@hornet
Je prends ton post Hornet mais je n'y trouve pas tout ce qui suit, seulement le fond diffus de ce qui en anime beaucoup, et peut-être parfois moi-même un peu qui sait...
Mais pourquoi vouloir modifier radicalement la langue française ? Pourquoi ne pas en créer une autre en ce cas ?
Nous sommes considérablement fait par la langue. Celle-ci est un fait social qui produit une grande partie de nos conditionnements. Mais le signe (un mot par exemple) est essentiellement un tout dont signifiant ( c h a t ) et signifié (le truc tout mignon avec des poils qui miaule et griffe) entretiennent un rapport dialectique. La construction d'une langue est (normalement) un long processus historique. Celle-ci porte donc cette histoire, ces vécus, ces racines (dans ses étymologies), une culture, des sous-cultures... J'utiliserai même la notion de rhizome pour parler d'une langue (sous le contrôle de nos linguistes), puisant dans un terreau enrichi de l'humus de ses morts... Auguste Contes, le père de la sociologie, le disait, l'humanité est composée de plus de morts que de vivants...
La novation de langue n'est-elle pas le signe de ce temps qui voudrait faire fi des cultures et de l'Histoire ? Du passé faire table rase pour accélérer le passage à un forme déshumanisée car déracinée de transhumanisme ? (il existe d'autres formes possibles).
La haine du passé ? Au point d'un désir de destruction plus que de mutation ? Le méchant patriarcat, indéfini, caricaturé, voldemort / palpatine de la nouvelle humanité ? La méchante colonisation... des méchants blancs face aux belles civilisations de tous les autres peuples de la terre qui sans cela se seraient unis avec amour et sérénité dans un avenir radieux ? La fin du sens et des réalités, suite hydriforme du déconstructivisme, du surréalisme et de l'absurde dans lesquels a nagé le 20e siècle... a moins qu'il ne s'y soit perdu...
N'y-a-t-il pas un désir anomique, de destructuration du social... Au simple et banal profit de l'individu roi, et des collectivités, communautés qu'il se choisit au gré de ses besoins, affectifs, financiers, statutaires, idéologiques, etc. Un enfant trépignant, hystérique à l'idée d'être contraint par le réel, le poids de l'Histoire, du passé... Se débarrasser des morts pour ne vivre que ses désirs et ses plaisirs... S'accumule alors les contradictions, les confusions intellectuelles, les envies de simplification, de ... ??? retour aux sources ? à l'état de nature ? De fuite vers l'avant ?
Et dans ce qui semble se dessiner depuis quelques décennies, c'est bien Durkheim qui a raison sur Guyau et certains anarchistes libertaires. L'anomie n'ouvre pas tant sur de la créativité que sur une absurdie, obsédée par l'innovation socio-culturelle, coextensive de l'économique... Et oui... car se retrouvent ainsi libertaires (ultra gauchistes communautaristes pour le dire trop vite) et libertariens (vrais ultra libéraux), sans le comprendre réellement d'ailleurs la plupart du temps (du moins pour les premiers, car les seconds en font, eux, leur miel), à mon sens.
Je suis désolé d'écrire de façon aussi serrée, mais les idées se dérouleront peut-être avec d'autres intervenants. Je ne veux toutefois pas écarter ce qui peut donner du sens et faire réagir certain-e-s...
Et cette inclusion, que je viens d'utiliser, je la préfère, traditionnellement, avec des tirets plutôt que des points. C'est ainsi une inclusion moins exclusive que fermée ou piquetée par des points. Et surtout elle n'a de sens qu'à l'écrit, pour des lecteurs avertis (on pourra me le reprocher, je le comprendrais, mais j'écris ici plus pour certain-e-s lectures que pour d'autres, même si je tente de rester à peu près accessible dans la forme).
Une certaine dose d'inclusion me paraît parfois utile (et elle n'est pas si nouvelle), en fonction de la forme, du support, et du contexte. Mais je la vois comme un registre, peu approprié à des apprenants. Et certainement pas à visées novlanguesque !