Avec la Pandémie mondiale , une redistribution des cartes se jouent en coulisse , qui pourraient modifier sérieusement aussi bien la mondialisation , l'économie mondiale et sa structure actuelle (Fmi et Goldman & Sachs , mais aussi les rapports de force en Politique internationale et également les élections aux Usa .
Les tensions géopolitiques se situaient déjà à des niveaux inquiétants avant la pandémie, mais au lieu d’unir le monde contre cet ennemi commun, la crise du coronavirus a démontré que notre système géopolitique actuel avait vécu. La gravité de cette fracture ne sera visible qu’au cours des semaines et des mois à venir… et jettera les bases d’un futur nouvel ordre mondial.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont secoué le monde. Il en fut de même avec la crise financière mondiale de 2008-2009. Mais aucune de ces crises n’est comparable à celle du coronavirus.
Lorsque les attentats du 11 septembre et la grande crise financière ont frappé le monde, l’ordre mondial était solidement établi. Lors de ces deux crises, les États-Unis ont rapidement réagi et coordonné la réponse mondiale, soutenus par la plupart des autres nations. Cette fois, les États-Unis peinent à gérer l’urgence dans leur propre pays et le leadership international est bien la dernière préoccupation de Washington.
En vérité, Washington était déjà en train d’abandonner ce rôle de leader mondial bien avant la crise du coronavirus. La pandémie n’a fait qu’accélérer ce mouvement. En réalité, tandis que la pandémie de coronavirus est la première véritable crise de notre monde" GZero "sans réel leadership, elle donne un coup d’accélérateur à de nombreuses tendances géopolitiques déjà en mouvement. Trois d’entre elles en particulier joueront un rôle essentiel dans ce que sera le prochain ordre mondial post-américain, qui commencera à émerger dès que nous sortirons de la pandémie.
Démondialisation. Alors que la mondialisation a rapproché le monde pendant la plus grande partie du siècle dernier, le momentum politique qui soutenait cette mondialisation a commencé à ralentir au cours des dernières années (cf. Brexit, élection de Donald Trump). Cette réalité avait déjà commencé à sérieusement compliquer le fonctionnement de sociétés multinationales utilisant le concept " just in time " à partir de fournisseurs du monde entier pour assurer leur chaîne d’approvisionnement et réduire leurs coûts. Il n’y a pas si longtemps, ces entreprises étaient applaudies par les marchés et les pouvoirs publics pour leur capacité à maximiser leurs bénéfices grâce à ces investissements massifs à l’étranger. Cette époque est maintenant révolue.
"Washington était déjà en train d’abandonner ce rôle de leader mondial bien avant la crise du coronavirus. La pandémie n’a fait qu’accélérer ce mouvement."
Alors que le coronavirus met des millions de travailleurs au chômage et que les multinationales font face à des perturbations économiques dues à leur trop grande dépendance envers ces chaînes d’approvisionnement, ces sociétés sont confrontées à des pressions politiques locales pour" renationaliser "certaines activités et réorganiser leurs" supply chains", au risque de devoir sacrifier leur rentabilité au bénéfice de l’intérêt national.
Dans le dernier ordre mondial, la croyance partagée dans les vertus de la mondialisation a poussé le monde à davantage coopérer: la réponse fragmentée à la démondialisation actuelle définira clairement les contours de la prochaine ère.
Nationalisme. Parallèlement à l’intensification des critiques envers la mondialisation, on a assisté au retour du nationalisme et des politiques de type "my country first". Fait intéressant à souligner, cette recrudescence du nationalisme s’est produite à un moment de relative stabilité et de prospérité économique pour une partie importante du monde développé et en développement. Bien entendu, cette prospérité économique était surtout visible dans les chiffres du PIB global, alors que l’augmentation des inégalités de revenus appauvrissait la classe moyenne de nombreuses économies développées. Aujourd’hui, le coronavirus bouleverse à la fois les données économiques et la vie quotidienne de nombreuses personnes ayant déjà du mal à joindre les deux bouts. Les plus touchées seront celles qui ont le moins de moyens – de nombreux citoyens seront bientôt confrontés de manière aiguë à la défaillance des filets de sécurité du XXIe siècle. Et si les citoyens obligés de s’isoler utilisent davantage les réseaux sociaux comme connexion avec le monde extérieur, ils tomberont davantage dans les filets des flux d’actualités polarisants et le nationalisme ne fera que s’intensifier.
Chine. Finalement, surfant par-dessus toutes les autres tendances, on trouve l’émergence de la Chine comme véritable superpuissance politique. L’arrivée de la Chine en tant que puissance économique et technologique était attendue: cela fait déjà des années que les chiffres pointent dans cette direction. Plus surprenante est l’utilisation par Pékin du coronavirus et de l’aide humanitaire pour booster son image de "soft power", faisant tout d’un coup apparaître la Chine aux yeux de nombreuses personnes comme un rival géopolitique légitime des États-Unis. Même si l’Empire du Milieu ne dispose pas encore d’une puissance militaire susceptible de représenter une réelle menace existentielle pour les États-Unis – à l’instar de ce que fut l’Union soviétique à une certaine époque – sa combativité dans la lutte contre le coronavirus en a impressionné plus d’un, en particulier par comparaison à l’attitude des États-Unis. Malgré les tentatives de la Chine pour occulter le début de l’épidémie, permettant ainsi au virus de se répandre dans le reste du monde, sa réponse face au coronavirus en a fait un candidat plus crédible pour reprendre à son compte le leadership mondial en remplacement des États-Unis, en particulier pour ces pays cherchant désespérément de l’aide.
Les tensions géopolitiques se situaient déjà à des niveaux inquiétants avant la pandémie, mais au lieu d’unir le monde contre cet ennemi commun, la crise du coronavirus a démontré que notre système géopolitique actuel avait vécu. La gravité de cette fracture ne sera visible qu’au cours des semaines et des mois à venir… et jettera les bases d’un futur nouvel ordre mondial.
Erwin : Professeur Honoraire universitaire en Sciences Politiques et économiques