@Coyotito oui régulièrement je donne une suite aux aventures de ces personnages
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RE: Décris-moi un mouton
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RE: Décris-moi un mouton
Le ciel couvert virait à l’orage. Dans le lointain on entendait gronder le tonnerre… nullement impressionnée, Rebecca avançait sur le chemin de terre qui menait aux ruines de Perbeck. Son sac à dos paraissait lourd mais cela ne semblait nullement la gêner, rien ne semblait pouvoir briser sa détermination. Jupiter, le chat, confortablement installé dans le sac, regardait autour de lui ce paysage qu’il ne connaissait pas.
- C’est encore loin ? demanda Myriam qui suivait avec difficulté.
- Nous arrivons, répondit Rebecca.
- C’est pas trop tôt ! marmonna Ursula.
Enfin, au bout de cette interminable montée, les premiers murs apparurent. Encore quelques pas, et les 3 filles décidèrent de faire une pause.
Ursula posa son sac sur l’herbe et en sortit un volumineux livre ancien. Jupiter sauta du sac et alla se dégourdir les pattes. Pendant ce temps, Ursula avait ouvert le livre et en feuilletait les pages. Son intuition l’avait guidée jusqu’ici, d’après le descriptif qui figurait à la page 6 du mystérieux grimoire découvert par Myriam. A présent, la jeune bibliothécaire savait qui étaient ses nouvelles amies. Elle avait eu du mal à accepter le fait que les sorcières existent, mais après tout, pourquoi pas, de toute façon le doute n’était plus permis après tout ce qu’elle avait vu.
Perbeck était un ancien château érigé au Moyen Age par le seigneur de Perbeck. Il n’en restait plus que quelques pans de murs envahis par la végétation. A cette époque, le château avait été attaqué, le siège avait duré trois mois, trois mois de résistance au bout desquels, envahis par la lassitude et l’épuisement, les habitants avaient cessé de se défendre. Toutefois, lorsque les assaillants avaient investi l’édifice, il était désert… Les soldats, les paysans, les animaux, plus rien, plus personne. Le mystère n’avait jamais été résolu.
Myriam était impatiente, cela faisait des semaines qu’elle espérait découvrir l’énigme que renfermait ce beau grimoire à la couverture d’argent. Rebecca referma le livre et, le tenant dans ses bras, s’approcha des ruines. Plus précisément, elle se dirigea vers un mur assez épais qui semblait pouvoir résister à tout. Les boulets de canon ne l’avaient même pas entamé. Mais on sentait planer dans ce lieu étrange comme une présence, quelque chose d’indiciblement angoissant, et cette situation était amplifiée par les lourds nuages gris qui s’amoncelaient au-dessus de leurs têtes. Rebecca semblait la seule à se sentir à l’aise, pour elle cela n’était que routine, elle était dans son univers, ce qui n’était toujours pas le cas de sa sœur, plus que jamais réfractaire à la sorcellerie.
Soudain, un éclair fendit l’air, suivi par un assourdissant et interminable grondement. Rebecca posa le livre, leva les yeux et tendit les mains pour recevoir la pluie qui s’était mise à tomber. Puis elle s’avança et s’inclina.
Bonjour, Seigneur de Perbeck, dit-elle d’une voix assurée. Je vous attends depuis si longtemps...
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RE: Décris-moi un mouton
un mot saisi au vol dans le débat que j'écoute en ce moment : résistance
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RE: Décris-moi un mouton
Un concours de gastronomie… Non mais qu’est ce que je fais là ? Moi qui sais tout juste faire cuire deux œufs au plat, voilà que je dois revisiter une potée au chou devant des caméras de télévision. Mais pourquoi ai-je accepté ce pari ridicule ?
Alors que je suis dans l'affolement total, la présentatrice qui co-présente avec Cyril Dubac vient me poser des questions pour me déconcentrer, alors que c’est tout juste si je sais que cette passoire en forme de cône s’appelle un chinois… j’ai voulu tenter l’expérience, me voilà dans de beaux draps ! Je réponds n’importe quoi, je vois son regard étonné, j’ai dû dire une bêtise. Bon ça va, elle s’en va embêter un autre candidat. Qui est plutôt mignon. Mai pour l’honneur de la famille Chanoir, je vais aller jusqu’au bout. Oui je sais, j’ai un nom qui n’inspire pas la chance.
Le temps passe. Potée au chou. Je dois revisiter ce truc dont je n’ai pas la moindre idée de comment ça se cuisine. Et l’autre qui arrive avec sa caméra pour filmer ce que je fais. Je suis au bout de ma vie…
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Il reste encore une heure ! Clame Astrid, la présentatrice. Cyril Dubac lève les yeux au ciel.
