Jean-Michel Blanquer interdit l’écriture inclusive à l’école
Une circulaire publiée le 6 mai proscrit le recours en classe à l’écriture inclusive, considérée comme un « obstacle à l’acquisition de la langue comme de la lecture ».
Le Monde
Publié aujourd’hui à 08h38
Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, visite une classe dans une école primaire de La Ferté-Milon (Aisne), le 22 mars 2021.
L’écriture inclusive, « obstacle à l’acquisition de la langue comme de la lecture ». Annoncée par le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, le 2 mai, une circulaire interdisant l’écriture inclusive en classe, adressée aux recteurs d’académie, aux directeurs de l’administration centrale et aux personnels du ministère de l’éducation nationale, a été publiée au Bulletin officiel de l’éducation nationale du 6 mai.
L’égalité entre les filles et les garçons, qui doit être « promue » par l’école, doit passer par la formation des personnels, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la transmission d’une culture de l’égalité ou encore une politique d’orientation en faveur d’une plus grande mixité des filières, mais en aucun cas par l’écriture inclusive, dont sont pointées la « complexité » et « l’instabilité ». « Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation », est-il écrit.
Dès 2017, Jean-Michel Blanquer avait pris position contre l’écriture inclusive. Le ministre avait réitéré au Journal du dimanche le 2 mai sa ferme opposition à l’usage de celle-ci, qu’il considère comme étant un « barrage » à l’apprentissage des élèves. Il avait averti qu’il entendait « mettre les points sur les i » et faire interdire officiellement ce type d’écriture dans « les usages pédagogiques ».
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La décision ministérielle est surtout symbolique, car dans les faits l’écriture inclusive n’est pas enseignée en classe. Politiquement, le sujet est très clivant. Le débat, jeudi, au Sénat relatif à l’écriture inclusive, « langue d’exclusion ou exclusion par la langue », a encore montré des positions tranchées : un dialogue de sourds entre, d’un côté, une droite très contre, et, de l’autre, une gauche et des écologistes qui y sont favorables.
Féminisation des métiers
La circulaire vient rappeler que « la conformité aux règles grammaticales et syntaxiques est de rigueur ». Le recours à l’écriture inclusive – qui utilise le point médian pour faire apparaître simultanément les formes féminines et masculines d’un mot – est ainsi « proscrit » en classe.
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Cette écriture, qui se traduit par la fragmentation des mots et des accords, est considérée comme un « obstacle à la lecture et à la compréhension de l’écrit ». Par ailleurs, « l’impossibilité de transcrire à l’oral les textes recourant à ce type de graphie gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages, notamment des plus jeunes » . Enfin, « une telle écriture constitue un obstacle pour l’accès à la langue d’enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages », souligne la circulaire.
En revanche, le ministère préconise l’usage de la féminisation des métiers et des fonctions. « De même, le choix des exemples ou des énoncés en situation d’enseignement doit respecter l’égalité entre les filles et les garçons, tant par la féminisation des termes que par la lutte contre les représentations stéréotypées. »