@Kachina
Spontanément, lorsque j'ai lu le thème que tu nous proposes, j'ai eu envie de vous raconter .. ben, ce qui va suivre. On est à la limite du thème, je pense. Mais j'ai envie de vous raconter ^^
Je verrais un peu plus tard, si je peux vous proposer un truc plus dialogué et plus imaginatif..
Ce matin-là, Maryse est de bonne humeur. Depuis quelques temps, tout semble lui sourire. L’année précédente n’a pas été facile, tout en rebondissements et imprévus. Comme si le destin s’était soudain souvenu de son existence et qu’il avait décidé de lui faire vivre, en accéléré, tout un tas d’expériences aussi diverses que variées. En un jour, elle avait réussi à trouver un emploi, tandis que son compagnon perdait le sien. Puis, dans les semaines qui avaient suivies, elle s’était mariée, son patron s’était suicidé et son époux avait retrouvé un emploi. A l’étranger, certes. Outre-manche pour être plus précise, ce qui n’était pas fait pour lui déplaire. Fort heureusement, les montagnes russes évènementielles semblaient vouloir se calmer depuis le virage de la nouvelle année. Les choses s’étaient tassées, le déménagement express et son lot de stress était désormais derrière elle. Son époux commençait à prendre sereinement ses marques dans sa toute nouvelle entreprise. Quant à elle, elle avait appris récemment que son désir d’enfant allait être exaucé. Ce qui, de son point de vue, n’était pas trop tard, puisqu’elle avait déjà franchi le cap des 30 ans.
Heureuse donc, convaincue d’avoir un bel avenir anglais devant elle, Maryse marche sereinement dans la galerie marchande. D’humeur taquine et espiègle, elle décide soudain de mettre le médium du coin à l’épreuve. Elle ne pourra pas cacher son accent français, mais parviendra-t-il à lui annoncer une grossesse qui ne se voit pas encore puisqu’elle remonte à peine à 8 semaines ?
Lorsque la place est libre, elle s’assied devant l’homme. Elle lui souhaite le bonjour et il lui pose quelques questions auxquelles elle répond volontairement de manière vague. Il commence alors ses prédictions qui tombent très à côté de sa situation et de ses projets. Il ne parle pas d’enfant, lui annonce qu’elle va rapidement trouver un travail en lien avec le monde de la finance et qu’elle repartira plus tard en France auprès de sa famille. Seul bémol dans ses prédictions : il n’est pas sûr qu’elle rentrera avec son époux. Doucement, Maryse sourit, lui paie son écot et reprend sa promenade.
Sur une place, un peu plus loin, elle découvre qu’une roulotte a prit ses quartiers pour quelques jours. Une voyante, une chiromancienne s’avance vers elle et lui propose de lire les lignes de sa main. Elle a un fort accent étranger, mais son anglais reste compréhensible aux oreilles françaises de Maryse : « I will tell you about your future, for you and for the baby in your belly » - je vais vous dire l’avenir pour vous et l’enfant dans votre ventre ». Maryse accuse le coup. Curieuse, elle décide qu’une 20aine de livres ce n’est pas si cher. Elle tend ses mains devant elle. La femme observe un moment en silence. En résumé, voilà ce qu’elle lui annonce : "votre enfant naitra en bonne santé. Dans 2 ou 3 ans, vous devrez quitter l’Angleterre pour retourner en Europe. Mais pas chez vous. Non, dans un autre pays, au cœur de l’Europe. Là, un autre enfant naitra, peut-être un troisième, mais ce n’est pas certain. Vous resterez longtemps dans ce pays étranger. Je ne sais pas quel travail vous attend, mais les ordinateurs seront présents au quotidien. Vous n’aurez pas de soucis d’argent dans ce pays."
Maryse quitte la femme, légèrement amusée. Elle se dit, avec humour, qu’elle s’est fait avoir. « La femme a simplement dû lire dans ma démarche que j’étais enceinte. Certaines personnes sont sensibles à ces détails, surtout si c’est utile à leur gagne-pain. Mais repartir ? Quitter l’Angleterre alors que nous venons d’y acheter une voiture neuve ? que l’entreprise de mon mari, de stature internationale, est l’une des meilleures et les plus productives du coin ? »
Maryse rit sous cap. Elle a faim. Ça tombe bien, au coin de la rue, il y a un Pizza Hutt.
Et pourtant, l’enfant nait en bonne santé quelques mois plus tard. Dans le courant du mois suivant, l’entreprise change de directeur général. Une nouvelle politique est mise en place : la filiale anglaise va être dissoute, tout le personnel sera viré et les murs seront vendus… et c’est en Autriche que naitra le deuxième enfant… pas de troisième, finalement. Par choix. Et des ordinateurs au quotidien, oui, pour maintenir un lien social dans ce pays dont Maryse ne connait pas la langue ou si peu…
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