Merci pour ce sujet très intéressant – et intimiste.
La littérature, de mon côté, m’a apporté autant de peines que de joies. Je lui suis redevable de toute construction.
Elle m’a offert un idéal. Un idéal tourmenté, à la manière d’un romantisme qui voit dans l’Histoire, dans le passé, une noblesse pleine de valeurs… qui s’échoue sur la réalité.
J’ai été élevée avec des bouquins décadentistes, qui haussent le beau, et haussent le non-sens. Adolescente, elle m’a rendue cynique, condescendante, dépressive, caricaturale, attirante. Je me suis alors éloignée de la société.
Léon Bloy, Huysmans…
Puis est venu le temps des idées.
Une fois l’adolescence éloignée, la poésie versifiée un peu mise de côté, j’ai découvert L’Homme sans qualités de Musil. Et par là… un semblant de philosophie.
J’ai commencé à recoller les morceaux d’idées disparates. J’ai commencé à voir de la beauté. Je suis descendue de ma petite montagne, et remontée de mon abîme.
Il y a des pages qui marquent.
Il y a cette sœur, incroyablement enjouée, qui récite Shakespeare et ne sait comment redescendre de son envol sans devenir ridicule. Elle tire la langue.
Ce contraste saisissant, qui joue avec la légèreté des pensées – aussi profondes soient-elles…
Aujourd’hui, je lis principalement de la philosophie.
Cela me canalise, me rend sceptique – pour le meilleur – et m’empêche de tomber dans des convictions excluantes et extrêmes.