Et si on s'échangeait des poèmes et des jolis mots ?
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C'est peut-être dû à mon grand âge mais j'aime de plus en plus les beaux textes et la poésie. On pourrait s'échanger par ici qques textes, poèmes ou citations qui nous touchent et qu'on aimerait partager
J'ai cité plus haut
Fernando Pessoa "quand je vois le beau j'aimerais être deux" -
J'aime ce poème de Jorge Luis Borgès "tu apprendras"
"Après quelque temps, tu apprendras la différence entre tendre la main et secourir une âme….
Et tu apprendras qu'aimer ne signifie pas s’appuyer,
et que compagnie ne signifie pas toujours sécurité.Tu commenceras à apprendre que les baisers ne sont pas des contrats, ni des cadeaux, ni des promesses…
Tu commenceras à accepter tes échecs la tête haute, comme un adulte, et non avec la tristesse d’un enfant.
Et tu apprendras à construire aujourd’hui tes chemins, parce que le terrain de demain est incertain, et ne garantit pas la réalisation des projets, et que le futur a l’habitude de ne pas tenir ses promesses.Après un certain temps, tu apprendras que le soleil brûle si tu t’y exposes trop.
Tu accepteras le fait que même les meilleurs peuvent te blesser parfois, et que tu auras à leur pardonner.
Tu apprendras que parler peut alléger les douleurs de l’âme.
Tu apprendras qu’il faut beaucoup d’années pour bâtir la confiance, et à peine quelques secondes pour la détruire, et que, toi aussi, tu pourrais faire des choses dont tu te repentiras le reste de ta vie.
Tu apprendras que les vraies amitiés continuent à grandir malgré la séparation.
Et que ce qui compte, ce n’est pas ce que tu possèdes, mais qui compte dans ta vie.
Et que les bons amis sont la famille qu’il nous est permis de choisir.
Tu apprendras que nous n’avons pas à changer d’amis, si nous acceptons que nos amis changent et évoluent.
Tu expérimenteras que tu peux passer de bons moments avec ton meilleur ami en faisant n’importe quoi, ou en ne rien faisant, seulement pour le plaisir de jouir de sa compagnie.
Tu découvriras que souvent nous prenons à la légère les personnes qui nous importent le plus ; et pour cela nous devons toujours dire à ces personnes que nous les aimons, car nous ne savons jamais si c’est la dernière fois que nous les voyons…
Tu apprendras que les circonstances, et l’ambiance qui nous entoure, ont une influence sur nous, mais que nous sommes les uniques responsables de ce que nous faisons.
Tu commenceras à comprendre que nous ne devons pas nous comparer aux autres, sauf si nous désirons les imiter pour nous améliorer.
Tu découvriras qu’il te faut beaucoup de temps pour être enfin la personne que tu désires être, et que le temps est court…
Tu apprendras que si tu ne contrôles pas tes actes, eux te contrôleront.
Et qu’être souple ne signifie pas être mou ou ne pas avoir de personnalité : car peu importe à quel point une situation est délicate ou complexe, il y a toujours deux manières de l’aborder.
Tu apprendras que les héros sont des personnes qui ont fait ce qu’il était nécessaire de faire, en assumant les conséquences.
Tu apprendras que la patience requiert une longue pratique.
Tu découvriras que parfois, la personne dont tu crois qu’elle te piétinera si tu tombes, est l’une des rares qui t’aidera à te relever.
Mûrir dépend davantage de ce que t’apprennent tes expériences que des années que tu as vécues.
Tu apprendras que tu tiens beaucoup plus de tes parents que tu veux bien le croire.
Tu apprendras qu’il ne faut jamais dire à un enfant que ses rêves sont des bêtises, car peu de choses sont aussi humiliantes ; et ce serait une tragédie s’il te croyait, car cela lui enlèverait l’espérance!
Tu apprendras que, lorsque tu sens de la colère et de la rage en toi, tu en as le droit, mais cela ne te donne pas le droit d’être cruel.
