Je comprends parfaitement ceux qui n'ont pas aimé et qui ont quitté la salle pdt la phase "cosmique" et je comprends parfaitement ceux qui ont adoré. Le modeste but de cette bafouille est de tenter de ramener les premiers dans le giron des seconds. 😉
Il faut dire que ce film est complètement hors normes, Malick utilise toute sa technique cinématographique dans le seul but de faire du Beau, chaque image, chaque scène est travaillée, la lumière est utilisée à merveille et le film ressemble plutôt à une toile de maître gigantesque, genre "David", qu'à un simple film.Il ne raconte pas une histoire, il décrit la vie, on est plus près du documentaire BBC "planète Terre", qu'à Hollywood, sa matière c'est l'Univers, la Terre, la Nature et surtout la Vie, à toutes les époques, sous toutes les formes, jusqu'au quotidien d'une famille américaine chrétienne (pléonasme) moyenne des années 50.
Un ode à la Vie, construit autour de son contraire, la Mort, dans ce quel a de plus terrible, celle d'un enfant. Un long parcours sinueux mêlant tout à la fois, la vie de tous les jours, la naissance, l'enfance, la méchanceté gratuite, la violence, la difficulté d'être un bon parent, etc... et au final un ode à l'Amour, celui de la mère, idéalisé, immense et inépuisable, et celui du Père, maladroit, rustre, mais tout aussi fort, mais aussi l'Amour fraternel, et l'Amour de la nature, dont nous ne sommes finalement qu'une composante.
Et puis Dieu bien sûr, comme explication à tout ça, comme refuge, comme chemin, comme consolation et comme acceptation de la mort, même de son enfant. En fait ce film est trop dense, trop d'images, trop de messages, de métaphores, de références religieuses, ... et c'est pour cette raison qu'il faut plusieurs fois s'y replonger, pour y découvrir chaque fois autre chose, cette expérience me rappelle exactement "2001", finalement dans un genre différent, ils abordent exactement le même sujet: l'Humanité, d'où vient elle ? où va t elle ? et Dieu existe t il ? ZE BIG QUESTION !!
Un petit mot sur la phase cosmique:
Elle est magnifique, j'ai jamais vu ça au cinéma, quel talent, surtout que les choix musicaux sont parfaits, mais il est clair que celui qui n'aime pas la musique classique, ni la photo, ni l'espace, ... il va bien se faire chier et sortir de la salle pdt la 1ere demi-heure, alors qu'il faut justement dépasser cette phase pour entrer dans le film. Elle exige des bonnes conditions: écran géant, salle obscure, son de bonne qualité, sinon c'est imbuvable et disons le absurde, rappelons que c'est du Cinéma, donc fait pour être un spectacle Audio-Visuel.
Pourquoi cette phase cosmique?Oui c'est du jamais vu et on se demande ce que Malick a voulu dire. Il faut revenir au titre du film, le film parle de la vie, bon ça tout le monde l'a compris, et le film débute sur notre vie de pauvres mortels, justement avec la mort d'un jeune homme. Après cette introduction il a souhaité une remise en situation temporelle et spatiale, pour rappeler à chacun l'immensité de l'univers, l'immensité du temps depuis les origines et enfin l'immensité des formes de vie, du gigantesque dinosaure, aux microscopiques bactéries.
A la sortie de cette symphonie visuelle, le spectateur doit se sentir minuscule, il doit réaliser qu'il n'est qu'une petite particule de vie éphémère incluse dans l'immensité de la nature, et surtout que vie et mort son indissociables, car c'est un cycle perpétuel.
C'est une œuvre audacieuse, une expérience et rien que pour ça , Respect !