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Plus qu’une demi-heure ! Le chou que j’ai coupé ou plutôt charcuté cuit avec les saucisses, je crois que j’ai eu la main lourde avec le sel, bref c’est la cata annoncée. Pommes de terre, oignons, ça sent plutôt bon, et visuellement c’est sympa. Un peu de poivre, ma bouteille d’huile d’olive est à moité vide, est-ce que j’en ai trop mis ? Je suis dans un état second, je regarde Stéphane à la dérobée, en résumé je n’ai pas la tête à ce que je fais.
C’est fini. Je suis la dernière, après Stéphane qui a l’air aussi calé en cuisine que moi. Il est vraiment mignon… je suis en train de craquer.
Me voici dehors, traînant la valise à roulettes prêtée par ma sœur. Quelle journée, je suis fatiguée mais finalement même si je n’ai pas gagné j’ai passé un moment agréable et vécu une expérience intéressante.
- On se fait un petit resto ?
Je me retourne, c’est Stéphane. Et nous voilà partis à la recherche d’un restaurant. Au moins je n’aurai pas fait ce voyage pour rien. Il me tarde de le revoir, nous avons échangé nos numéros et nous sommes pris en photo. La potée aux choux ratée n’est plus qu’un lointain souvenir.
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RE: Décris-moi un mouton
Le mot que je propose aujourd'hui : honneur
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RE: Décris-moi un mouton
Pauline regardait tout autour d’elle. Au milieu de la grande pièce vide, elle semblait perdue. Plus rien qui lui rappelle quoi que ce soit.
La cuisine, les chambres, le séjour, le petit salon, tout avait été débarrassé, même la table en bois et les vieilles chaises de la grande terrasse avaient disparu, les pots de fleurs, les cadres, tout, absolument tout. Mamy Jeanne avait fait le vide avant de partir vivre aux USA il y a 14 ans déjà. Une lubie soudaine. Et depuis la maison était restée comme ça. Puis Mamy Jeanne était partie pour son dernier voyage, et Pauline se retrouvait héritière de la maison où elle avait passé de si bons moments avec sa grand-mère, qu’elle n’avait plus revue depuis, juste quelques conversations par téléphone, c’est tout.
- Nous allons monter voir le grenier ?
Pauline se retourna et acquiesça et, accompagnée de son amie Sandra, elles montèrent l’escalier qui se trouvait tout au bout du couloir. Un petit tour de clé, et la porte en bois s’ouvrit. Une fenêtre située sur la gauche permettait à la lumière d’entrer. Et là… tout était en place. Deux grandes armoires, des cartons, une malle qui devait avoir au moins 300 ans… Pauline se rappela alors toutes les fois où elle était montée se cacher dans ce grenier où elle aimait tant regarder tous ces objets bien rangés et poussiéreux. La vieille pendule était toujours là, la lampe à pétrole aussi, la commode aux tiroirs remplis des vieux vêtements de son grand-père, ses lunettes, son chapeau, et son vélo, oui son vélo noir était dans le grenier.
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Qu’est ce que tu vas faire de tout ça ?
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Je ne sais pas répondit Pauline en ouvrant le tiroir du milieu d’un petit meuble noir qui était habituellement dans le séjour. Et soudain elle poussa un cri de surprise.
Et soudain elle poussa un cri de surprise. Là se trouvaient son livre d’école pour apprendre à lire, un petit cahier où Mamy Jeanne lui faisait tracer les lettres de l’alphabet et des chiffres… Mais la surprise fut quand elle ouvrit les portes du meuble, elle poussa un cri de joie, tous les livres de contes de fées de sa grand-mère étaient là aussi, elles les avait tant lus et relus, Blanche Neige, les malheurs de Sophie, de beaux livres anciens, et surtout une poupée, sa poupée Annie, ainsi qu’un ours en peluche.
Les larmes aux yeux, au comble de la joie et de l’émotion, serrant la poupée dans ses bras, Pauline murmura : « merci grand-mère ».
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RE: Décris-moi un mouton
Ah qu’elles semblaient appétissantes ces gaufres, encore chaudes, toutes dorées et garnies de crème chantilly faite maison. Ursula les mangeait déjà des yeux tandis que sa grande sœur les répartissait sur le plat rond posé sur la table.
