Tensions entre le Venezuela et le Guyana au sujet de l'Essequibo
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Origine de la revendication du Venezuela :
L'Essequibo faisait partie intégrante du Venezuela lors de son indépendance en 1811. Mais en 1840, profitant des difficultés du jeune État à contrôler ses frontières, le Royaume-Uni s’approprie la région et l'annexe à sa colonie guyanaise. Une annexion jamais reconnue par le Venezuela.En 1899, un arbitrage a lieu à Paris et les intérêts vénézuéliens sont représentés par les Etats-Unis. Il est décidé que les territoires à l'ouest de l'Essequibo reviennent au Royaume-Uni. La solution est acceptée et une commission mixte se charge de délimiter la frontière sur le terrain.
Cependant, le conflit se réactive en 1963 lorsque l'indépendance du Guyana se prépare. Des voix se font entendre au Venezuela pour réclamer le retour de cette région sous une souveraineté vénézuélienne et pressent le gouvernement d'agir avant l'indépendance du Guyana, la récupération du territoire pouvant s'avérer plus difficile par la suite.
Le gouvernement vénézuélien déclare alors l'arbitrage de 1899 nul en estimant que les Etats-Unis ne représentaient pas leur pays, qu'il y avait eu des vices de procédure et une entente entre les parties.
Depuis, ce territoire est resté sous le contrôle du Guyana devenu indépendant et est toujours revendiqué par le Venezuela.
Réactivation récente du conflit :
L'Essequibo est un territoire de 160 000 kilomètres carrés représentent les deux tiers du territoire de Guyana et concentrant 125 000 personnes, soit un sixième de sa population.
Si le Venezuela n'a jamais cessé de revendiquer l'Essequibo, cette revendication est devenue beaucoup plus vindicative depuis que d'importantes ressources pétrolières de très bonne qualité ont été retrouvées dans cette région en 2015 par le groupe américain ExxonMobil.
Et ces tensions se sont encore plus accélérées ces derniers jours. Le 3 décembre 2023 a été organisé un référendum au Venezuela où 95% des votants ont approuvé l'annexion de l'Essequibo par le Venezuela. Si ces chiffres sont contestés par certains observateurs, ils sont néanmoins utilisés par le gouvernement venezuelien pour justifier une future annexion. Et étant une réclamation historique, c'est tout de même très probable qu'une majorité de la population venezuelienne approuve cette annexion.
En tout cas, depuis l'issue de ce référendum, la tension est à son comble car une escalade militaire est désormais envisageable.
Le Guyana se déclare désormais prêt à accueillir des bases états-uniennes sur son territoire et les Etats-Unis qui ont d'importants intérêts économiques dans la région ont dans le même temps réalisé des manœuvres aériennes au côté de l’armée de l’air guyanienne pour affirmer leur soutien au Guyana. Le Venezuela quant à lui dénonce une ingérence des Etats-Unis qui souhaiteraient militariser la situation et avant tout défendre leurs intérêts économiques.Et de son côté, le Brésil a envoyé des soldats au nord de sa frontière pour la protéger mais tente aussi d'apaiser la situation par l'intermédiaire de son président Lula en maintenant le dialogue avec le Venezuela et le Guyana. Ce dernier a déclaré vouloir éviter une guerre en Amérique du sud.
Ce dialogue a pour le moment porté ses fruits puisqu'une rencontre entre les présidents Nicolas Maduro (Venezuela) et Irfaan Ali (Guyana) aura lieu le 14 décembre. Et à la demande des deux parties, Lula sera aussi présent afin de servir de médiateur.Ainsi, si une militarisation de ce conflit reste possible, il semblerait tout de même qu'on aille vers une certaine désescalade. Si le Venezuela revendique cette région de l'Essequibo, son gouvernement n'a pas forcément d'intérêt à rentrer en guerre pour ne pas affaiblir sa position sur la scène internationale en risquant des sanctions. D'autant plus qu'il pourrait avant tout s'agir d'une façon de renforcer politiquement son président Maduro avant les élections présidentielles de 2024.
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@Hassage sujet plutôt complet c'est intéressant.
Après quel est le but de ce post?
En discuter ?
Juste informer ?
Autre? -
@Hassage Merci pour cette page d'histoire.
Et pour les cartes.
(j'en ajoute une plus large de la région )
J'ai mm découvert que le Brésil possédait au moins 10 frontières avec d'autres pays !Malheureusement l’histoire se répète.
