi totalité des 17 terres rares (pas si rares dans les faits mais souvent difficiles, coûteuses, et polluantes à exploiter) si utilisées par les nouvelles technologies, ainsi que d'Or et d'Argent dont les vallées et montagnes afghanes regorgent (en particulier au nord du pays) qui forment un enjeu de poids. La Chine détient en effet un quasi monopole sur la production mondiale de terres rares, et a tout intérêt à maintenir et renforcer cette position. Toutes les compromissions sont donc acceptables pour le régime chinois très hostile aux religions mais qui, comme tu le dis, a une diplomatie de real politik beaucoup moins bridée moralement que les occidentaux. Mais l'inverse pourrait sembler également vrai pour les Talibans qui pour faire partie du prés carré chinois ont abandonné aisément les Ouighours proches.
Mais le calcul chinois reste aussi dans la longue lignée du Grand Jeu que représente la région depuis le 19e s. Les politologues Kenneth Katzman et Clayton Thomas résume ainsi les enjeux chinois :
"l'implication de la Chine en Afghanistan a principalement consisté a s'assurer un accès aux minéraux et autres ressources afghanes, à aider son allié le Pakistan à éviter l'encerclement de l'Inde et à réduire la menace militante islamique pour la Chine elle-même".
Il faudrait ajouter que l'expulsion des états-unis de la région était aussi un objectif géostratégique chinois, ainsi qu'une affirmation qui diminue toutes possibilités de place aux russes. Et le soutien aux Talibans est une forme de soutien effectif au Pakistan puisque ceux-ci y ont leurs bases arrières ainsi que leurs origines dans les Madrassas (écoles coraniques) du nord Pakistan, frontalier de l'Afghanistan. Or le gouvernement Afghan était effectivement, pour cette même raison, plus favorable à l'Inde, qui a beaucoup investi durant les dernières années en Afghanistan, en appui du gouvernement soutenu par les occidentaux.
La Chine a donc un intérêt géopolitique vis à vis de l'Inde et des occidentaux, et plus particulièrement géostratégique vis à vis des américains.
On pourrait même ajouter que l'exportation de drogue Afghane étant principalement à destination des pays occidentaux, là aussi les chinois ne peuvent qu'y trouver leur compte...
Mais la question qui se pose alors est celle de la duperie de chacun des protagonistes sur le long terme...
La puissance chinoise joue ce jeu, un peu dangereux potentiellement car elle est sure de sa force, de sa démographie et de son économie, planifiant certainement une réduction du pouvoir et des capacités de nuisances islamiques par la suite dans une logique de puissance, d'influence et certainement de force militaire.
Les Talibans se projettent, eux, dans un double objectif, de contrôle à court terme sur un territoire (et si ils ont encore des oppositions frontales avec l'état islamique, ils sont pour l'essentiel à nouveau refondu avec les membres d'Al Quaida), et d'expansion islamique sans fin, de Djihad total (mais si en mesure d'adopter des paliers et des déguisements opportunistes - Taqîya -). Ce qui fait dire au premier ministre indien , Narendra Modi, à l'occasion d'un déplacement dans le Gujarat, le 20 août, " Les forces destructrices et les personnes qui suivent l’idéologie de la création d’empires par la terreur peuvent dominer pendant un certain temps, mais leur existence n’est pas permanente, car elles ne peuvent pas supprimer l'humanité entière". On voit que l'ambition impérialisme islamiste est prise au sérieux même si peu crainte encore par les grandes puissances régionales.
Or l'endoctrinement, l'affaiblissement de l'éducation (en particulier des femmes), et une mystique de conquête (intime à l'Islam omniprésente dans le texte) adossée à un messianisme universaliste, forme un cocktail dont même ces puissances peuvent très bien ne pas prendre la vraie mesure de moyen terme, qui plus est dans une période de perturbation climatique qui peut très bien favoriser des engouements mystiques (on le voit en occident avec la remontée du newage).