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Elle avait refermé son livre qu’elle avait posé sur la petite table, juste à côté du vase de fleurs. Elle s’approcha un peu de la fenêtre et regarda au loin, le petit chemin qui s’engouffrait parmi les arbres et sur lequel elle aimait tant courir lorsqu’elle était enfant. Elle ferma les yeux et laissa son esprit vagabonder, les images défilant dans sa tête comme un film. Elle resta ainsi un petit moment, légèrement assoupie.
Soudain quelque chose la sortit de sa torpeur, une légère chatouille sur le dessus de sa main, comme quelque chose qui se déplaçait sur sa peau. Elle regarda et vit un sublime papillon aux ailes multicolores qu’il ouvrait et refermait tout en marchant. C’était assez inattendu et elle sourit en pensant à tous ceux qu’elle avait pourchassés autrefois dans la campagne, lorsqu’elle partait à l’aventure, courant parmi les fleurs avec son chien dont elle avait oublié le nom.
Elle oubliait beaucoup de choses depuis quelques temps, la semaine dernière elle avait été incapable de se rappeler qui était ce beau jeune homme qui était venu la voir. « Je suis Darius, ton petit fils, mamie » lui avait-il dit. Comment avait-elle pu ainsi ne pas le reconnaître ? Pourtant elle se rappelait des tas de souvenirs de son passé, mais elle avait des difficultés avec le présent. En soupirant, elle se demanda ce qu’il en serait dans l’avenir. Oh, elle n’était pas sénile, elle ne voulait pas l’être, pas encore… mais ce mot, Alzheimer, elle l’avait entendu chuchoter, l’autre jour, et elle savait bien ce qu’il voulait dire.
D’un geste lent, elle ramena en arrière une mèche de cheveux blancs que le souffle du vent faisait voleter devant ses yeux. Elle rapprocha encore un peu son fauteuil roulant près de la fenêtre, en faisant attention de ne pas effrayer le papillon qui était toujours là, sur sa main. Doucement, elle leva le bras et posa la main sur le rebord. Le papillon ouvrit et referma une fois encore les ailes, fit quelques pas chatouilleurs sur sa peau, s’arrêta un moment comme s’il prenait son essor, puis s’envola silencieusement.
Elle le regarda partir et, posant la main sur sa bouche, lui envoya un baiser.
Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux
| last edited by ytica Reputation: 1716 | Posts: 836 -
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Avant de partir pour 3 jours chez mon père, voici mon texte.
Quand elle avait commencé l'aventure dès sa naissance, elle avait été émerveillée par la beauté du monde. Son avenir, lui avait-on assuré, était tout tracé. Elle passerait tous les étés à découvrir moult paysages enchanteurs et serait émerveillée par la diversité des fleurs dont certaines l'énivreraient.
Par delà les chemins, elle découvrirait d'autres créatures aux formes parfois étranges mais qui ne présenteraient pour elle aucun danger. Mais hélas, elle découvrit au bout de quelques temps que le danger venait d'ailleurs, de ceux dont elle pensait qu'ils étaient ses alliés.
De ceux dont l'essor dépassant les limites de l'acceptable donnait au visage de la Terre un aspect pour le moins inattendu, mais dans le mauvais sens du terme, à savoir désespéré et par voie de conséquence désespérant.
Maya, charmante petite abeille, je prie pour que ceux que tu gratifies malgré tout de ton magnifique cadeau, du miel aux couleurs d'ambre ou d'or, réagissent à temps pour préserver tes territoires et de là, surtout, ta survie !| last edited by ayamé Reputation: 14914 | Posts: 11165 -
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@ytica une « maladie » qui nous fait si peur et que tu évoques joliment avec pudeur et toute cette poésie que l’on te connaît .️
@agathe c’est avec avec plaisir que nous attendons donc ton texte
@ayamé : le retour , en un battement d’ailes .
Il est un fait indéniable, et pourtant on ne l’oublie que trop, les abeilles sont indispensables pour notre planète .Aussi, est il important de mener jusqu’au bout cette bataille contre les pesticides .