- Tiens, lui dit Rebecca en lui tendant une gaufre dans laquelle Ursula s’empressa de mordre. Elle était moelleuse à souhait et semblait faire envie à Jupiter, le chat, qui la regardait de ses beaux yeux d’un vert intense. Mais Ursula n’en avait que faire, ce n’était pas son chat mais celui de sa sœur. Donc un chat un peu spécial, forcément…
Plus tard, allongée dans un transat, sous les glycines odorantes, un livre à la main, Ursula commença à se sentir bizarre. Plus le temps passait, et plus le malaise grandissait, une sorte de nausée envahissante couplée à un mal de tête de plus en plus fort. Une pensée lui vint alors : les gaufres… elle en avait mangé cinq.
Plantée devant l’armoire à pharmacie, la jeune femme cherchait désespérément quelque chose contre le mal de tête. Mais rien, à part les potions de sa sœur pour lesquelles elle s’était fait défense d’y toucher. Cependant elle avait trop mal et la nausée ne faisait qu’empirer. Elle regarda les étiquettes et finalement un flacon rempli d’un liquide rose attira son attention : « céphalées » était-il inscrit bien lisiblement. Que faire ? Elle s’était toujours juré de ne pas utiliser les remèdes de sorcière de sa sœur, mais il n’y avait rien d’autre. Et elle ne pouvait pas rester comme ça. Tant pis, pour une fois..
Elle prit le flacon, le dévissa, regarda le liquide rose et en versa dans un petit gobelet en plastique posé sur l’étagère. C’était délicieux et sucré, elle s’en resservit une dose, puis une autre. Et encore une autre.
- Rebecca !!!
Sa sœur accourut et poussa un cri. - Mais que t’arrive-t-il ? Puis voyant le flacon ouvert, elle éclata de rire. Après avoir entendu sa gourmande de sœur, Rebecca lui expliqua qu’on doit toujours lire tout ce qui est marqué sur le flacon : « à n’absorber qu’après avoir lu attentivement la notice » laquelle notice indiquait qu’il ne faut prendre qu’une seule dose et surtout prononcer la formule magique afin d’éviter les effets secondaires. Certes la potion avait calmé nausée et céphalées, mais la chevelure d’Ursula était devenue toute rose ! Quelle injustice, pour une première utilisation de potion magique.
- Cela te va très bien, conclut Rebecca, approuvée par un « Miaou ! » de Jupiter.
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RE: Décris-moi un mouton
Mon paradis personnel
Mon paradis personnel, il y a des années que je l’ai créé, petit à petit. Il a mis du temps à se mettre en place, et à présent il est arrivé au terme de sa création et il ne bouge plus. C’est une sorte d’univers parallèle qui n’existe que dans mon imagination, dans lequel je suis représentée sous les traits d’une autre femme, entourée d’autres personnes qui se sont créées elles aussi petit à petit et qui vivent avec moi dans cette autre vie. Par contre les lieux où j’évolue sont des lieux qui existent réellement, où je me promène, où je fais des choses banales de la vie courante, mais aussi d’autres que je rêve de faire.
Je pense que ce paradis est une sorte de refuge pour m’isoler, il n’appartient qu’à moi, je m’approprie ce que je veux, j’y fais ce que je veux, je suis libre.
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RE: Décris-moi un mouton
Je commence par le premier exercice, la lettre de motivation
Madame Anne-Lise Causse
3 rue Hade
13012 MarseilleMonsieur le Directeur,
Je fais par la présente acte de candidature à votre offre d’emploi pour un poste de secrétaire concernant la gestion de copropriétés. Je suis actuellement à la recherche d’un emploi de cet ordre dans lequel j’ai beaucoup d’expérience. Travailler dans votre agence qui fait partie d’un réseau connu m’intéresse beaucoup et je suis sure que vous serez satisfait de mes compétences en la matière que je me ferai un plaisir de mettre au service de votre société.
En effet j’ai tenu un poste similaire pendant 3 années et je suis donc tout à fait en mesure d’occuper l’emploi que vous proposez. Toutefois, je vous signale que je ne pourrai pas utiliser les logiciels que vous mentionnez car je n’ai aucune connaissance en matière informatique et ne sais pas me servir d’un ordinateur, mais une bonne machine à écrire même ancienne fera très bien mon affaire. Mon orthographe est correct. Le salaire que vous proposez devra toutefois être revu à la hausse.
Ainsi que je l’ai précisé, je ne sais pas utiliser d’ordinateur, il faudra donc une personne qui me lise mes mails et me les imprime, fasse les réponses d’après mes instructions et assure le suivi. S’agissant d’un service de syndic d’immeubles, il faudra aussi que cette personne s’occupe de la gestion des sinistres, des travaux, qu’elle contacte les entreprises et tienne les dossiers d’assurance. En effet, je ne peux pas tout faire.
