• Nille Nille

    @ayamé
    Merci pour votre réponse, vous avez raison.
    Il est vrai que je comptais sur cette première année à Paris pour rencontrer d'autres personnes, mais finalement ça n'a pas été très efficace. Je me suis fait deux amis mais nos relations n'ont pas toujours été très positives, et de toutes façon à cause du travail et des concours (écoles d'art), à la fin on ne se croisait même plus. Bref je ne vois pas là un lien très durable.
    L'année prochaine je pars pour Lyon, nouveau retour à la case départ...

    posté dans Famille - Amis En lire plus
  • Nille Nille

    Bonjour,

    J'ai rencontré une personne au lycée il y a trois ans. C'était la première fois que je me sentais si proche de quelqu'un, mais c'est donc aussi ce qui m'a permis de me rendre compte à quel point je me sentais seule et vide. Pendant un temps, cela n'est pas remonté et nous avons été très heureuses, mais il a commencé à s'installer un décalage assez malsain entre nous, car nous n'avions pas dutout le même rapport à l'empathie.

    Je l'ai compris assez vite, et maintenant je considère que c'est peut-être l'un des critères les plus importants qui font que deux personnes ne peuvent pas être ensemble, mais évidemment sur le moment il était absolument hors de question pour moi de renoncer. Je ne pouvais pas retourner si vite à ma solitude, cela me faisais très peur. Et puis avant tout, mon amie elle aussi avait ses propres angoisses, et il était impensable pour moi de la laisser tomber. J'étais très attachée à elle, je l'admirais beaucoup (elle est très douée pour plein de truc), j'avais besoin de sa présence et je me sentais toujours étonnée et trop heureuse de pouvoir être avec quelqu'un comme elle. Bref, nous avons poursuivi, mais évidemment, cela ne s'est pas bien terminé.

    En fait, cela a viré au cauchemar. Elle voyait de plus en plus que je n'allais pas bien et que j'avais besoin d'elle, mais elle ne le ressentait que comme un poids qui l'empêchait de poursuivre sa vie et de se consacrer à son avenir. Je le comprenais et j'essayais de l'accepter, et puis je me sentais très coupable de la préoccuper, de lui ajouter des angoisses et de l'empêcher de continuer à cultiver ses talents... Mais rien à faire, cela me blessait aussi beaucoup.

    Quand nous en parlions, elle me disait qu'elle n'avait aucune empathie pour moi, qu'à ses yeux, se mettre à la place des autres ne servait qu'à se faire souffrir inutilement. C'est un point de vue, et je le respecte parfaitement, mais bien-sûr, pour moi qui suis très empathique, cela m'a fait ressentir énormément de détresse.

    Finalement, je me sentais encore plus seule, c'était une cercle vicieux. La seule personne en qui j'avais confiance n'avait pas d'empathie pour moi. Plus ça allait, plus mon état la dégoûtait et lui faisait peur. J'ai finalement bien dû réaliser qu'elle n'était pas dutout "attachée" à moi, ni aux gens en général, et qu'elle ne se sentait aucunement responsable envers eux, ce que je trouve d'ailleurs assez admirable... Elle est parfaitement libre, et je suis d'accord avec le fait que les gens, moi y compris, doivent être responsables d'eux-mêmes, et que les autres ne sont jamais coupables de ne pas ressentir leurs souffrances. Bref, je n'ai aucune raison de lui en vouloir, c'est une personne que j'aime énormément et je suis heureuse qu'elle ait fait ce qui était le mieux pour elle, mais je n'y peux rien, pour ma part je ne suis pas comme ça et rien à faire, j'en ai quand même souffert énormément.
    Un jour, elle a donc finalement décidé de mettre fin à notre relation.
    À partir de là, ça a été très dur, et l'année suivante a été particulièrement terrible. Avant tout, je me sentais terriblement coupable, à la fois d'avoir eu un impact si négatif sur elle, qui est au départ une personne très douée, spontanée et rayonnante, et puis de regretter notre lien alors que je savais très bien qu'elle y avait mis fin pour des raisons tout à fait légitimes. À part ça, mon état s'est aggravé de manière assez logique. Je n'avais plus qu'elle, mais une fois partie, ça a été pire que tout, j'avais des idées noires tout le temps, je ne m'étais jamais sentie aussi seule.

