Ma parole vous êtes au taquet, à moins de 24 h des mots donnés !
-
Décris-moi un mouton
Voici mon essai, désolée pour le délai:
La défense de sa vie est-elle légitime? Peut-on croire que même à la dernière minute de sa misérable vie, que même à la vue de la grande silhouette dégingandée de la mort on aurait un éventail de choix pour y échapper?
Ce n'est qu'une supposition bien sûr, aussi improbable soit elle, mais si la mort venait gratter à sa porte un jour et en dépit de sa face rebutante on l'accueille à bras ouverts sans arrière-pensées ?
Accepter la Mort quand elle s'annonce va-t-il suffire à la rendre avenante et sans pour autant changer sa ligne de conduite à savoir vivre jusqu'au bout? -
Décris-moi un mouton
Les suppositions ne vont pas suffire à rendre nos actes légitimes.
Sous prétexte de croire que l’autre s’envole facilement vers d’autres cieux, ou pour toutes autres choses improbables, on use d’un éventail d’attaques par dépit, de peur d’être abandonné et parce que la douleur est difficile à supporter, jusqu’à franchir la ligne de l’acceptable.
Nulle défense n’est nécessaire en face, ne vient que l’évidence que cet autre n’était pas la personne qui continuera à nous accompagner car elle ne nous était pas destinée, tout comme nous n’étions pas cet être complémentaire pour elle. -
Décris-moi un mouton
De loin, le nom amusant de l’enseigne d’une boutique accroche mon regard. « Tête en l’air » Je traverse la rue. La vitrine regorge d’un éventail multicolore de cerfs volants. Emue, les yeux embués, j’entre.
Enfant, je vivais dans un village perdu au milieu des montagnes et des lacs. A proximité , se trouvait un autre village que je ne pouvais voir parce qu’il était séparé par un grand mur .
En dépit de ma légitime insistance, mes parents éludaient mes questions, et d’un sourire forcé, répondaient que ce mur n’était là que pour nous protéger.J’ai donc cessé de les interroger et fait semblant de les croire . De suppositions en suppositions, les enfants comprennent très vite les lignes à ne pas franchir tout comme ils pressentent que certains secrets ne doivent pas être levés .
Mais bien plus tard, j’ai appris que ce mur, construit à la fin de la guerre civile, symbolisait un moyen de défense, mais aussi et surtout une improbable réconciliation. D’ailleurs, au regard des nombreux attentats qui continuaient de secouer le pays, la paix n’était rien de plus qu’une illusion .
J’aimais tellement jouer au fond de ce jardin et m’asseoir contre ce mur que je rêvais d’escalader. J’entendais les rires , les cris, les musiques de ceux que ma famille appelait « les autres ». J’imaginais leur vie tout simplement , toute étonnée qu’elle soit si normale.
Le jour de mes huit ans, le premier jour de l’été, j’ai vu voler dans le ciel , un énorme cerf-volant bleu vif, et j’ai entendu le rire étincelant d’un enfant . J’ai crié « il est magnifique !» C’est ainsi qu’est née mon amitié avec Eliès . Une amitié sans visage. Chaque jour, chaque soir, nous nous retrouvions au fond du jardin, . à nous raconter , l’oreille collée contre la pierre, nos joies, nos peines, nos peurs, nos cauchemars. En grandissant, nous avons partagé nos lectures, nos rêves, nos plus fous espoirs. Eliès et moi voulions que nos parents aspirent , eux aussi, à la paix.
Très vite, j’ai demandé à mes parents, un cerf volant en forme d’étoile. De chaque côté du mur, Eliès et moi, faisions d’inlassables courses pour les emmener plus haut . Nous les faisions se frôler, avant de les remettre à distance pour tenter au mieux de les rapprocher. Une photo de moi courant le long du mur , mon cerf volant à la main, ne m’a jamais quittée.
Une nuit, l’année de mes quinze ans, des bruits de tir, des pleurs, et des cris, venus du village d’Eliès m’ont réveillée en sursaut, auxquels bientôt un silence glaçant succéda. « N’aie crainte ils ne tueront que les hommes » avait murmuré ma mère naturellement, en me serrant dans ses bras. Cette phrase cruelle hanterait longtemps mes cauchemars. Cette nuit là, je perdis brutalement mon insouciance.
Pendant près de cinq jours, qui me parurent une éternité, Eliès, ne vint plus au rendez-vous . Le sixième soir, il m’attendait pour me dire au revoir. Son père, et d’autres hommes, avaient été emmenés par les soldats , en représailles d’un attentat. Il était désormais le chef de famille.
Dès cet instant, nous n’avons plus jamais fait danser nos cerfs-volants.Même si notre complicité restait intacte, il y avait dans la voix d’Eliès cette pointe d’amertume quand il évoquait à demi mots la violence des soldats de mon camp. Lui répéter que je n’appartenais à aucun , ne semblait pas suffire . "Jusqu’à quand ?" disait-il inquiet ?
La vie s’est chargée de répondre à ma place . Après la disparition de mon père dans l’attentat d’un bus, ma mère m'avait interdit tout contact avec l’ennemi et organisa notre exil en France. J’ai très vite aimé ma nouvelle vie , chassant les plus noires pensées pour magnifier le présent
Je viens d’entrer dans cette boutique. Il y a une photo sur le mur. Je ne vois qu’elle. Un petit garçon , court le long d’un mur en faisant voler un cerf volant. Il rit aux éclats. Dans le ciel, on aperçoit voltiger un autre cerf volant en forme d’étoile .
Mes jambes tremblent .
C’est alors que me revient une petite phrase que citait si souvent mon père et dont je comprends le sens à cette minute là :
Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous (Paul Eluard) -
Décris-moi un mouton
La boucle serait-elle bouclée ?
De nouveaux horizons ce week end ?| dernière édition par agathe Réputation: 10137 | Messages: 8435 -
Décris-moi un mouton
@Kachina
Que c'est émouvant.Le bonheur n'est pas une chose toute faite. Il découle de vos propres actions
-
Décris-moi un mouton
@agathe Patience ! On a jusqu'à demain soir . Mais si tu veux écrire un autre texte d'ici là fais toi plaiz !
@Artelise merci! ravie de connaître ton ressenti
| dernière édition par Kachina Réputation: 23365 | Messages: 16020 -
Décris-moi un mouton
Bonsoir les plumes
Comme le dirait si bien @agathe, la boucle est cette fois ci bouclée.
Si les valises sont faites, si l'encrier est plein, si les plumes sont bien affutées et si votre muse trépigne d'impatience, alors , y'a plus de doute, c'est que nous sommes fin prêts à embarquer et laisser derrière nous cette belle escale qui nous a bien fait rêver.Allez rêvons encore ! Je viens de piocher au hasard le mot Séduction à vous d'y associer ce que votre hasard vous proposera
Même si elle nous a annoncé une semaine bien chargée, j'espère qu' @Artelise trouvera le temps, entre deux déballages de carton, de déposer un mot
mais @Music @agathe @ytica @ayamé @cupide @Louikatorz je vous attends .
Bonne soirée.
| dernière édition par Kachina Réputation: 23365 | Messages: 16020 -
Décris-moi un mouton
@Kachina J'ouvre une page du premier livre sur mon bureau, je tombe sur : labyrinthe
-
Décris-moi un mouton
Pour changer un peu, je vais attraper au vol un mot dans ce que dit la personne qui parle actuellement à la radio, ça sera : respect
Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux
| dernière édition par ytica Réputation: 1716 | Messages: 836