Dès que je serai embauchée, ce que vous ne manquerez pas de faire j’en suis certaine au vu de mes références, je ferai un tour de vos locaux avec un avocat et un huissier afin de vérifier si tout est bien conforme en matière de sécurité et si rien ne risque de nuire à ma santé car j’ai quelques problèmes d’allergies récurrents.
Enfin, votre agence étant assez distante de mon domicile, il faudra me fournir un véhicule avec chauffeur afin que je puisse faire le trajet en toute tranquillité. Je ne sais pas conduire et je n’ai pas de voiture personnelle, et il m’est difficile de prendre les transports en commun. En effet, la promiscuité avec les autres passagers et ma tendance à attraper le moindre microbe qui passe fait que je n’utilise pas ce genre de transport que je trouve dangereux.
Pour terminer, si vous prenez contact avec mon précédent employeur, la société de transport de fonds Duplouc, avec laquelle mes relations sont conflictuelles, n’accordez aucun crédit à leurs dires à mon sujet car il est totalement faux que je sois impliquée dans la disparition des quelques coffres blindés manquants lors d’un récent convoyage d’espèces.
Dans l’attente de votre réponse qui je le sais sera positive, veuillez agréer, Monsieur le directeur, mes sincères salutations.
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RE: Partages divers Humour
@wawa007 oui ça me parle je crois que c'était dans un tunnel frontalier
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RE: Décris-moi un mouton
La nuit était tombée. Seule dans sa chambre, assise sur son lit et vêtue d’une longue chemise de nuit blanche et rose, Rebecca caressait et brossait sa chevelure blonde en fredonnant une vieille chanson. Près d’elle, sur la petite table de nuit, était posé un vieux grimoire à la couverture argentée.
C’était l’été et la fenêtre était grande ouverte, laissant entrer le souffle léger de la brise et le bruit des feuilles agitées doucement dans les arbres. L’obscurité n’était pas totale en raison de la pleine Lune qui éclairait la surface de la mer toute proche. De temps en temps une chauve souris passait dans l’axe de la lumière blanchâtre diffusée par l’astre nocturne.
C’était l’heure propice. L’heure de sorcières, celle où leurs pouvoirs atteignent leur maximum. Elle prit le vieux livre et le posa sur ses genoux. Il était assez lourd, mais lourd surtout des secrets qu’il contenait. En feuilletant les pages, elle pensait à la jeune libraire dont elle avait fait la connaissance il y avait quelques jours dans des circonstances curieuses. Elle lui avait promis d’étudier les textes contenus dans le grimoire et de lui en donner l’explication. Mais comment expliquer l’inexplicable à une jeune moldue ?
Elle reposa le grimoire sur la table de nuit et s’approcha de la fenêtre. La brise s’était calmée et le silence était total. Le temps semblait s’être arrêté, comme comprimé, solidifié. Allongé sur le lit, Le Chat dormait profondément. Il y a quelques jours encore, ce n’était qu’un chat normal, mais depuis qu’elle avait accepté sa situation particulière, Rebecca avait remarqué qu’elle pouvait communiquer avec ce petit être aussi noir qu’étrange. Il n’en était pas de même pour sa sœur Ursula qui avait encore du mal à accepter d’être une sorcière. Son esprit n’était pas encore assez mur et il lui faudrait un peu plus de temps pour accéder à ce monde ô combien particulier où toute émotion est absente…
Demain. Demain elle devra apporter une réponse plausible à sa nouvelle amie, Myriam, à qui elle avait déjà eu eu mal à expliquer sa présence chez elle. Mais il était temps de dormir. Demain sera un autre jour. Elle se glissa dans les draps frais, réveillant le chat qui la fixa de son regard intense et vert dans lequel elle plongea ses yeux. Elle savait que la réponse s’y trouvait...
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RE: Décris-moi un mouton
Mes mains cramponnées aux barreaux, j’attends, j’attends… Le temps passe et j’attends.
Le petit bout de ciel que j’aperçois à travers les vitres sales de ma fenêtre grillagée est mon seul lien avec l’extérieur. Je suis coupé du monde. J’ai cessé de compter les jours, les mois, les années, j’ai perdu la notion du temps, d’ailleurs quelle importance, je suis seul, oublié de tous, qui se souvient encore de moi ? Cela fait si longtemps que je n’ai vu personne, je vis dans mes souvenirs, je vis comme une sorte de zombie. Comment ai-je pu conserver toute ma lucidité, ne pas perdre la tête, je ne sais pas, mais peut être aurait-il mieux valu que je n’aie plus ma raison, que je devienne fou...