Plus d’abeilles = fin du monde| last edited by Kachina Reputation: 23365 | Posts: 16020 -
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Stop.
Retour sur moi-même au milieu de cette aventure.
Si Franz m'avait dit, il y a, ne serait-ce que six mois, que nous retournerions en Espagne dans un proche avenir, je l'aurais traité de fou.
Tant de tristes souvenirs sont rattachés à Madrid.
Mais les chemins de la vie réservent bien des surprises.
Une soirée inattendue avec des amis de notre club de randonnée fut décisive. Aimant les vacances dépaysantes et sportives, ils nous expliquèrent qu'ils effectueraient Pampelune-Burgos aux prochaines vacances.
Devant l'essor du pèlerinage de St Jacques de Compostelle, ils l'avaient commencé trois ans auparavant, se réservant une portion de route chaque année .
"Joignez-vous à nous !"
Voilà la phrase qui me fit l'effet d'un coup de massue.
Mais comment présenter la plus petite objection devant l'enthousiasme de mon mari ?
Voilà pourquoi, aujourd'hui, un six juillet, je me réconcilie petit à petit avec ce pays,
voilà pourquoi je me retrouve auprès de ce lavoir, bronzée comme jamais jusqu'au dessus des chevilles, et soignant les ampoules de mes pauvres pieds bien pâlichons.
Nous ne sommes pas au bout du voyage, mais la trace que j'aurai laissée sur ce chemin est celle qui m'amène vers l'apaisement. -
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@agathe Bienvenue parmi nous . Jolie première !
Attention à l’addiction mais les mots ici sont à consommer sans modération
| last edited by Kachina Reputation: 23365 | Posts: 16020 -
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Alors comme ça, on joue sans moi ? Heureusement, ma bonté naturelle me pousse à pardonner cet oubli (humour !)
Un petit texte, ça vous dit ? (cris de la foule des admiratrices "oh oui !")
Voili :
Depuis quinze années, Michel Linventeur cherchait au fond de son cerveau le chemin vers l'invention de sa vie, la machine à voyager dans le Temps.
Il portait bien son nom, même si ses inventions n'intéressaient guère ses contemporains. C'est pourquoi il voulait cette fois que la célébrité se joigne à l'aventure, voyager vers l'avenir où tout est inattendu, le meilleur, le pire, le danger !
Il fabriqua de ses mains une étrange construction de métal, bardée de câbles, et qui se mit à grésiller étrangement lorsqu'il activa les batteries électriques.
Un siège au milieu de cet assemblage l'attendait, muni d'une manette. "C'est le moment de donner un nouvel essor à mon destin" murmura-t-il en s'y asseyant. Il tourna de ses doigts quelques boutons, fixa la date du même jour que celui de son essai mais en 2040.
Il avait convié sa soeur Sylvia pour assister à son départ vers l'inconnu. Un signe de la main et Michel abaissa la manette.
Le bruit fût assourdissant, accompagné de flashes. Sylvia se cacha les yeux, puis le silence.
Et plus rien au milieu du hangar où l'instant d'avant se tenait la machine.
Sylvia fût prise de panique car elle vit, posée sur une étagère, une boîte sur laquelle était écrit "manette de retour".
Michel Linventeur est-il arrivé vivant en 2040 ? Nous le saurons lorsque nous même y serons, si le monde est toujours là.| last edited by A Former User Reputation: 0 | Posts: 0 -
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@Louikatorz moi, avoir oublié toi ? Jamais . Même en Rantanplan je t'ai reconnu. En fait , je te croyais encore en vacances tout simplement et pis tu sais bien qu'il n'y a pas de verrous ici . "C'est une maison bleue ...♪ ceux qui vivent là ont jeté la clé ♪♪♪"
Contente de te retrouver ! toi ton humour et ta plume vagabonde.
Ton texte le prouve encore une fois .
Je ne peux que me réjouir de ces textes de début d'année 2023.
Suis comblée !| last edited by Kachina Reputation: 23365 | Posts: 16020 -
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La Cale
Le fracas des vagues contre la coque du bateau me tirait d'un bien long sommeil.
