C'est étonnant cette réticence à aller au cinéma au moindre doute. Pendant ce temps-là, les blockbusters calibrés et vides de sens raflent la mise, confortant les studios dans leur préférence pour les recettes éprouvées plutôt que pour l’audace créative (mais risquée). Eux au moins ont une bonne excuse, car ils sont là pour faire des profils. Mais je m'égare, ce n'est pas le propos.
Bref, je suis allé voir Mickey 17 (en IMAX, pour ne rien gâcher), et j’ai trouvé ça très bien. Tout le monde s’accorde à dire que, évidemment, la proposition de Bong Joon-ho est assez loin de la réussite de Parasite, mais ce nouveau film regorge tout de même de bonnes idées, et le spectacle est vraiment réjouissant.
J’ai particulièrement apprécié la performance de Mark Ruffalo, qui semble s’être régalé en interprétant une sorte de politicien trumpesque totalement en roue libre. Comme souvent dans la filmographie du réalisateur, le film commence sagement, puis nous prend par surprise avec des scènes jubilatoires, histoire de ne pas nous laisser nous endormir sur le rythme un peu plan-plan de l’intrigue.
C’est ce que j’aime chez ce réalisateur. Là où, dans beaucoup de productions actuelles, on saisit assez vite le ton du film dès les premières minutes — et où tout ce qui suit n’est qu’une suite logique, ponctuée de rebondissements plus ou moins attendus —, il y a chez lui une volonté manifeste de déstabiliser le spectateur, de toujours chercher à nous surprendre.
Bon, certes, il y a quelques défauts dans le film : des détails inutiles, qui auraient gagné à être épurés, voire supprimés. Et puis, par moments, ça part un peu trop dans tous les sens, quand même.
On sait que Bong (ça ne vous dérange pas que je vous appelle Bong ?) a eu une relative liberté sur le scénario et le final cut — et dans le Hollywood actuel, c’est déjà un exploit en soi. J’imagine cependant que des contraintes subsistent, et que ce film n’est sans doute pas le plus personnel de sa filmographie.
Alors OK, dans la filmographie de Bong (ça fait bizarre, quand même), Mickey 17 ne figure peut-être pas dans le trio de tête. Quoique... J’ai toujours eu un peu de mal avec The Host, personnellement — je trouve aussi qu’il part dans tous les sens. Et je n’ai rien vu de plus dans The Snowpiercer qu’un divertissement très réussi. Parasite et Memories of Murder restent intouchables, bien sûr. Mais derrière ces deux sommets, Mickey 17 a peut-être sa place sur le podium. Peut-être aussi que je devrais enfin voir Mother, un de ces jours, pour affiner mon avis.
Enfin bref, Mickey 17 est un film tout à fait convenable, qui ne mérite pas le triste bide qu’il se prend dans les salles.
(Et on ne pourra même pas dire que ce qui nous attend est uniquement la faute des majors, vraiment.)