Tu découvriras que, simplement parce que telle personne ne t’aime pas comme tu le désires, cela ne signifie pas qu’elle ne t’aime pas autant qu’elle en est capable : car il y a des personnes qui nous aiment, mais qui ne savent pas comment nous le prouver…
Il ne suffit pas toujours d’être pardonné par les autres, parfois tu auras à apprendre à te pardonner à toi-même…
Tu apprendras que, avec la même sévérité que tu juges les autres, toi aussi tu seras jugé et parfois condamné…
Tu apprendras que, peu importe que tu aies le cœur brisé, le monde ne s’arrête pas de tourner.
Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme, au lieu d’attendre que les autres te portent des fleurs…Alors, et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement endurer ; que tu es fort, et que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t’imaginais ne plus pouvoir avancer !
C’est que réellement, la vie n’a de valeur que si tu as la valeur de l’affronter ! "
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@Maarie Ça m'a fait penser au poème "Si" de Rudyard Kipling.
Ma petite contribution nocturne :
Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise.
Enivrez-vous
Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris -
@KypDurron oui oui comme tu as raison, merci du rappel
je mets ici l'une des traductions"If" de Rudyard Kipling
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;Si tu sais méditer, observer et connaitre,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre,
Penser sans n’être qu’un penseur ;Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils. -
Douceur
Je dis : douceur.
Je dis : douceur des mots
Quand tu rentres le soir du travail harassant
Et que des mots t'accueillentlivre_Guillevic_terre_bonheur
Qui te donnent du temps.Car on tue dans le monde
Et tout massacre nous vieillit.Je dis : douceur,
Pensant aussi
À des feuilles en voie de sortir du bourgeon,
À des cieux, à de l'eau dans les journées d'été,
À des poignées de main.Je dis : douceur, pensant aux heures d'amitié,
À des moments qui disent
Le temps de la douceur venant pour tout de bon,Cet air tout neuf,
Qui pour durer s'installera.Eugène Guillevic
"Terre à bonheur" - Editions Seghers, 1952, puis Collection Poésie d’abord, 2004 -
L'intelligence.
L’intelligence dit que la fourmi travaille.
L’amour dit qu’elle souffre.
L’intelligence dit que la fleur est éclose.
L’amour dit qu’elle est belle et va mourir.
L’intelligence dit que la pierre est muette.
L’amour dit qu’elle a peur de parler.
L’intelligence dit que l’astre en cache d’autres.
L’amour dit qu’il est seul dans sa gloire infinie.
L’intelligence dit que la rivière coule.
L’amour dit qu’elle passe et que c’est triste.
L’intelligence dit qu’elle est lumière.
L’amour dit qu’il accepte d’être aveugle.
L’intelligence dit que le jour suit la nuit.
L’amour dit que le jour et la nuit se confondent.
L’intelligence dit qu’il faut comprendre.
L’amour dit qu’on a tort de trop s’interroger.
L’intelligence dit que l’oiseau vole.
L’amour dit que l’oiseau est un dieu.
L’intelligence dit que l’amour le dérange.
L’amour dit qu’il envie l’intelligence.(Alain Bosquet)
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"Quand je vois le beau, j'aimerais être deux." Fernando Pessoa
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J'aime Pessoa!
"De tout, il resta trois choses :
La certitude que tout était en train de commencer,
la certitude qu’il fallait continuer,
la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.
Faire de l’interruption, un nouveau chemin,
faire de la chute, un pas de danse,
faire de la peur, un escalier,
du rêve, un pont,
de la recherche…
une rencontre." -
Bonsoir à tous,
Mon passage préféré de Pierre Jean Jouve dans Hécate.
Belle comme tu es, tu contiens un démon d’une espèce particulière. Depuis la naissance. J’aime ton démon. C’est un démon de débauche, de douleur, et de chasteté… Aussi je t’ai vue souvent comme la diane infernale qui préside aux enchantements. Elle n’est pas douce, elle n’a pas la lumière du jour.