Le coup sur la tête que j'ai reçu hier soir au sortir de la taverne du port m'avait plongé dans un profond coma duquel seule la violence les déferlantes venant se briser contre le bois du navire pouvaient doucement me ramener à la vie.
Mais que s'était il passé? Comment donc avait commencé cette aventure ?
Je me souviens de ce long chemin sur lequel je parti seul afin de découvrir le monde.
J'étais jeune , plus rien ne me retenait, je m'imaginais vivre que de découvertes et d'amour mais la réalité s'était vite chargée de me rappeler que sans le sous, dans cette époque ou la violence fait loi, le rêveur a bien des difficultés à avoir un avenir.
Pour vivre, il me fallut alors travailler et pour cela l’aisance de mon petit coup de crayon allait m'aider, je proposerai mes services aux notables des domaines que je croiserai le long de ma route.
Que de belles demeures j'ai ainsi pu visiter,que de meutes de chiens au fusain dessinées, que d'enfants courant dans la cours joliment esquissés et que de belles dames j'ai aussi pu croquer et coucher sur le papier, puis pour certaines en manque d'amour ,séduites par ma nonchalance d'artiste libre d'attache,ce fut dans un lit que je les ai couché,croqué de la tête aux pieds et aimé avec une passion débridée provoquant chez elles des plaisirs inattendus.
Mais cela ne pouvait durer , Cette Dame Sophie avait provoqué en moi des émotions inconnues qui avaient émoussé ma prudence , je me sentais pousser des ailes, mon coeur battait la chamade depuis que j'étais tombé sous le charme de son bel esprit,son corps en était l'écrin le plus parfait à mes yeux ,elle avait su me donner l'essor nécessaire pour abattre des montagnes, rien ne me semblait impossible avec elle.
Malheureusement la dame avait été mariée à un puissant seigneur qui reviendrait bientôt d'une guerre ou ses exploits seront chantés pendant des décennies.
Je décidais le coeur déchiré de partir afin de ne pas nuire à mon aimée, et dans ce port ou je prendrais le bateau pour l'ailleurs, j'entrais dans cette taverne afin de noyer la peine de mon amour perdu à grands godets d'une bière infecte.
Au milieu de la nuit,l'esprit embrumé, je ramassais mon baluchon et je pris la porte du tripot pour attendre en sanglotant l'heure de l'embarquement.
La lumière de la lune soudain fit place à l'obscurité, la masse imposante d'un immense chevalier me barrait le chemin et les rayons de l’astre de la nuit.
Tel le marteau de Thor son poing s'abattit sur ma tête m'envoyant dans le noir total pour une éternité.
Pieds et mains enchaînés dans cette cale sombre, la peau déjà rongée par la vermine, le corps en sang par les morsures des rats qui par dizaines courent sur moi.
j'attends la fin de mon mince avenir ,du plus profond du noir je souris béatement car au fond de mon âme ,la dame de mes pensées adoucie et éclaire les derniers battements de vie qui pour elles palpitent. -
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@outrebleu Les mots ont vraiment l'incroyable pouvoir de nous emmener loin , si loin , tellement loin.
Le sombre ne vous va pas si mal que ça mon cher outrebleu . -
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L’essor d’une vie réside dans l’inattendu sur chaque chemin que l’on empreinte, d’aventures en avenir.
Telle était sa phrase de conclusion, épilogue d’un travail d’une année.
Rien ne pouvait laisser penser qu’un jour elle se déciderait à écrire la vie, cette ronde infernale dans laquelle elle se trouvait souvent spectatrice, ou par opposition, actrice, au centre, tel l’œil du cyclone.
Trois-cents pages à figures humaines, écrites les jours sombres et les nuits claires.
Le temps n’était plus rien, il filait comme la poussière de météore, à tel point qu’elle se demandait bien ce qu’elle avait fait de cette année, alors qu’une nouvelle débutait déjà.
Le manuscrit était prêt, aujourd’hui elle allait l’envoyer à quelques éditeurs, tel un accomplissement, le verrouillage de la boucle.
