Rien ne serait arrivé si je n'avais pas loupé ma correspondance.
D'ailleurs, qu'on l'appelle lettres, missives, billets, tout n'est que mots couchés sur le papier, tels de la rosée sur l'herbe au petit matin.
Calliope et Erato, muses de l'écrivain, pourquoi m'abandonnez-vous quand j'ai tant besoin que vous m'inspiriez ? Je ne suis qu'un modeste écrivain auquel un éditeur audacieux a bien voulu laisser sa chance de publier un recueil de lettres romantiques à la femme aimée. Bien qu'elle n'existe pas, l'inspiration lui donnait corps dans mes rêves et se traduisait en phrases, parfois en vers si je penchais vers la poésie.
Et ce matin, rien, plus une idée ne me vient.
Suis-je donc condamné à rester anonyme chez les grands auteurs ? Et soudain, une pensée me sembla retentir comme une voix : Si l'inspiration ne vient pas, va la chercher dehors !
Il pleut même si nous sommes en juillet, alors je mets un imperméable et je sors vers le parc tout proche. Avec ce temps, il n'y a personne dans les allées.
Ah, si, une femme est assise sur un banc, seule sous son parapluie. Elle est jolie. Elle ressemble à celle à qui j'écrivais depuis mon imaginaire.
Au diable les muses, c'est Cupidon qui m'a frappé. Je pousse l'audace à m'asseoir près d'elle et j'engage la conversation.
"Pardonnez-moi, madame, mais acceptez-vous de me laisser profiter de votre parapluie un instant ? Je me présente, je m'appelle Louis."
Avec un accent grec, elle me répondit "Je le sais, je vous attendais, je m'appelle Calliope. Suivez-moi, ma soeur Erato et moi avons rendez-vous avec vous pour écrire votre plus belle correspondance !"
Est-ce que je rêve éveillé ? Suis-je amoureux d'une muse devenue réalité, et pour combien de temps ? Je ne le sais pas, quelle importance, personne n’est sûr de rien . Tout est si provisoire.