Ce n’est pas assez, ô Catherine. En toi, au milieu, est l’étincelle d’une autre lumière. L’étincelle du feu contraire. Je la nomme charité. Je l’éveillerai. Je l’éveille déjà. Dans ce réveil, ou cet éveil je me sauve enfin moi-même. -
Bravo pour ces choix,j'aime Aragon, rené Char.....Et parfois,je tombe devant un seul vers,qui en dit tant!
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« Dans un grain de sable voir un monde et dans chaque fleur des champs le Paradis, faire tenir l'infini dans la paume de la main et l'Éternité dans une heure. »
William Blake
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"Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire."- Paul Eluard, l'Amoureuse
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Annabel Lee
C'était il y a longtemps, très longtemps,
Dans un royaume au bord de l'océan,
y vivait une vierge que vous pourriez connaître
Du nom d'Annabel Lee;
Cette vierge vivait sans autre pensée
Que de m'aimer et d'être mon aimée.Elle était une enfant et j'étais un enfant,
Dans ce royaume au bord de l'océan,
Mais nous aimions d'un amour
qui était plus que de l'amour
Moi et mon Annabel Lee,
D'un amour tel que les séraphins du Ciel
Nous jalousaient elle et moi.Et c'est pourquoi, il y a longtemps,
Dans ce royaume au bord de l'océan,
Les vents firent éclater un nuage et glacèrent
Ma toute belle Annabel Lee ;
Si bien que ses nobles parents sont venus
Et l'ont emportée loin de moi
Pour l'enfermer dans un tombeau
Dans ce royaume au bord de l'océan.Les anges, loin d'être aussi heureux que nous au Ciel,
Nous envièrent elle et moi :
Oui ! C'est pour cela (comme chacun le sait
Dans ce royaume au bord de l'océan)
Qu'une nuit le vent surgit d'un nuage
Et glaça, et tua mon Annabel Lee.Mais notre amour était beaucoup plus fort que l'amour
De nos aînés, de bien des personnes
Beaucoup plus sages que nous,
Et jamais les anges du Ciel là-haut
Ni les démons au fin fond de l'océan
Ne pourront séparer mon âme de l'âme
De ma toute belle Annabel Lee.Car la lune ne luit jamais, sans qu'elle me porte
Des rêves d'Annabel Lee, la toute belle,
Et les étoiles ne se lèvent jamais, sans que je sente
Les yeux vifs d'Annabel Lee, ma toute belle,
Ainsi, aux rives de la nuit, je me couche à côté
De ma chérie! Ma chérie, ma vie, ma promise,
Dans son tombeau, là, au bord de l'océan,
Dans sa tombe, à côté de l'océan.Edgar Allan Poe
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Juan et Pedro arrivèrent à l’âge où il est nécessaire de travailler pour vivre. Tous deux fils de travailleurs, ils n’eurent pas l’opportunité d’acquérir une instruction leur permettant d’échapper à la chaîne du salariat. Mais Juan était courageux. Il avait lu dans les journaux comment des hommes issus d’un milieu modeste étaient arrivés, à force de travail et d’épargne, à devenir les rois de la finance et à dominer les marchés et même les nations. Il avait lu mille anecdotes sur les Vanderbilt, les Rockfeller, les Rotschild, les Carnegie. Ces derniers, selon la presse et même selon les livres scolaires grâce auxquels on abrutit la jeunesse actuelle, étaient à la tête de la finance mondiale pour une seule raison : leur acharnement au travail et leur dévotion pour l’épargne (vil mensonge !).
Juan se livra au travail avec une ardeur sans pareille. Il travailla pendant un an et se retrouva aussi pauvre qu’au premier jour. Au bout d’une autre année, il en était toujours au même point. Il s’acharna au travail sans désespérer. Cinq ans passèrent, au bout desquels — au prix de nombreux sacrifices — il put économiser un peu d’argent. Pour y parvenir, il dut réduire ses dépenses alimentaires au strict minimum, ce qui affaiblit ses forces. Il se vêtit de guenilles : la chaleur et le froid le tourmentèrent, épuisant son organisme. Il vécut dans de misérables taudis, dont l’insalubrité l’affaiblit encore plus.
