Pour rebondir sur l'histoire des tonneaux à @Orabig j'ai moi aussi tenté l'expérience tonneaux sauf que c'était de mon plein gré et j'en ai été quitte pour non pas la peur de ma vie (on verra ça plus tard) mais pour une bonne frayeur et quelques bleus douloureux.
A l'époque j'étais un jeune blaireau. J'entends déjà vos murmures comme quoi c'est toujours le cas aujourd'hui et je ne l'accepte pas je tiens à le dire très clairement.
Quand t'es jeune conducteur tu as parfois la possibilité de passer des stages payants chépakoi pour payer moins cher ton assurance derrière. Machin truc 500 balles le stage, super rentable, ça comprends des sessions de haute voltige avec une caisse (souvent des daubes de Citroen), accélérer sur des plaques tournantes humides pour simuler des têtes à queues et rattraper la caisse, faire des sprints départ arrêté etc etc
Me voilà donc ce jour-là avec mon paquet de chips en bord d'aire d'autoroute vers Bordeaux. J'ai 19 ans, on est venu en bus des Deux-Sèvres. Y a des jeunes, des seniors, des sans-permis en quête de rachat, bref une belle flopée de gugus. Après un rapide breafing ou on me fourni les ustensiles collector du stage (stylo/porte-clé merdique) on passe 2/3 tests de percussion pour vérifier en gros si on est un peu con sur les bords ou si ça va. Moi ils m'ont dit que ça allait, que j'avais un bon équilibre air-sol et que j'étais lucide. Enfin ça c'était en théorie du moins.
Car une fois les chips dans le bide, l'après-midi allait être d'un tout autre calibre. J'ai la flemme de décrire toutes les épreuves Fast and Furious que j'ai faîte, sinon ça va être un pavé masterclass alors je vais allez à l'essentiel:
A un moment donné le type m'indique une AX de chez Citroen. Un véhicule pour un être humain de taille honnête. Un piège pour un être humain frôlant les 2 mètres. L'AX est pénétré par un tube en acier tout en profondeur et ce tube tourne sur lui même pour simuler des tonneaux. La force gravitationnelle et la courbure de l'espace temps jouent leurs effets à fond et l'AX se met à tourner comme une bétonnière. Mieux que Space Mountain. C'est l'attraction du stage. Tout le monde lève la main pour faire le con là-dedans. Moi j'me dis que y a rien de marrant à se faire éjecter de droite à gauche et que de la prévention orale suffira.
Je suis choisi. Je suis l'élite.
Le mec me file un espèce d'harnais-ceinture de sécurité chelou. Des lannières en cuir trop courte. Le bazar serre le corps, sans plus, vite fait. Le type est un pro, je ne m'en formalise pas. Le mec s'écarte, ferme la porte et dit un truc du genre "et maintenant Kourski la Tepu va s'envoler".
Je fais COUCOU à travers la vitre avec ma main aux spectateurs goguenards.
Dés l'activation du mécanisme et une fois les tonneaux enclenchés, j'arrête de faire COUCOU à travers la vitre.
Les lannières se délitent, mes membres cognent contre les parois. Je sens bien un espèce de ceinturon me retenir. Mais il y a du jeu et mes bras, mes jambes cognent contre du métal. De plus je suis grand. Trop. Ma tête fracasse le plafond. J'ai la bouche grande ouverte. J'avale plein de petits cailloux et des mottes de terre qui étaient suspendus soit au plafond soit au sol en fonction de l'inclinaison du véhicule pendant les tonneaux. Ma petite voix fluette d'homme viril "on peux arrêter?" ne porte pas. Les spectateurs se marrent, ils pensent que je m'éclate ces cons. Enfin le tourniquet s'arrête. Je sors, j'ai mal partout. Mon bras gauche fait peine à voir avec du bleu, du rouge et toutes les couleurs primaires qui symbolisent la douleur.
Le mec s'excuse platement et me promet une petite "surprise" qui fera plaisir à la fin de la journée/stage.
Quand on me parle de "surprise" pardonnez-moi mais j'ai toujours une âme d'enfant alors ça m'excite.
J'ai attendu 18h pour voir le mec me refiler une besace avec dedans des autocollants Axa Assurances et un poster géant sur la prévention par rapport à l'alcool.
Dont acte.
Enfin bref ces quelques loooongues secondes m'ont fait prendre conscience que ce que j'ai vécu c'est du pipi de chacal comparé à la réalité. Mais suffisamment marquant pour avoir été réceptif à la réalité de la route et de la circulation. Je n'ai jamais eu d'accident grave dans ma vie et que Dieu me protège si cela arrive un jour, je ne veux pas être tenu pour responsable à cause de ma vitesse ou de l'alcool. J'ai toujours été quasi irréprochable à ce niveau là. (Sauf les petits excès de papa et maman style 5/10 km/h à la bonne franquette vous voyez).
Soyez le tous. Sans exception.
C'était la maxime de tonton Koursk.
Les opprimés et les sans-grade ont un espoir. Dans un monde terne et sans pitié la lutte s'articule.
Code Quantum.