En 1821 déjà, un économiste, que Marx citera ensuite, expliquait déjà "Là où les hommes travaillaient douze heures, ils n'en travailleront que six, et c'est cela la richesse nationale, la prospérité nationale (...). La richesse est liberté, elle est temps disponible et rien de plus".
En 1930, Keynes envisageait que la croissance économique mais surtout la croissance à peu près continue de la productivité du travail, permettrait à chacun un niveau de vie 4 à 8 fois supérieur avec une semaine de 15 heures en 2030...
Si les Allemands travaillent un peu moins que les français avec leur 35 heures, le temps de travail, même dans le monde occidental, peine à se défaire du travail. A tel point que, si la productivité a bien tenu ses promesses, et pourrait même aller bien plus loin... Les fakejobs, voire bullshitt jobs, se sont développés plutôt que de remettre en cause le couplage travail / revenu.
La crise sanitaire a bien montré ce qui relevait pourtant réellement de l'utile, celles et ceux qui avaient un réelle activité productrice de sens, de nécessité.
Alors, ce maintiens du travail ? Une pure domination mondiale du Grand Patronat ? Ou un jeu plus trouble d'une éducation et d'une soumission à une idéologie commune de méritocratie et donc de compétition, de dépassement des autres, en particulier par l'argent, de bonheur consumériste. Un jeu dans lequel syndicats et salariés se battent autant que les patrons pour maintenir le status quo, et la VALEUR travail... (avec ses revenus, ses avantages, privilèges spécifiques, heures supplémentaires, etc.)
La critique et l'opposition aux réflexions depuis les années 90 sur la fin du travail par l'automatisation, et plus encore la robotisation (sans même réellement parler d'IA qui est un sujet complexe) se fait agressivement, voire avec mépris et animosité tant la question du travail est sensible. La peur explicite dans le dédain les limitations de représentations individuelles et collectives.
Qui est prêt à diminuer ses revenus pour du temps libre ? Qui est favorable à un revenu social à vie, ou d'existence (ou autre) ?
Qui a peur de s'ennuyer sans qu'on lui dise quoi faire de sa vie un certain nombre d'heures par semaine ? Qui appréhende un ère des robots, une dilution des soit-disant 'collectifs de travail' ? Qui a besoin de voir des collègues pour avoir des relations sociales ?
Beaucoup font-ils encore un peu d'activités collectives ? Participent à des associations, voient des amis, de la famille. Est-ce déjà trop de temps passé avec celles et ceux-ci ?
Vers quoi la plupart se tourneraient-ils en l'absence de travail ? Des activités solitaires, sociales mais à distances, ou des relations sociales, humaines, concrètes (irl) ?