Mais Juan continua à économiser tant et plus, au prix de sa santé. En contrepartie de chaque centime mis de côté, il perdait une partie de ses forces. Il acheta un bout de terrain et construisit une petite maison afin d’épargner le prix du loyer. Par la suite, il se maria. L’État et le curé ponctionnèrent ses économies, fruit de nombreux sacrifices.
Plusieurs années s’écoulèrent. Le travail n’était pas régulier. Les dettes commencèrent à s’accumuler.
Un jour, un de ses fils tomba malade. Le médecin refusa de le soigner car on ne payait pas ses honoraires. Au dispensaire public, on le traita si mal que l’enfant en mourut.
Malgré cela, Juan ne s’avouait pas vaincu.
Il se souvenait de ses lectures vantant les fameuses vertus de l’épargne et autres sornettes du même acabit. Il était évident qu’il deviendrait riche car il travaillait et économisait. N’était-ce pas ce qu’avaient fait Rockfeller, Carnegie et beaucoup d’autres dont les millions laissent bouche bée l’humanité inconsciente ?
Entre-temps, les produits de première nécessité augmentaient de façon inquiétante. Les rations alimentaires diminuaient de jour en jour dans le foyer du pauvre Juan et, malgré tout, les dettes s’accumulaient et il ne pouvait plus économiser le moindre sou. Pour comble de malheur, son patron décida d’employer de nouveaux travailleurs, à moindre coût. Notre héros, comme beaucoup d’autres, fut licencié du jour au lendemain. De nouveaux esclaves occupaient les postes des anciens. Comme leurs prédécesseurs, ils rêvaient aux richesses qu’ils amasseraient à force de travail et d’épargne.
Juan dut hypothéquer sa maison, espérant maintenir à flot la barque de ses illusions, qui s’enfonçait, s’enfonçait irrémédiablement.
Il ne put payer ses dettes et dut laisser entre les mains des créanciers le produit de son sacrifice, le peu de bien amassé à la sueur de son front.
Obstiné, Juan voulut encore travailler et épargner, mais en vain. Les privations qu’il s’imposait en économisant et le dur labeur qu’il avait accompli dans sa jeunesse avaient épuisé ses forces. Partout où il demandait du travail, on lui répondait qu’il n’y avait rien pour lui. Il était une machine à produire de l’argent pour les patrons, mais une machine délabrée : les vieilles machines, on les met au rebut. Pendant ce temps, la famille de Juan mourait de faim. Dans son sombre taudis, il n’y avait pas de feu, il n’y avait pas de couvertures pour combattre le froid. Les enfants, désespérés, réclamaient du pain.
Juan partait tous les matins à la recherche d’un travail. Mais qui accepterait de louer ses vieux bras affaiblis ? Après avoir parcouru la ville et les champs, il rentrait chez lui, où l’attendaient les siens, tristes et affamés : sa femme et ses enfants pour qui il avait rêvé les richesses de Rockfeller et la fortune de Carnegie.
Un après-midi, Juan s’attarda à contempler le défilé de riches automobiles occupées par des personnes grassouillettes sur le visage desquelles on pouvait deviner la satisfaction d’une vie sans soucis. Les femmes bavardaient joyeusement et les hommes, mielleux et insignifiants, les courtisaient avec des phrases sirupeuses, qui auraient fait bailler d’ennui d’autres femmes que des bourgeoises.
Il faisait froid. Juan frissonna en pensant aux siens qui l’attendaient dans le taudis, véritable refuge du malheur. Comme ils devaient trembler de froid en ce moment ! Ils devaient souffrir les intolérables tortures de la faim ! Comme leurs larmes devaient être amères en cet instant !