Après le Koweït et l'Irak, La Russie et l'Ukraine (Donbass), maintenant le Venezuela et le Guyana. -
@Jed Ca a le même but que pour tous les autres topics d'actualité, à savoir informer et en discuter. Après, il est vrai qu'ici, je pense que ça aura avant tout un but informatif car le Venezuela et le Guyana ne sont pas forcément des pays qui intéressent beaucoup en Occident. Mais c'est tout de même un sujet important dans l'actualité et je m'intéresse beaucoup à l'Amérique latine donc j'avais envie d'en parler. Et malgré tout, ce n'est pas impossible que d'autres personnes aient envie d'en discuter. Je ne pense pas être la seule personne ici m'intéressant à la géopolitique !
@Cygoris Le Brésil possède effectivement pas mal de frontières, dont une avec la Guyane française d'ailleurs !
Sinon, il est encore trop tôt pour parler "d'histoire qui se répète" car même s'il y a de fortes tensions, il n'y a pas de conflit militarisé pour le moment et avec le Brésil qui sert de médiateur, il y a encore des espoirs de désescalade. J'espère juste que le Venezuela ne va pas aller jusqu'au bout de son projet et que les Etats-Unis ne vont pas faire en sorte d'envenimer la situation pour pousser le Venezuela à la faute. -
@Hassage pas être la seule personne ici m'intéressant à la géopolitique: non j'en fais partie d'ailleurs !
Cela dit ce sont tjs des sujets compliqués alors je me demandais juste le but du postPour en revenir à ton sujet, je pense pas que ça ira plus loin, les USA ont montrer à qui allait leur soutien, ce sont eux qui dirige
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@Hassage a dit dans Tensions entre le Venezuela et le Guyana au sujet de l'Essequibo :
..............Le Brésil possède effectivement pas mal de frontières, dont une avec la Guyane française d'ailleurs........
Tout à fait. Ca en fait une proximité stratégique pour ce conflit latent.
@Jed a dit dans Tensions entre le Venezuela et le Guyana au sujet de l'Essequibo :
USA ...........ce sont eux qui dirige........
Hélas
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@Cygoris ho tu sais que ce soit eux où un autre pays qu'est ce que ça change...
Il en faut bien un -
@Jed Tu parles des USA ?
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@Jed Après ça, c'était évident que le soutien des Etats-Unis allait être au Guyana vu qu'ils sont opposés au Venezuela depuis que les chavistes ont pris le pouvoir en 1999. Le Venezuela est d'ailleurs déjà touché par de nombreuses sanctions économiques venants des Etats-Unis et ces derniers ont déjà tenté plusieurs coups d'états contre le pouvoir chaviste sans succès.
Donc le Venezuela a musclé ses revendications sur le Guyana en connaissance de cause. Je ne pense pas que c'est impossible qu'ils attaquent car ils peuvent justement avoir peur d'un rapprochement entre le Guyana et les Etats-Unis sur le long-terme qui pourrait les isoler. Et ils peuvent aussi se dire que les Etats-Unis n'oseraient pas intervenir directement, en étant en plus obligés de soutenir d'autres fronts avec le conflit russo-ukrainien et le conflit israélo-palestinien. Quant aux sanctions économiques, ils ont moins de pression par rapport à ça vu qu'ils en subissent déjà et qu'ils les contournent grâce à l'aide de la Russie et de la Chine.
Maintenant, les Etats-Unis sont évidemment plus susceptibles d'intervenir ici vu qu'il s'agit du continent américain qu'ils considèrent comme leur terrain de chasse gardé. Ce qui risque quand même de freiner le Venezuela. Mais je pense vraiment que le pays à ne pas négliger dans ce dossier est le Brésil. Ce n'est pas un hasard que ce soit le médiateur dans ce dossier. Il s'agit de la grande puissance de la région et depuis la présidence de Lula, ils maintiennent de bonnes relations avec les deux pays. En effet, Bolsonaro avait coupé les relations avec le Venezuela mais Lula les a de nouveau normalisé. Le Venezuela qui a tout intérêt à garder des alliés dans la région est donc incité à ne pas tenter une escalade du conflit. Et en ayant mis des troupes au nord du Brésil, l'armée brésilienne se montre prête à intervenir pour prévenir une escalade du conflit.