Je m’assois à même le sol, emmitouflé dans ma vieille couverture trouée qui ne me protège guère du froid qui règne tout le temps. Ceux qui m’ont jeté dans cette prison perdue je ne sais où ont voulu me faire taire. Oui, j’ai voulu résister, me rebeller, contester, et comme les autres j’ai été mis hors d’état de nuire à ce pouvoir qui étouffe le pays. Ici il vaut mieux subir et se taire, en essayant de survivre. Les conditions de vie sont si dures, le peuple manque de tout, et surtout de liberté. Je pense à ma femme dont je n’ai plus de nouvelles, ni de mon fils qui venait de naître lorsqu’ils sont venus m’arrêter. Quel âge peut-il avoir aujourd’hui ? Est-ce qu’il sait que j’existe ? Sont-ils encore en vie ? Ils sont mon dernier rempart, ce à quoi j’essaie de me raccrocher pour tenir encore un peu… Alors je fais voyager ma pensée. Je suis là avec eux, dans notre petite maison, je revois des scènes vécues, ou j’en imagine d’autres.
Je suis las, tellement las. A quoi me sert de vivre ainsi, sans plus aucun espoir, je n’arrive presque plus à marcher, je suis tellement faible, je ne me sens plus capable de résister, ils ont eu raison de moi et de ma volonté.
J’ai du m’endormir. J’ouvre les yeux et je me sens soudain si léger, c’est à la fois étrange et agréable. J’ai comme un sentiment de bien-être, je regarde autour de moi et j’ai comme une impression de flotter, oui c’est ça, je suis au-dessus du sol, mon corps est comme transparent et je n’en éprouve aucune peur, je me sens libre, je m’élève, c’est incroyable, et voilà soudain que j’aperçois le mur de ma prison, je suis à l’extérieur, quelque chose m’emporte et je me laisse aller bien loin de tout ceci qui tout à coup n’a plus aucune importance, je ne pense plus à rien qu’à cette liberté qui m’attire irrésistiblement dans un tourbillon d’amour.
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RE: Décris-moi un mouton
Elle est là, si proche mais pourtant si lointaine. Je la regarde, elle est si belle dans son écrin noir, mais je ne peux que la regarder. Toute réactivité est impossible. Je suis résignée. Et pourtant, je savais que cette probabilité existait mais dans ces circonstances on l’exclut d’office. Toute l’anxiété que provoque une telle entreprise, on nous apprend à la maîtriser, à l’éliminer, à repousser nos limites au maximum. Oui, pour accepter les risques inhérents à cette aventure périlleuse, il faut avoir un mental particulier.
Je fais encore quelques pas… Je me revois il y a deux ans déjà, lorsque je me suis inscrite à l’agence qui enregistre les candidatures. Je ne pensais pas être choisie, mais je l’ai été. Je ne pensais pas non plus avoir autant d’endurance pour subir les entraînements particuliers qui nécessitent une bonne résistance. Et j’ai tenu le coup. J’ai dépassé mes limites et j’en étais fière. Mes parents, eux étaient partagés entre l’admiration qu’ils avaient pour leur fille et leur crainte devant le danger de cette expédition particulière.
Le temps passe petit à petit, inéluctablement… Une musique me vient à l’esprit, une musique que j’adore, le printemps des 4 saisons de Vivaldi dont les notes s’égrènent dans ma tête. J’aimerais tant être dans ma chambre, les écouteurs sur les oreilles, en train de l’écouter, oui, j’aimerais tant…
Je la regarde encore… ma maison est là bas… je pense à mes parents, à mon chien qui me fait la fête chaque fois que je reviens. Sauf que je ne reviendrai pas.
Je regarde sur ma gauche. Il est là, sur le sol, couché entre deux rochers. A l’intérieur, Henry dort de son dernier sommeil. Oui, l’atterrissage s’est mal passé, le Condor a heurté de grosses pierres qui l’ont déséquilibré, c’est là qu’Henry a perdu la vie en heurtant la paroi de l’habitacle avec sa tête.
Plus aucune communication n’est possible avec la Terre. Ça faisait partie du défi, j’ai joué et j’ai perdu. Mon scaphandre va me protéger encore quelques heures, puis je n’aurai plus d’air. Je pense encore à mes parents qui doivent maintenant être au courant que tout ne s’est pas déroulé comme prévu, et qu’ils ne reverront jamais leur fille. Je m'en veux tellement de leur causer cette douleur...
Je marche, je marche encore. Un enregistreur gardera mes paroles, que l’on retrouvera sans doute un jour. Cette partie du terrain que l’on avait choisi comme site sécurisé pour l’atterrissage sur la Lune n’a finalement pas rempli les conditions. Cet endroit s’appelle la Mer de la Sérénité...