Le film nous raconte en fait la vie d'une famille, de la naissance jusqu'au drame, avec un gros développement sur l'enfance et l'adolescence. Les enfants sont formidables, de crédibilité, de justesse des regards, des gestes, car le film est très avare de dialogues, Malick privilégiant le langage corporel et les actes, souvent plus expressifs que des phrases, en tout cas généralement plus sincères. Les gosses passeront par toutes les étapes, exprimant magnifiquement, la peur, l'amour maternel, la peur du père, la haine du père, la jalousie entre frères, les jeux idiots de l'enfance, les défis de l'adolescence et ses crises, la découverte des maladies, de la violence, de la mort, de l'amour, des premiers émois, etc... c'est magistral ! Pas une scène en trop, éternel recommencement à l'ombre d'un immuable grand arbre, spectateur et point fixe, car évoluant dans une autre dimension de temps.
La mèreElle est la "Grâce" !
se déroulant dans les années 50, la famille est disons "classique", la mère ne travaille pas et s'occupe des enfants, de la maison, elle est le miel de la famille, douce, patiente, mais aussi soumise et presque muette. C'est le personnage clef du film car elle seule donne la vie, et la perte d'un enfant est forcément l'épreuve la plus terrible qui puisse lui arriver. "Mon enfant, lumière de ma vie,..." ces mots qui résument magnifiquement le cœur d'une mère pour qui ses enfants sont à peu près tout ce qui compte. L'actrice est délicieuse, elle la mère aimante idéalisée, elle est en prime tout simplement magnifique. Et finalement je pense que le film sera largement mieux compris et perçu par les mères qui s'identifieront à Jessica Chastaing et souffriront avec elle. Le cheminement du film cherche à l'amener à l'acceptation, la fin de la douleur, Dieu je le remets entre tes mains, ... dans la superbe phase finale de l'ultime séparation, apaisante car promesse de retrouvailles dans un monde meilleur.
Malick a peut-être fait ce film pour sa mère ou pour pour toutes celles qui ont perdu un enfant, ...
Le père est le chef de famille typique des années 50, autoritaire et brutal, il élève ses enfants à la dure, en reproduisant probablement le modèle de son propre père, et avec comme objectif de préparer ses fils aux dures réalités de la vie. Disons que la mère les protège alors que le père les expose, une répartition des rôles assez ingrate, la première récoltant l'amour, le second, la détestation et même la haine. Brad Pitt est juste parfait.
Le pèreIl est la Nature !
C'est à ses propres yeux un raté, musicien empêché, il se délecte dans l'écoute de ses disques et en jouant de l'orgue, à l'église évidemment, mais sa vie professionnelle n'est qu'une suite d'échecs qui l'amèneront au chômage. Très belle scène de la naissance quand il admire avec fascination le petit pied de son 1er enfant. Malick nous dépeint un père tel qu'il a existé il n'y a pas si longtemps, incarnation de l'autorité, que les enfants craignent, vouvoient et appellent "Père", en fait comme la plupart des hommes, il cache et refoule ses émotions, pas un baiser, jamais une larme, juste de rustres accolades, maladroites et pudiques, ce qui fît pendant des siècles, ... un Homme.
Mais au moment de déménager il réalise que sa seule réussite ce sont ses enfants, moment de grâce, et l'arbre fleurit pour illustrer cet éclair de lucidité.
Finalement Sean Penn joue un rôle très secondaire, celui de Jack adulte qui repense à son enfance, non le héros c'est Jack enfant, qui jouera à la perfection son rôle, on dit que les enfants sont très doués, ça doit être vrai, en même temps on a pas le choix, on est obligé de prendre un enfant qui par définition n'est pas un comédien, à qui on demande juste d'être naturel, les 2 frères y arrivent excellemment.
Comment noter ce film ?
Je n'en sais rien, certains mettront 10/10 d'autres mettront 0/10, il n'y aura guère de moyenne, mais que ceux qui n'ont pas capté réfléchissent un peu aux messages de poésie du film, je leur donne ce conseil: lire les avis de ci de là et ensuite le revoir, surtout dans les meilleures conditions, ça n'est pas un produit du samedi après midi, c'est du 7e Art, n'aimez vous pas la beauté et la poésie ?
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Chef d'oeuvre 10/10
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