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@Cygoris oui
@Hassage oui je partage ton avis. Après je me demande si tout ça n'est pas une sorte de diversion face aux problèmes économiques du Venezuela (inflation à plus de 200% entre autres)? -
@Jed Oui en vrai c'est fortement probable. C'est une stratégie classique de se montrer fort en politique extérieure quand la politique intérieure se passe mal. D'autant plus qu'il y a des élections présidentielles au Venezuela en 2024.
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Ces tensions sont l'expression de la continuité de ce qui se passe actuellement dans le monde avec la recomposition des équilibres géopolitiques entre tous les pôles.
Jusqu'à présent, nous avions un occident vraiment leader et un "écrasement" des revendications par une idéologie post guerre froide.
Aujourd'hui, le monde n'est plus aussi simplement découpé et organisé, l'occident n'est plus vu comme aussi fort et leader. On voit donc ressurgir tous ces "conflits" et revendications non/mal traitée par le passée (quand ce n'est pas du pur impérialisme).
Ukraine, Israël, Venezuela, Taïwan, reconfiguration des présences en Afrique etc... et on a pas fini, sont tous des conflits/événements issus de cette reconfiguration et de cette multipolarité du monde.
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Ce que ça m'inspire : on n'est pas censé sortir des énergies fossiles ?
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@Marcel les prévisions de production n ont jamais été aussi hautes et le Guyana vient de signer de gros contrats
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@Marcel on va pas en sortir du jour en lendemain. Y en a encore pour des années.
Et puis le pétrole ne sert pas qu'à mettre de l'essence dans sa voiture, ça sert aussi bcp au chauffage et à des produits dérivésAllez voici quelques exemples :
Les produits dérivés du pétrole (non exhaustif):
PVC
Polyéthylène
Polytetrafluoroéthylène (PTFE) : revêtement des poêles Tefal
Polypropylène : articles moulés par injection pour les industries
Polystyrène et copolymères associés (ABS) : emballages (barquettes blanches), bâtiment (isolation polystyrène expansé), Bic Cristal (transparent), automobile, électroménager, ameublement (bureau et jardin), jouets, bagages, emballages pour cosmétiques, médicaments et produits alimentaires, contreportes de frigo.
Poly-isobutène : applications chambres à air et pneus
Styrène butadiène (SBR) : rubber ou encore caoutchouc synthétique (latex par exemple). Applications pneus et joints, amortisseurs, tapis transporteurs, semelles, garnitures de pompes. Rentrent aussi dans la composition des bitumes pour rendre le revêtement plus souple.
Acrylates et méthacrylates, poly(méthyle méthacrylate) PMMA. Applications en peintures, revêtement de surface, fibres, adhésifs, encres, verrières (vitrages caravanes, avions, bateaux), verres de lunettes, lavabos, baignoires cabines de douches.
Polyamides : famille des nylons. Fibres d'habillement, pièces mécaniques de frottements, réservoir à essence, seringues, kelvar tissé.
Fibres et résines polyesters
Polyuréthanes
Polycarbonate -
@Marcel on est clairement sur un découpage en deux du monde sur le sujet.
L'occident qui pousse pour en sortir et le reste du monde qui appuie fortement son développement sur les énergies fossiles.
Dans ces conditions, tu ne peux pas avoir de consensus sur le sujet et pire, ça ne peut conduire qu'à des tensions. -
@Jed je me doute mais bon. 🫠
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@Jabba-the-Hutt a dit dans Tensions entre le Venezuela et le Guyana au sujet de l'Essequibo :
L'occident qui pousse pour en sortir et le reste du monde qui appuie fortement son développement sur les énergies fossiles.
L'occident qui pousse pour en sortir mais s'appuie toujours fortement dessus
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@Jed a dit dans Tensions entre le Venezuela et le Guyana au sujet de l'Essequibo :
@Cygoris ho tu sais que ce soit eux où un autre pays qu'est ce que ça change...
Il en faut bien unLes USA ont une grande puissance financière et militaire.
Oui @Hassage le pays à ne pas négliger dans ce dossier est le Brésil.
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Comme prévu, une désescalade a eu lieu entre les deux pays suite au sommet ayant réuni leurs deux présidents respectifs. Pour la symbolique, ils se sont serrés la main :
Si le différend territorial n'est toujours pas réglé, ils se sont cependant officiellement mis d'accord pour ne pas utiliser la force l'un contre l'autre.