@Morphée
De façon aléatoire jusqu'à nos jours. Le principe scientifique est d'établir des connaissances solides. C'est en ce sens que les croyances reculent, non pas les croyances métaphysiques, sur l'invisible qui relève en fait du langage et de ses fictions, mais les croyances sur le réel : ce qui soigne, ce qui blesse, ce qui est comestible, etc. Les religions peuvent continuer à inventer autant qu'elles veulent dans le domaine fictionnel, si ça peut les amuser... Mais celle-ci ne peuvent plus affecter le réel (non une jaunisse ne se soigne pas en mangeant des fleurs jaunes par exemple).
donc l'aléatoire a une Histoire propre, qui se réduit rapidement depuis l'accumulation de connaissances scientifiques (même si on observe des résistances de longue durée, comme avec la mémoire de l'eau).
En revanche, les inégalités d'accès à ses connaissances, ou aux techniques qu'elles impliquent pour se mettre en œuvre ne se réduisent pas toujours aussi vite...
L'Histoire des masques aussi est intéressante. Charles de Lorme, faisant partie des médecins d'Henri IV, de Louis XII puis Louis XIV, invente le premier masque, avec le costume qui va avec (lunettes, blouse cirée, gants de cuir, baguette de contact) lors de la peste qui sévit à Paris en 1619. C'est le fameux masque de corbeau (aussi inquiétant que celui de scream).
Le bec de ce masque servait à placer du camphre, du vinaigre, des plantes aromatiques, de l'eau de rose, qui rassuraient plus qu'ils ne protégeaient le médecin du malade. La peur est donc plus orientée vers la contagion du médecin par le malade, dans le cadre de la théorie des miasmes (contagion par les odeurs fétides des malades).
Si le masque se perd ensuite à la fin du XVIIIe s. la pratique de se voiler se maintien dans le même esprit jusqu'à la réfutation des miasmes par Pasteur. C'est avec la découverte en 1890 de la contagion par les postillons par Carl Flügge, un médecin hygiéniste Allemand, qu'un chirurgien de ses amis, Jan-Antoni Mikulicz Radecki, va élaborer un masque pour protéger, non plus le médecin du malade, mais le patient du chirurgien. Mais c'est alors un simple bandeau double de mousseline pour le nez et la bouche, qui repose souvent sur la barbe... courante à l'époque. Quelques années plus tard, le procédé devient un replis du plastron opératoire qui se remonte au dessus du nez et s'attache derrière la tête. Cela protège mieux réellement le patient, mais l'adoption en est lente et il faudra attendre la fin de la première guerre pour que sa pratique se diffuse vraiment !
C'est lors de la grippe espagnole en 1818, que les masques en coton blanc surgissent au états unis, imposés par les autorités sanitaires mais le plus souvent mal acceptés et mal utilisés. Et s'il n'est, de ce fait, pas possible de conclure sur leur impact, les questions soulevées alors vont faire qu'ils seront étudiés jusqu'à faire apparaître une efficacité sous condition d'acceptation et de discipline. Ils se répandent donc durant les années 30 dans des milieux médicalisés, essentiellement les hôpitaux en fonction des cas à approcher, et se voient fixer des normes, du masque chirurgical au FFP2. Après la seconde guerre mondiale, se développe aussi des visières destinées à protéger les soignants des giclements et autres situations éruptives que ce soit en chambre ou en bloc opératoire. Les masques simples eux restent en tissu, lavables et réutilisables, jusqu'aux années 60. Les gestionnaires de stock hospitalier américains répondent alors de plus en plus à des impératifs de rentabilité, et il apparaît à certains judicieux de céder aux propositions de masques jetables, moins chers à court terme, et évacuant la logistique du lavage, séchage, rangement, mais peut-être également la plus grande sécurité stérile. En quelques années le jetable devient la règle. Outre les déchets qu'ils représentent et le gaspillage industriel qu'ils représentent, ces masques ont une durée de vie courte, même inutilisés. Ce qui les rend beaucoup plus cher finalement que des masques réutilisables. Ils font partie à ce titre des mânes financières inutiles et anti-écologiques.
Mais n'oubliez cependant pas pour l'instant d'en porter !!!