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De chef de la junte à chef de l’Etat. Peu connu du grand public, l’homme de terrain s’est mué en quelques mois en homme de pouvoir. Le colonel Assimi Goïta, 38 ans, dirigera la transition au Mali jusqu’aux prochaines élections prévues début 2022.
Un militaire discret
Après son premier coup de force en août 2020, le chef de la junte militaire a dû se présenter aux Maliens. "Je suis le colonel Assimi Goïta, le président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP)." Peu connu en dehors du cercle militaire, l’ancien commandant de bataillon des forces spéciales est aujourd’hui en première ligne sur le front politique et s’impose comme l’homme fort du pays. Neuf mois après avoir écarté le président Ibrahim Boubakar Keïta, il récidive avec un nouveau putsh militaire et pousse à la démission le président Bah N'daw et le Premier ministre Moctar Ouane. C’est ainsi qu’il devient de facto le président de la transition.
Un homme de terrain
Assimi Goïta est un militaire avant tout, un homme de terrain. Fils d'un ancien directeur de la police militaire, il a étudié au Prytanée de Kati, la principale école militaire du Mali. En 2002, il a été envoyé dans le Nord et y a fait ses armes, basé successivement à Gao, Kidal, Tombouctou, Ménaka et Tessalit.
Le colonel Goïta a participé aux combats contre les rebelles indépendantistes, puis jihadistes, avant de prendre la tête des forces spéciales en 2014. Il reste depuis engagé dans la lutte contre le terrorisme. En août 2016, il a suivi une formation au Centre européen d’études de sécurité George C. Marshall, qui dépend du Département américain de la Défense et du ministère fédéral allemand de la Défense.
Jusqu’où ira-t-il ?
Le mystère plane encore sur ses motivations. Se contentera-t-il de diriger la transition et de mener le pays vers un pouvoir civil ? Théoriquement, le colonel Goïta se place en sauveur et dit vouloir "sortir le Mali du chaos, de l’anarchie et de l’insécurité". Depuis son premier coup de force en août 2020, il met en avant l’intérêt de la nation et renonce sur le papier à la possibilité de devenir président. Neuf mois plus tard, le voilà au sommet de l'Etat. "Il fallait choisir entre la stabilité du Mali et le chaos. Nous avons choisi la stabilité", dit-il après son second putsch. Reste à savoir s’il se considère désormais comme le seul et unique garant de la stabilité du pays.