D'abord, un peu d'histoire sur le monument cité dans mon récit purement fictif.
Construction à Millau en 1172 du palais du roi d'Aragon comportant un donjon nommé la tour carrée. Un siècle plus tard, Millau est intégrée au royaume de France.
Cinq siècles plus tard, en 1613, les consuls millavois rachètent la Tour et la font compléter par une tour octogonale, le Beffroi proprement dit.
Lors de la Révolution, aux temps de la Terreur, dans les années 1790-1818 : le donjon sert de prison communale.
Classée monument historique en 1931, elle est haute de 42 mètres et comporte 210 marches à gravir pour accéder au sommet et admirer le panorama de la ville et des causses alentours.
Antoine gagnait sa pitance en tant que saltimbanque car sa seule richesse était sa voix et sa grâce lorsqu'il dansait pour accompagner ses chants.
Ses talents ravissaient sutout les demoiselles des villages dans lesquels il se produisait pour quelques sous, de quoi se payer le gîte et le couvert dans quelque auberge des environs.
Un jour d'été où il se trouvait à Millau, la grande ville, Anne, la fille d'un des consuls qui passait par là, s'arrêta pour l'écouter et tomba illico sous son charme.
Lui-même n'étant pas insensible au sien non plus, ils décidèrent alors de se fréquenter en cachette et de vivre leurs amours à l'insu de tous.
Mais en peu de temps, le ventre de la jeune fille s'arrondit. Elle ne put cacher bien longtemps son état .
Son père entra alors dans une rage folle. Pour punir celui qui avait entaché l'honneur de sa fille, il le fit enfermer dans le beffroi de la ville qui servait de prison depuis la Révolution.
Le pauvre garçon, habitué à vivre au grand air dans la plus grande des libertés, se laissait dépérir, cloîtré entre des murs sombres, terriblement froids et humides.
Anne l'apprit et menaça de mettre fin à ses jours si son amoureux n'était pas libéré dans les plus brefs délais.
Son père ne supportant pas l'idée de perdre sa fille tant aimée, décida alors de les marier, ce qui fut fait, mais dans la plus stricte intimité. Il leur offrit une bergerie sur le Larzac afin de les éloigner de la ville et de ses rumeurs qui entacheraient à coup sûr la réputation de sa famille.
Anne et Antoine y vécurent heureux avec leur fils Louis et leurs brebis qu'ils élevaient avec amour. Elles le leur rendaient bien en produisant d'abondance un lait de grande qualité. Les fromages qu'ils fabriquaient avaient une telle renommée que l'on venait parfois de loin pour les acheter.
L'avenir de Louis, qui aurait pu connaître le sort de nombre d'enfants illégitimes, à savoir l'abandon dans un orphelinat, fut ainsi assuré.