« Tu es un sorcier, Harry, dit Hagrid. Et tu vas aller à Poudlard. »
-Poudlard ?
-C’est une école de sorciers.
-Ce n’est pas une école publique, j’espère ?
-Non, c’est dans le privé.
-Bien. Dans ce cas, j’accepte. Les enfants ne sont pas la propriété de l’État ; chaque individu qui le souhaite a le droit de proposer des biens et services éducatifs au prix fixé par le marché. Partons. »
« Malfoy a acheté des Nimbus 2001 flambant neufs à toute son équipe ! », s’exclama Ron, comme un pauvre. C’est pas juste !
-Tout ce qui est possible est juste, lui rappela doucement Harry. S’il a la possibilité d’acheter un meilleur équipement, c’est son droit en tant qu’individu. Quelle différence y a-t-il entre le pouvoir d’achat supérieur de Drago et mon talent supérieur pour attraper le Vif d’or ?
-Aucune, je suppose, grommela Ron.
Harry s’esclaffa, d’un air digne et inatteignable, comme si une montagne venait à rire.
-Un jour, tu comprendras, Ron. »
Le professeur Rogue se tenait à l’avant de la salle, d’un air un peu juif.
« Pas question de brandir des baguettes comme des idiots ou de prononcer des formules farfelues dans mon cours. La confection de potions est une science exacte, et je ne m’attends pas à ce que beaucoup d’entre vous en comprennent les subtilités. Toutefois, aux quelques élus qui s’y avèreront prédisposés… Je pourrai enseigner comment charmer l’esprit, emprisonner les sens… Comment mettre la célébrité en bouteille, concocter la gloire et même raffiner l’essence de la mort.
Harry leva la main un en éclair.
-Qu’y a-t-il, Potter ?, demanda Rogue avec irritation.
-Combien valent ces potions sur le marché ?
-Quoi ?
-Pourquoi enseignez-vous à des enfants à fabriquer ces produits précieux pour un salaire d’instituteur au lieu de créer des produits qui répondent à la demande moderne ?
-Petit insolent…
-À l’inverse, qu’est-ce qui m’empêche de vendre moi-même ces potions une fois que vous nous en aurez appris la recette ?
-Je…
-Enfin, je suppose que c’est plutôt une question pour le professeur d’Économie des potions. À quelle heure est le cours d’économie, ici ?
-Cette école n’a pas de cours d’économie, petit idiot. »
Harry Potter se leva bravement.
« Maintenant, si. Venez avec moi si vous voulez en savoir plus sur les tendances du marché ! »
Les élèves se déversèrent dans le couloir à sa suite. Ils avaient enfin un chef.
Harry et Ron se tenaient devant le miroir du Risèd.
« Oh, mon Dieu, s’exclama Ron. Harry, ce sont tes parents morts ! »
Harry accorda un bref coup d’œil au miroir.
« En effet. Cette information n’est ni productive ni utile. Partons sans tarder afin d’aider Hagrid dans sa noble tâche : élever autant de bébés dragons qu’il lui semblera justifié, en dépit des injustes réglementations de notre pays sur le commerce de dragons.
-Mais, Harry, ce sont tes parents, dit Ron, qui ne comprenait jamais vraiment.
-Tu vois, Ron, toute relation se fonde sur le principe de l’échange mutuellement profitable, soupira Harry.
-Je ne comprends pas.
-Non, bien entendu, sourit Harry avec affection. Selon ce principe, il nous faut interagir avec d’autres individus sur la base de la valeur de nos échanges potentiels avec eux – cette valeur pouvant être très variée : un intérêt commun pour les arts, le sport ou la musique, des points de vue philosophiques proches, des convictions politiques, une interprétation du sens de la vie, etc. Toujours selon ce principe, les morts n’apportent aucune valeur.
-M-mais ils t’ont donné naiss-
-Je me suis fait moi-même, Ron », affirma Harry avec fermeté.
« Donne-moi ta baguette, mon garçon, siffla Voldemort.
-Je ne peux pas faire ça. Cette baguette est le symbole de mon pouvoir d’achat, lui-même un résultat tangible de ce que j’ai accompli. La richesse est le produit de la capacité d’un homme à réfléchir », s’exclama Harry avec courage.
Voldemort était bouche bée.
« Il existe un degré de lâcheté pire encore que celui du conformiste : celui de l’anticonformiste influençable. »
Voldemort commençait à fondre. Harry alluma une cigarette, car il était le maître du feu.
« La plus petite minorité qui existe, c’est l’individu. Quiconque s’oppose aux droits de l’individu ne peut donc pas prétendre vouloir défendre les minorités. Le salaire minimum est une taxe sur ceux qui ont réussi. Le marché dicte naturellement le véritable salaire minimum sans que le gouvernement intervienne pour fixer des limites arbitraires. »
Voldemort gémit de douleur.
« Je vais vendre des reproductions de ma baguette avec un pourcentage de marge gigantesque, déclara Harry, et tu pourras en acheter une comme tout le monde. »
Voldemort était vaincu.
« Il nous haïssait pour notre liberté, dit Ron.
-Non, Ron, expliqua Harry. Il nous haïssait pour notre libre-échange. »
Hermione se tordait de désir qu’ils la possèdent tous les deux, mais personne ne lui prêtait une quelconque attention. Ils avaient des empires à construire.