The Graduate
Réalisation : Mike Nichols
Scénario : Calder Willingham - Buck Henry - Charles Webb (basé sur son roman)
Musique : Simon & Garfunkel - Dave Grusin (musique additionnelle)
Casting principal : Anne Bancroft - Dustin Hoffman - Katharine Ross - Murray Hamilton
Synopsis : Diplôme de fin d’études en poche, Ben Braddock (Dustin Hoffman), jeune homme de milieu bourgeois vivant avec ses parents en Californie et sans but précis pour le futur, se laisse séduire par une femme plus âgée (Anne Bancroft) pour ensuite tomber amoureux de sa fille (Katharine Ross).
Critique : Film important des prémices du Nouvel Hollywood et gros succès surprise au box-office, The Graduate est une comédie dramatique illustrant bien la société américaine de la fin des sixties, déchirée entre le mouvement hippie, la libération sexuelle et le puritanisme encore profondément ancré dans la population.
La réussite commerciale surprise du film démontre clairement un changement profond se profilant dans la jeunesse de l’époque. Changement qui s’étendra justement au septième art, vitrine bien nommée de nos tribulations humaines, avec l’avènement du précité Nouvel Hollywood et l’apparition de jeunes réalisateurs visionnaires tels que De Palma, Spielberg, Scorsese, Coppola et consorts.
Précisément, le film décrivant non seulement une relation adultère entre un jeune homme désenchanté et une femme d’âge mûr, alcoolique et regrettant clairement son mariage (relation qui plus est uniquement sexuelle). Ben, sans aucune expérience de la gente fémine est donc une proie toute désignée pour la mante... Mais comme si cela ne suffisait pas à provoquer la morale de l’époque le novice va ensuite tomber amoureux de la fille de Madame, malgré toutes ses interdictions formelles à ce sujet.
Cependant réduire The Graduate à un brûlot provocateur serait extrêmement réducteur, le succès de ce dernier reposant tout autant sur le génie visuel de son réalisateur. En effet, certains plans de Mike Nichols sont devenus iconiques et repris depuis par de nouveaux élèves (l'ouverture du film sur le tapis roulant de Jackie Brown (1997) étant un exemple parmi d'autres).
Certaines compositions sont quasiment des tableaux jouant sur tantôt un rétroviseur, tantôt un miroir. Les mouvements de caméra n'étant pas en reste lorsqu'on observe cet impressionnant travelling arrière débouchant sur un visage en amorce à gauche du cadre.
Un des plans les plus connus du film est évidemment celui où l'on aperçoit Dustin Hoffman de face sous la jambe d'Anne Bancroft, le travail sur la profondeur de champ donnant toute sa saveur à la scène.
Le second, sans doute le plus irrévérencieux, montre l'acteur de face à nouveau mais cette fois-ci en gros plan, les trois quarts du cadre étant occultés par le dos de l'actrice déshabillée. Afin de faire ressentir au spectateur le fait que Dustin Hoffman ne sait plus où porter son regard, le réalisateur nous balance sans crier gare plusieurs inserts subliminaux de la poitrine dénudée et du ventre de l'actrice. Ou comment allier la technique moderne de tournage à la torsion des conventions en vigueur en 1967... Le public a évidemment adoré.
Il est de de coutume de dire qu’un film n’en est pas vraiment un sans sa musique. Que dire dans ce cas du rôle qu’ont joué les compositions de Paul Simon chantées avec son compère Art Garfunkel ?
Il est en effet quasiment impossible de se remémorer The Graduate sans avoir en tête les airs folks et mélancoliques de sa bande originale.
En premier lieu on pense bien sûr à Mrs. Robinson, patronyme de l’amante de Ben, chanson écrite pour le film mais qui sortira une année plus tard dans une version à la rythmique légèrement modifiée.
Le magnifique The Sound of Silence berce de manière lancinante certaines parties du récit, Scarborough Fair / Canticle étant également de la partie parmi les airs les plus connus.
Le succès du film propulsa du jour au lendemain Dustin Hoffman au sommet, ce qui lui permit, grâce à d’excellents choix de carrière, de figurer dans plusieurs gros classiques du cinéma des seventies.
Mike Nichols quant à lui remporta l’Oscar du meilleur réalisateur pour The Graduate, un honneur amplement mérité.
Disponibilité support physique :
- Blu-Ray France Zone B (Studio Canal)
- Blu-Ray USA Zone A (Criterion)