Voilà encore un concept tout droit issu de la sociologie militante contemporaine affranchie de toute exigence épistémologique et vouant un culte au ressenti ainsi qu'à la subjectivité.

Cette notion faisant fureur chez la génération perpétuellement offensée ayant repéré le bon filon qui consiste à se victimiser de façon exagérément ostentatoire afin de voir ses revendications les plus saugrenues être respectées de peur d'être considéré comme un raciste, un homophobe ou autre propos haineux utilisés de façon tellement abusive qu'ils en perdent toute signification.

Outre qu'a l'ère de l'information numérique instantanée il serait effectivement impossible de faire respecter une telle prérogative, ce serait se montrer parfaitement borné et obscurantiste de vouloir restreindre un aspect culturel à l'usage exclusif de la communauté de qui elle émane. Si les pays occidentaux revendiquaient demain l'apanage de la médecine moderne ou de l'électricité, je gage volontiers que là on se lèverait en masse pour contester la légitimité d'une réclamation aussi aberrante.

Il faut bien évidemment débattre avec l'extrême droite, il faut pouvoir débattre avec n'importe qui. Là où fini le débat, commence la violence.
Refuser de débattre "par principe" signifie que l'on catégorise les individus selon leur filiation politique par groupes homogènes. Cette façon de faire n'accepte aucune nuance et range les gens dans des boites hermétiques qui seront jugés en fonction de nos préjugés et non en fonction de leurs idées réelles.
Quel que soit son positionnement sur le spectre politique, chaque personne à des idées qui n'appartiennent qu'à elle et tel individu de droite peut tout à fait être en désaccord avec la ligne de son parti sur tel ou tel point.
Donc refuser de débattre c'est nier l'unicité de chaque individu et le juger en fonction de nos idées préconçues. C'est refuser la possibilité d'avoir des idées communes avec cette personne, comme si cette seule pensée pouvait vous contaminer et transmettre le stigmate de sa malveillance.
Refuser le dialogue c'est abandonner l'idée même de démocratie et est assurément une marque de radicalité.