    Le problème, c'est que l'année suivante, nous nous sommes retrouvées ensemble, dans la même classe.
    Nous étions d'ailleurs toujours dans le même groupe d'amis qui avait fait que nous nous étions rapprochées l'année passée, bref, nous étions côte à côte tout le temps.

    C'est à ce moment là que les choses ont commencées à devenir vraiment graves. Ses propres angoisses ont empiré drastiquement, et je n'étais pas dupe, j'ai vite compris qu'elle était vraiment malade. Elle ne ressemblait plus à la personne rayonnante que j'avais connue, et ça empirait chaque jour. Je ne supportais pas de voir la seule personne que j'avais aimé souffrir ainsi, c'était affreux. Je me suis sentie terriblement responsable de son état, je savais que tout le stress lié à notre relation y était pour quelque chose, et pour le coup, c'est vrai que le fait d'être très empathique me faisait ressentir toutes ses souffrances en plus des miennes. Nous avons eu quelques confrontations qui se sont toutes révélées catastrophiques, et à chaque fois pour cette même raison que j'évoque depuis le début : nous ne ressentions pas l'empathie de la même façon, et il était donc impossible de nous comprendre. Bref, il y a eu un incident de trop, et j'ai finalement compris que quoi que je fasse, ma présence même lui faisait du mal. Je ne l'ai plus supporté, et j'ai décidé que pour éviter le pire, la seule manière était que je parte. Du jour au lendemain, j'ai donc arrêté de venir au lycée et j'ai suivi le reste de mon année à distance. Évidemment, la solitude était toujours un problème pour moi, mais je préférais ça plutôt que de continuer à la voir souffrir. J'espérais qu'une fois partie, elle serait moins angoissée et qu'elle allait peut-être finir par guérir, mais au bout d'un moment, le lycée a insisté pour que je revienne au moins dans les cours où nous n'étions pas ensemble... On a donc recommencé une cohabitation très pesante, où j'essayais de faire en sorte qu'on se croise le moins possible dans les couloirs pour ne pas lui imposer ma présence. Quand ça arrivait, je sentais tout de suite la colère qu'elle ressentait à mon égard, et c'est vrai, en plus de tout le reste, ça a été dur de voir que mon ancienne amie très proche me détestait autant. Elle ne semblait vraiment pas comprendre mes choix et mes émotions, mais elle m'a dit plus tard que c'était surtout plus simple pour elle de me détester... un autre point où pour ma part, je suis incapable de détester qui que soit, même quand ça me permettrait de mieux supporter une situation.

    Aujourd'hui, je sais que je n'étais évidemment pas la seule cause de sa maladie, qui est un trouble complexe dont les origines sont souvent très multiples, ce qui le rend justement particulièrement difficile à guérir. M'éloigner était aussi un moyen pour moi de ne plus y être confrontée et avec le temps, de me sentir moins coupable.

    Pendant un certain temps au début de notre relation, nous nous sommes fait beaucoup de bien mutuellement. C'était la première fois que je pouvais discuter sérieusement de tout avec quelqu'un, développer ma singularité et être moi-même. J'ai aussi beaucoup admiré sa manière de faire énormément d'efforts pour ce qui était important à ses yeux, ce qui m'a poussée à en faire de même. Et de son côté, là où elle pouvait justement être terriblement exigeante avec elle-même, je l'aidais à lâcher prise à avoir davantage d'amour propre. En fait, nous étions assez complémentaires, mais ça été pour le meilleur et pour le pire. Bref, j'en garde de très beaux souvenirs, mais encore aujourd'hui, j'ai du mal à comprendre comment une relation aussi positive pour nous deux a pu dégénérer à ce point-là, juste à cause de nos caractères différents. Ou plutôt, j'ai du mal à l'accepter.

    Depuis, je n'ai plus rien connu d'aussi fort avec quelqu'un d'autre, donc rien que pour ça, ces souvenirs me hantent beaucoup étant donnée que ma seule expérience de relation réelle et positive s'est très mal terminée.

    Mais justement, le problème est que ce n'est en fait même pas vraiment derrière moi, et que j'ai donc encore plus de mal à passer à autre chose.
    Il y a trois mois, après un très long silence, elle m'a recontactée. J'étais alors très peinée que tout cela se soit terminé sur une "non-fin", juste avec un silence pesant, et cela me hantait beaucoup, mais honnêtement, il était impensable pour moi qu'elle revienne un jour vers moi après ce qu'il s'était passé, d'autant qu'aux dernières nouvelles, elle me haïssait.

