On the Beach de Nevil Shute, publié en 1957, est un roman de science-fiction et plus précisément appartenant au genre post-apocalyptique. L'intrigue se déroule en Australie, seul endroit de la carte épargné par les radiations nucléaires qui ont ravagé le reste de la planète, suite à une guerre qui sévissait entre différents pays de l'hémisphère Nord. L'on suit un groupe de survivants qui vit les derniers mois, les dernières semaines de leur existence avant que les radiations n'envahissent l'horizon.
Le roman s'inscrit dans les craintes classiques de l'époque : après la seconde guerre mondiale et la bombe H et alors que l'URSS et les États-Unis sont en pleine guerre froide, la menace du nucléaire est dans tous les esprits, l'irrépressible peur que l'un des pays finisse par craquer et passer à l'action et le traumatisme d'Hiroshima et Nagasaki font que les abris anti-nucléaires poussent comme des champignons dans les jardins des particuliers, que les suspicions que l'autre soit un communiste (aka un ennemi) sont omniprésentes et toutes ces tensions, ces angoisses transparaissent dans la littérature de l'époque.
On the Beach, évoque un monde dévasté par ....
Au travers de ses personnages, il nous révèle aussi la vanité de l'existence : que faire quand demain n'existe plus ? En tout cas, on ne peut décemment pas continuer à mener son existence comme si de rien n'était : "Work just for the sake of working ?" she enquired. "It sounds simply foul." (ce n'est pas en français parce que la traduction est datée et quasi introuvable). Être le dernier bastion de l'humanité, c'est déjà compliqué au niveau matériel car toutes les ressources sont limitées et certains domaines d'activités deviennent totalement désuets (en effet, on nous montre par exemple que les voitures sont inutilisées car il n'y a plus suffisamment d'essence, les distances redeviennent donc grandes entre les différentes villes, régions, les magasins, les bureaux ferment car il ne sert plus à rien d'acheter autres choses que les produits de premières nécessités...), les individus se replient sur eux-mêmes et se laissent couler vers une forme d'indolence, cherchent à fuir l'idée de leur fin inextinguible par différents moyens (en travaillant pour le personnage du commandant de sous-marin, en s'enivrant pour les plus jeunes, en se réfugiant dans la religion...).
Et puis, comment continuer à vivre quand l'on sait que ses proches et quelques milliards d'autres personnes ne sont plus ? Qu'est-ce qui pousse l'individu à continuer quand même de se lever tous les matins et d'accomplir les tâches que l'on attend de lui ? Comme le commandant Towers, officier de la navy qui se trouvait dans son sous-marin au moment où les États-Unis ont cessé le contact, qui a pu constater en navigant autour des côtes américaines que la zone est morte, qui sait donc pertinemment que sa vie passée est terminée mais qui persiste à gérer son sous-marin comme il l'a toujours fait et à vivre dans ses souvenirs.
Mais il est aussi question d'espoir, celui que, malgré l'absence de communication avec le reste du monde, malgré les radiations, il y ait certains endroits épargnés, la possibilité que les choses ne soient pas inéluctables. Cette idée est notamment portée par l'équipage du sous-marin qui explore les eaux américaines pour mesurer le taux de radiation et chercher un signe de vie. Le monde est mort mais les individus ne cessent jamais d'espérer car il est difficilement imaginable pour l'esprit de considérer qu'un jour il peut cesser d'être.
Le livre a été adapté au cinéma sous le même titre en 1959 et réalisé par Stanley Kramer.