Puis demain elle allait prendre la route vers les grands espaces pour vivre d’autres histoires, des plus lumineuses, des plus incandescentes, des plus sereines. -
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@Music Sans doute la seule façon d'emprisonner le temps ou le suspendre : écrire .
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Au milieu du doute, Il y a toujours, un chemin inattendu qui se dessine , qui nous déroute , l’empreinte d’une main, des traces de caresses, des poussières d’émotion. Un soir, après plus de 10 ans , elle le revit, . Stupeur ! Il était assis là, au comptoir d’un restaurant japonais en vogue. . C’était bien lui . Malgré la vitre qui les séparait , elle le reconnut immédiatement. Oui, c’était bien lui, son allure, ses traits élégants, et surtout ce petit geste discret de soulever légèrement ses lunettes pour déchiffrer le menu. A croire qu’il n’avait toujours pas assumé sa presbytie depuis sa quarantaine. Elle sourit.
Elle l’observait . Elle se demandait ce qu’il allait manger. Plutôt incongrue cette question, sans intérêt, avant les plus importantes qui ne tarderaient pas à se bousculer. Avant tout ce florilège d’émotions ,la colère, la tristesse, la joie . Dans son quotidien, elle avait toujours ce souci des petites choses matérielles, sans importance, histoire d’avancer et masquer les manques. Mais que faisait-il là ? Qu’était-il devenu ? Combien de fois en dix ans avait-elle cru l’apercevoir au milieu d’une foule ; Que de déceptions fugaces devant un inconnu dont les traits du visage remplacent l’impression de déjà vu. Mais aujourd’hui, il n’y avait aucune place pour le doute. . Elle venait de le retrouver dans l’endroit le plus saugrenu alors qu’il détestait tant le poisson, et qu'il avait toujours refusé de se laisser tenter malgré nombre de ses caprices et arguments de persuasion.
Tandis qu’elle continuait à le scruter derrière cette baie vitrée, la colère vint en premier. Sourde et cuisante. Bizarrement, pas celle pour ces dix années de silence qui avaient tant assombri et compromis son avenir, pas non plus celle qui , depuis, avait fait naître ce sentiment d’insécurité , rendant compliqué tout engagement amoureux .
Non, celle qui ne l’ait jamais emmenée partager la cuisine japonaise. Et encore et toujours ces petits détails insignifiants du quotidien, qui empêchent d’affronter la douleur et de pleurer le soir seule au fond d’un lit .Un groupe de passants, pressés la bousculèrent à cet instant, amplifiant sa rage. Elle eut envie tout à coup de tout bousculer elle aussi. Elle avait pleuré dix ans auparavant en se demandant , 100, 1000 fois pourquoi. ? Il était parti sans explication, sans laisser d’adresse. Sa mère n’avait de cesse de lui dire qu’il n’en valait pas la peine. Gaspillage d’amour . On perd toujours de soi à donner en pure perte. Il avait été son premier amour, le seul , elle s’en rendait compte plus que jamais aujourd’hui . Pour ne pas laisser la peine l’envahir davantage , elle l’observa encore avec tendresse. Il n’avait pas trop changé . Ses tempes grises le rendaient séduisant .
Que se passerait-il si elle allait s’asseoir en face de lui et exiger les explications qu’il lui devait . Ses jambes se mirent à trembler . Il leva la tête et elle crut un instant qu’il l’avait vue . Son cœur tambourinait entre espoir et panique. Mais il baissa les yeux.La soirée était douce, malgré ce, elle frissonna. Sur le trottoir, elle se sentit encore plus seule, plus petite et plus désemparée. La vitre était glacée.
Elle était en colère, fatiguée , elle avait froid . Elle s’en fichait après tout de lui, de ses états d’âme , de son penchant pour le poisson .
Elle avait l’envie furieuse de se retrouver au chaud, sous sa couette , de parler à quelqu’un, de partir en voyage à l’aventure, de dévorer du chocolat , prendre un nouvel essor et couper définitivement le cordon.Elle traversa la chaussée , tournant le dos à cet homme qui avait été son père.
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