J'avais un peu hésité d'aller le voir à cause de mon rapport compliqué avec Spielberg depuis quelques années. Evidemment, je trouve (et c'est vraiment pas très original) que c'est un extraordinaire réalisateur, dont la filmographie est l'une des plus impressionnante de l'histoire du cinéma. Ses films ont suivi mes pas de modeste cinéphile depuis mon enfance ...
Pourtant, à force de nous avoir habitué à l'excellence, je trouve qu'il a fini par cesser de m'étonner. La maitrise absolue de son art s'est retournée contre lui, j'en arrive à trouver ses productions trop lisses, trop parfaites, sans aspérité, et finalement presque ennuyeuses.
Un des derniers exemples, c'est son West Side Story, qui était impeccable d'un point de vue formel, mais je n'y avais pas trouvé de grand intérêt par rapport à l'original, dont il n'arrivait pas à retrouver la fraicheur et la spontanéité.
Dans
The Fabelmans, impossible de ne pas se laisser emporter encore une fois par le génie du maestro. Mais au milieu de cette démonstration magistrale de cinéma, je trouve que Spielberg pousse systématiquement tous les curseurs au maximum, au risque de manque un peu de subtilité. Ca manque un peu de fragilité, de défaut, de spontanéité... En un mot, il manque la caractéristique du vivant : un peu de chaos.
Attention, n'allez pas croire que je n'ai pas aimé le film, ca serait cracher dans la soupe ! C'est pour moi un grand Spielberg, et du très très grand cinéma. Mais à force de nous livrer des œuvres tirées au cordeau, on finit par attendre autre chose, en tout cas autre chose que des démonstrations de sa maitrise.
A priori, je n'aimais pas trop l'idée d'avoir affaire à une biographie. Je n'aime pas trop cette mode de se regarder le nombril et de le montrer à tous les passants. Pourtant, tirer un scenario à partir de sa propre histoire aurait pu être l'occasion de nous livrer une nouvelle facette du personnage : des failles, des doutes, des regrets, peut-être une part sombre inconnue... Au lieu de ça, il se livre à une description chirurgicale, et c'est un peu dommage. (sans compter que de toute façon, il a déjà passé sa vie à nous raconter son enfance...)
Finalement, Spielberg, c'est un peu le Beethoven du cinéma : c'est nickel, c'est imparable, y a rien qui dépasse et la maitrise est incontestable, mais c'est pas très subtil.