Parfois, parmi cette myriade de visages et de silhouettes, ces Catherine, ces Elizabeth, ces Leila, ces Françoise, ces Amina, ces Marlène, ces Bénédicte, ces Livia, ces Sonia, ces Maylis, ces Delphine, ces Kristina, ces Isabelle, ces Rachida, ces Farida, ces Adouyah, ces Camille, ces Olivia, ces Marilène, ces Judith, ces Sofia, ces Kim et ces Patricia, parfois on croit pouvoir dessiner la carte d’une nation, une sorte de pays. Celui des femmes que l’on dit ordinaires et qui ont des «vies obscures» (ce dont parlait Virginia Woolf) et dont les réussites quotidiennes, les exploits anonymes et répétés, méritent gratitude et reconnaissance.Au sein de cette nation sans drapeau ni capitale – si ce n’est celle de la douleur –, il faut inclure, naturellement, tout l’univers de la santé et de la sécurité, tout ce qui est «service».
À cette véritable nation composée d’artisans et de spécialistes, de petites mains et de virtuoses, d’agents du feu et de la nuit, de soldats inconnus ou de mandarins prestigieux, on ne peut faire appel qu’à une seule unité de mesure : le courage.
Philippe Labro "J'irais nager dans plus de rivières"