@mai-tai C'est tout à fait ça ! La publicité, même extrêmement mauvaise, était bonne à prendre... Tout ça c'était donc pour le référencement sur Google !
L'entreprise s'appelait DecorMyEyes et vendait des montures de lunettes de designer et autres accessoires d'optique (dans les années 2000). Le manager s'appelait Vitaly Borker.
Tout a commencé quand Borker reçut des premières plaintes de clients, légitimes, car les produits vendus étaient globalement tout pourris, et/ou de la contrefaçon. Mais le problème n'était pas dans les produits pour Borker, lui estimait surtout que ces clients revendicateurs étaient impolis, lui coûtaient de l'argent, mentaient pour obtenir des ristournes… et ça l'agaçait fortement.
Excédé, Borker finit un jour par se laisser aller en leur répondant avec agressivité et grossièretés. À sa grande surprise, il se rendit compte que ces réponses peu professionnelles étaient loin de lui nuire : en effet, les clients abasourdis et choqués par les insultes de Borker se ruaient sur les réseaux sociaux de l'époque, sur des sites de protection des consommateurs ou de réclamation en ligne, pour diffuser massivement le récit de leurs mésaventures avec le service après-vente de DecorMyEyes. Et à chaque fois, ces clients n'hésitaient pas à dénoncer la marque, et donc à donner le lien du site…
L'algorithme PageRank de Google à l'époque fonctionnait de telle sorte que cette profusion de liens vers le site DecorMyEyes a eu tôt fait de le positionner tout en haut des résultats de recherche, améliorant ainsi drastiquement le trafic sur le site de Borker et lui rapportant donc masse de nouveaux clients, et donc de l'argent.
Alors Borker en fit son fonds de commerce, multipliant les réponses abjectes à toute réclamation.
Par exemple : un client se plaignait de n'avoir pas reçu une commande, Borker répondait "rupture de stock, vous avez qu'à commander un autre produit" (sur ce ton-là), le client offusqué demandait alors le remboursement, Borker refusait et lâchait des insultes, le client menaçait d'attaquer Borker en justice, Borker envoyait alors une photo de la maison du client prise depuis Google Earth avec le msg "je sais où vous habitez, et je suis juste à côté, à votre place je ne tenterais rien" (authentique). Alors le client terrifié et outré allait se plaindre de DecorMyEyes partout ailleurs en ligne, et bingo pour Borker.
À l'époque, il suffisait de googler des termes comme "Gucci glasses", pour voir apparaître en lien numéro 1 sur Google le site DecorMyEyes, avant même le site officiel Gucci ! (Borker lui-même n'en revenait pas.)
Des sources :
En 2010, un journaliste du New York Times a enquêté sur cette affaire, interviewé Vitaly Borker, et rédigé un article hyper complet lisible ici.
Borker a aussi sa page wiki, qui relate tous les évènements qui ont mené à son arrestation (oui il a fini par être incarcéré pour fraude, évidemment).