L’élégant défilé continuait. C’était l’heure de la parade des riches, de ceux qui — selon le pauvre Juan — avaient su travailler et épargner comme les Rotschild, comme les Carnegie, comme les Rockfeller. Un riche monsieur arrivait dans un luxueux équipage. Son apparence était magnifique. Il avait les cheveux blancs, mais son visage restait jeune. Juan se frotta les yeux, croyant être victime d’une illusion. Non : ses vieux yeux ne le trompaient pas. Ce grand monsieur était Pedro, son camarade d’enfance !
En voilà un qui a dû savoir travailler et épargner, pensa Juan, pour avoir pu ainsi sortir de la misère, pour arriver à cette hauteur et gagner autant de distinction !
Ah ! Pauvre Juan ! Il n’avait pas pu oublier les histoires imbéciles des grands vampires de l’humanité. Il n’avait pas pu oublier ce qu’il avait lu dans les livres d’école où l’on abrutit volontairement le peuple !
Pedro n’avait pas travaillé. Homme sans scrupules et doté d’une grande malice, il avait compris que ce qu’on appelle honneur n’est pas source de richesses. Par conséquent, il s’évertua à tromper ses semblables. Dès qu’il put réunir quelques fonds, il installa des ateliers et loua de la main d’œuvre à bas prix, de sorte qu’il commença à s’enrichir. Il agrandit ses affaires, loua de plus en plus de bras, au point de devenir millionnaire et grand seigneur, grâce aux innombrables Juan qui prenaient au pied de la lettre les conseils de la bourgeoisie.
Juan continua à contempler le défilé de ces fainéants(sic).
Au coin de la rue la plus proche, un homme s’adressait au public. À vrai dire, son auditoire était maigre. Qui était-il ? Que prêchait-il ? Juan s’approcha pour écouter.
« Camarades, disait l’homme, le moment est venu de réfléchir. Les capitalistes sont des voleurs. C’est uniquement par de mauvaises actions que l’on peut gagner des millions. Nous, les pauvres, nous nous décarcassons au travail et quand nous ne sommes plus capables de travailler, les bourgeois nous jettent dehors et nous laissent sans ressources, de la même façon qu’ils se débarrassent d’un cheval vieilli sous le harnais. Prenons les armes pour conquérir notre bien être et celui de notre famille ! »
Juan lança un regard méprisant à l’orateur, cracha par terre avec colère et rentra dans son taudis où l’attendaient, affligés, affamés et frigorifiés, ceux qu’il aimait. L’idée que le travail et l’épargne faisaient la richesse de l’homme vertueux ne pouvait s’éteindre en lui. Même devant le malheur immérité des siens, l’âme de ce misérable élevé pour être esclave ne pouvait se révolter.
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Je ne comprends pas, c'est un livre ? tout ce que je trouve, c'est un sujet identique sur un autre forum.
Si ce n'est pas un livre, ça ne doit pas figurer en Littérature. (accessoirement, si tu peux aussi indiquer tes sources ou le cas échéant si les textes sont de toi )
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Faute de réponse, je transfère en Parler Lectures.
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Seul
Depuis l'heure de l'enfance, je ne suis pas
Semblable aux autres ; je ne vois pas
Comme les autres ; je ne sais pas tirer
Mes passions à la fontaine commune
D'une autre source provient
Ma douleur, jamais je n'ai pu éveiller
Mon cœur au ton de joie des autres
Et tout ce que j'aimai, je l'aimai seul
C'est alors -- dans mon enfance -- à l'aube
D'une vie de tumulte que fut puisé
A chaque abîme du bien et du mal,
Ce mystère qui toujours me retient --
Au torrent et à la fontaine
Dans la falaise rouge de la montagne --
Dans le soleil qui roule autour de moi
En son or automnal
Dans l'éclair qui volait au ciel et passait
Près de moi pour s'enfuir,
Dans le tonnerre et dans l'orage
Et dans le nuage qui prenait la forme
(Alors que le reste du ciel était bleu)
D'un démon à mes yeux.Edgar Allan Poe (Traduction de Charles Baudelaire)
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@Lavinia J'adore E.A.P
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@pocahontas13 Tu as bon goût ^^.
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@Lavinia mercii