"Je ne pouvais pas bouger. J’avais l’impression d’être assis sur une poêle à frire brûlante."
Stanislav Petrov était un officier de l'armée soviétique, né le 9 septembre 1939 et décédé le 17 mai 2017. Il a étudié l'ingénierie à l'école supérieure de radiotechnique de Kiev et occupait un poste à la Voyska PVO, le service de défense anti-aérien. Il a marqué l'histoire lors d'un unique évènement.
Nous sommes dans la nuit du 26 septembre 1983, Stanislav est en poste dans l'un des bunkers secrets entourant Moscou. Son travail consiste en la surveillance du dispositif d'alerte anti-missiles reliés aux satellites en orbite. Le personnel est tendu : quelques semaines auparavant les avions russes ont abattu un avion de ligne coréen qui survolait une zone interdite. Bilan : 269 morts et la tension entre les deux grands qui remonte d'un cran. L'URSS s'attend à des représailles américaines. Hors soudainement, l'alarme retentit.
Un tir est détecté en provenance des USA, puis quatre autres qui suivent dans la foulée. Un téléphone dans une main et un interphone dans l'autre, Stanislav est pétrifié. Il n'entend presque pas son supérieur lui parler, il lui demande de prendre une décision dans l'immédiat. Est-ce bien une attaque ? Les russes doivent t-ils riposter ? Du rapport qu'il va envoyer dépend le sort du monde et la vie des centaines de millions de personnes. Il hésite... Et puis un pressentiment lui vient subitement : si les américains avaient décidé de détruire l'URSS, ils auraient envoyé des dizaines voire des centaines de missiles, pas seulement cinq. Ça ne colle pas. Rongé par le doute, il finit néanmoins par trancher et transmet son rapport suggérant une erreur technique. Vingt minutes passent dans une attente insoutenable, mais plus les minutes s'écoulent et plus le soulagement prend le pas sur l'angoisse. L'erreur est finalement confirmée : le système a mal interprété la réflexion des rayons du soleil sur les nuages, les confondant avec le dégagement d'énergie de missiles au décollage.
L'incident ne fut rendu public qu'en 1998. Stanislav démissionnera de l'armée en 1984 pour devenir ingénieur au service de l'Institut de Recherches.
Aviez-vous eu connaissance de ces évènements ? Rassurés de savoir qu'un grain de sable peut gripper la machine, ou terrifiés d’être passés à deux doigts de l'apocalypse ?