Oui, on est vieux au cas par cas, et ça se passe différemment selon si on a eu des enfants ou non, s'il reste des collatéraux, s'il y a des amitiés fortes et aussi, ça me semble important, si on reste, en tant qu'old timer, suffisamment ouvert à son siècle pour ne pas rebuter les cadets autour de soi. Exit donc les "Pauvre France!" et les "C'était mieux avant !", les "De mon temps !" qui moi, me gavaient lorsque j'étais jeune et moins jeune.
J'ai remarqué, au vu de mon (encore) jeune expérience du 3ème âge, que le monde des vioques est hyper-codifié. A savoir qu'on peut être très différemment sexa, septua et au-delà dans le cercle restreint d'une toute petite ville, d'un village, d'un quartier, et que (pardon les féministes et leur pendant masculin, les mascus) dans pas mal de cas, un monde sépare les hommes des femmes dans les comportements, les habitudes, les projets, les attentes, les modes de vies, et un autre monde encore sépare les en-couple et les pas-ou-plus-en-couple, les propriétaires et les pas-propriétaires, les vioques de la classe moyenne et ceux ayant appartenu au monde ouvrier.
Toujours au vu de cette (encore) fraîche expérience, j'ai l'impression que les femmes seules se débrouillent mieux que les mecs seuls, qu'elles sortent et partagent des loisirs, font du sport entre copines, qu'elles sont plus enclines à s'inscrire dans des assos', là où les types seuls paraissent pour certains évoluer dans une espèce d'errance. J'ai mon cousin de 83 ans qui sort peu, a quelques potes éloignés, en bas de chez lui crèche un gars un peu plus jeune dont le bout de terrasse, qui donne sur la cour, est un fouillis de trucs de récupe qui s'entassent, un peu plus loin c'est un gars dans les 75 balais qui nourrit des chats et qui vit dans un véritable boui-boui. Dans mon quartier, un gars qui est un ancien voisin, sort balader son chien et faire ses trois courses pour, le reste du temps, le passer au bistrot ou devant la télé. J'ai une voisine par contre très aisée qui ne tient pas en place, pied-à_terre ici, un autre à Nice, un autre encore à Paris, près de 70 ans, inscrite à plusieurs assos de rando, plein de copines mais ouvertement en panne de mec.
Là-dessus, on pourrait disserter longtemps sur la difficulté qu'il y a à trouver un.e partenaire passé 55/60 et au-delà, tellement les attentes de part et d'autre sont dissemblables...
Une expérience très positive qui a été mise en place il y a quelques années dans un village voisin (je ne sais pas si elle a été poursuivie, la personne qui m'en a parlé n'habite plus ce village), où les pensionnaires d'une résidence 3ème âge pour retraités modestes partageaient leurs repas avec les écoliers à la même cantine. Des activités étaient organisées réunissant enfants et vieux, activités créatives, contes, lectures, etc...
Je suis viscéralement opposé aux ghettos quels qu'ils soient, et je pense que si on veut venir à bout de cette solitude des vieux, qui existe aussi, comme nous le montre le reportage d'Arte, chez les jeunes et les moins jeunes, il faut organiser, mettre en place des brassages inter-âges. Les clubs de vieux où l'on se retrouve pour jouer à la pétanque, aux cartes et faire de la rando entre semblables, c'est bien que ça existe mais on reste dans l'échange limité et au final, on s'encroûte dans ses certitudes.
Vous en pensez quoi ?