    Et pourtant, elle m'a envoyé un message et finalement, elle m'a dit qu'elle souhaitait qu'on se revoit.
    J'ai accepté. Évidemment, j'avais très peur, mais en même temps je ne pouvais pas laisser passer cette occasion d'enfin passer à autre chose.
    On s'est revues quelques jours plus tard, et le soir même elle a souhaité qu'on se remette ensemble.
    Une semaine plus tard, elle y a renoncé de nouveau.

    Bref.
    Évidemment, je n'ai pas parlé de tout, cette histoire est déjà suffisamment longue (désolée), mais j'avoue que pas mal d'autres détails ont fait que parfois, cette relation était vraiment étrange... Par exemple, le fait que les initiatives de se mettre ensemble ou de séparer soient systématiquement venues d'elle, alors que j'ai toujours été la seule à éprouver de vrais sentiments.

    Pour abréger, si j'ai raconté tout ça, c'est simplement pour montrer qu'à mon avis, aucune de nous deux n'est vraiment coupable, et que parfois (mais donc de manière frustrante et compliquée à supporter), une relation peut devenir toxique alors que les intentions sont loin d'être mauvaises de chaque côté.
    Pour nous deux, les conséquences se sont avérées particulièrement cruelles et disproportionnées.
    Pour ma part, j'en ressors avec une dépression qui me ronge toujours ainsi que le traumatisme causé par la maladie de mon amie, et elle, avec une anorexie qui lui a laissé des traces contre lesquelles elle se bat encore.

    Aujourd'hui, et si j'ai besoin d'en parler, c'est justement que j'aimerais vraiment passer à autre chose, mais que sans que je sache pourquoi, les circonstances font que cette histoire me poursuit et que le fantôme de mon amie semble me suivre partout.
    Après le lycée, le hasard a fait qu'on a toutes les deux commencé des études à Paris, et même dans des écoles proches l'une de l'autre.
    Quand je rentre chez moi pour les vacances, il arrive aussi qu'on se croise dans notre ville natale, sans que je me sente capable de dire quoi que soit, évidemment. Je me sens complètement coincée car mon cerveau envisage toujours les pires scénarios possibles.
    Le mois dernier, elle s'est créé un compte sur instagram et depuis, elle me suit sur le réseau et like les photos de mes projets artistiques.

    Sans plus de détails, je sens toujours sa présence d'une quelconque manière, bien que silencieuse.
    Je ne sais même pas si au fond je considère cela comme une bonne ou une mauvaise chose, mais en tout cas, je me sens toujours aussi seule, voire souvent davantage qu'auparavant, d'autant que maintenant, ce sentiment est mélangé à beaucoup de regret et de culpabilité.

    Merci de m'avoir lue jusqu'au bout, ça me fait déjà du bien d'avoir formulé tout ça par écrit. Peut-être quelqu'un a t-il il.elle vécue une expérience similaire ?

    posté dans Famille - Amis En lire plus
  • Nille Nille

    Mon frère a trois de plus que moi. Nous étions plutôt proches quand nous étions très petits, mais je devais avoir neuf ans quand mon frère est devenu froid avec moi et a cessé de me parler. C'était il y a dix ans, depuis il est parti faire des études loin ce qui évidemment nous éloigne encore davantage. J'ai longtemps pensé que c'était parce que nos caractères étaient opposés, et nos centres d'intérets différents, mais depuis peu mon frère essaye d'exprimer qu'il est une personne très sensible et qu'il essaye de s'ouvrir et de se consacrer davantage à cette part de lui-même. Je suis moi-même hypersensible, et j'ai eu l'espoir que cela nous rapproche, mais finalement aujourd'hui rien n'a changé. Depuis quelques temps je me rends bien compte que cela me pèse. Je traverse souvent des épisodes difficiles depuis ces dernières années, et je me sens très seule. J'ai pourtant la chance d'avoir un frère, et je sais que pour lui aussi, devenir adulte n'a pas été si simple, mais rien à faire cette distance se maintient. Souvent, cela ressemble juste à de l'indifférence, et c'est ce qui est le plus blessant.

    posté dans Famille - Amis En lire plus