Merci pour ta suggestion @Marie-Cineaddict ! Je ne connaissais pas Hunger et je ne regrette pas du tout de l'avoir vu. Et puis je plussoie tous tes commentaires ^^
Ce film m'a complètement retournée et j'en ai eu les larmes aux yeux à la fin....
Il est d'une dureté et d'une âpreté incroyable, ce qui représente certainement bien la réalité du conflit nord-irlandais.
Ca a été l'occasion pour moi d'en apprendre plus sur ce sujet que je connaissais peu.
L'action du film se passe à un moment d'extrême tension entre le gouvernement britannique et les nationalistes irlandais. Ca fait 5 ans qu'on a retiré aux prisonniers leur statut spécial reconnaissant leur combat politique et depuis lors ils sont en rébellion avec la "blanket protest" (refus de porter l'uniforme de la prison) et la "no wash protest" (grève de l'hygiène, étape de protestation supérieure en raison du peu d'impact qu'a apporté la "blanket protest").
Le film se concentre sur le rapport de force entre les prisonniers et les gardiens de prison.
Le réalisateur ne nous ménage clairement pas et nous montre une réalité crue. Les scènes de résistance et de répression sont d'autant plus glaçantes qu'elles sont extrêmement épurées et ne prennent pas de détour.
On voit des prisonniers étalant leurs propres excréments sur les murs de leur cellule ou déversant leur urine dans les couloirs.
Les scènes de matraquage et de lavage forcé sont aussi très violentes.
On voit à un moment un jeune policier pleurer à l'écart, ne se sentant pas l'âme d'un tortionnaire. Il est pris dans un combat qui le dépasse complètement, un combat qui pousse à des actes inhumains.
Le très long plan-séquence entre Bobby Sands et le prêtre est vraiment belle à voir et d'une très grande intensité. C'est déjà un choix osé et très réussi de faire un plan fixe aussi long avec juste un dialogue de deux protagonistes. Cette scène coupe nettement avec la violence de ce qui se passe dans la prison du fait de sa longueur. Et c'est là qu'on découvre la personnalité de leader de Bobby et sa détermination sans bornes à aller jusqu'au bout pour sa cause avec l'annonce de la fameuse grève de la faim.
De là, le rythme du film change. La violence n'est plus entre les prisonniers et les gardiens mais dans l'évolution du corps de Bobby Sands. Encore une fois, on n'est pas épargnés. On voit toute l'atrocité de la transformation de Bobby: la maigreur extrême, les escarres, l'installation d'une structure métallique pour ne pas que les draps touchent le corps trop sensible. L'issue est tragique.
Michael Fassbender est vraiment impressionnant dans ce rôle tant par l'expression de sa détermination dans son regard que par sa transformation physique stupéfiante. J'ai été absolument bluffée par sa performance!
Ce film est poignant.
Je suis d'accord avec ce que tu dis @Jool. Les prisonniers sont, au moins en partie, des personnes ayant perpétré des attentats. Ils ne sont donc pas tout lisse de leur côté, et de l'autre côté, les gardiens et les policiers n'étaient probablement pas tous cruels non plus.
Pour moi, le point de vue intéressant du film se situe dans la retranscription de l'escalade de la violence d'un conflit d'un côté et de l'autre qui dure depuis des décennies à un point où la valeur de l'humain se perd.
Je trouve que ça questionne aussi pas mal sur notre rapport à nos libertés, à nos idéaux, et sur le prix qu'on y mettrait pour les défendre. Et la question est très complexe dans la mesure où plus nos limites sont atteintes plus on est enclin à être vindicatif.
Lao Zi a dit: "Il faut trouver la Voie!"