Je vais faire bref. (
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Mon voyage le plus vivifiant, dépaysant et agréable fut sans doute à Crozon. J’aurai pu choisir du clinquant, du choc, du violent mais non car j’étais hypé depuis de longs mois par la perspective de sniffer l’air marin de la presqu’île de Crozon.
Dans mon désir absolu de tout contrôler à l’avance, les grandes lignes de la semaine étaient tirés 3 mois à l’avance avec randonnées et visites prévues avec un horaire précis. Un jour bonus était exclusivement dédié pour les imprévues et le G.P.S était réglé au poil de cul. J’avais presque à l’avance la cartographie du Finistère dans la tête.
Alors la presqu’île de Crozon qu’est-ce que c’est que ce merdier ?
C’est une presqu’île qui claque de par son positionnement aux petits oignons.
Dans le fin fond du Finistère, juché sur des collines verdoyantes, elle vous offre un quadrillage de toute beauté avec la baie de Douarnenez au sud, la rade de Brest au nord, la mer Iroise à l’Ouest, porte d’entrée de l’Océan Atlantique. Des rivières et des cours d’eau en pagaille à l’est et un pont mastodonte qui fait frémir les slips : J’ai nommé le pont de Térénez, 1er pont courbe à haubans de France. On ne lésine pas avec le grandiloquent à Crozon.
Mes pratiques maritimes d’assez bon niveau et mon degré d’expérience pour partir à l’aventure à l’autre bout de ma chambre qui sent le renfermé me permettait d’envisager cette semaine de vacances avec sérénité. Et pourtant si je sélectionne Crozon comme mon voyage favori, les couilles dans le potager furent nombreuses. J’en choisi une parmi la multitude. C'est plus fort que moi désolé.
Le départ.
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Jour 1 : L’affrontement des Dieux
3h30 du matin. La rangée de slips propres est prête, 3 cagettes de bouteilles d’eau de 50cl sont disposées dans le coffre de la voiture, équipement full options de chez Décathlon, canette de Red Bull dans le collimateur, départ imminent. 4h40 de route, je veux être à 9h du mat’ prêt à dégainer et entamer la randonnée tambour battant.
4h00 du matin : Départ. En confiance.
4h20 du matin : Les emmerdes commencent. La veille du départ, le monsieur Météo France divulgua un communiqué national alarmant « alerte rouge inondations-pluie ». Un seul département concerné : Loire-Atlantique. Le premier département que j’allais rencontrer pour mon périple matinal ? La Loire-Atlantique mon con.
Evidemment.
Essuies glace à fond les manettes (le niveau ultime, le niveau 4, celui ou les balais râpent le verre du pare-brise), Poséidon me trolle. Les roues avant et arrière côté droit du véhicule s’enfoncent dans des crevasses d’eau qui me déporte. C’est du pousse-pousse d’auto-tamponneuse. J’oublie le déluge un instant. J’ouvre la vitre pour laisser filer la cendre de ma clope et je me prends 3 litres dans la gueule. La canette de Red Bull laisse échapper du liquide dans la boîte de rangement du véhicule à l’endroit même où j’avais disposé mes masques Covid. Bref c’est une catastrophe. Je suis à deux doigt de débarquer. Je maintiens le cap car j’ai foi en mon destin. La Loire-Atlantique n’aura pas ma peau. J’ai battu les Dieux. Mais très vite une autre menace se précise.
9h14 : Dégustation de pain de mie-rillettes-jambon-beurre-chips-Monster Energy-gaufrette-cookies-brioche.
9h15 : Je suis claqué.
9h16 : Départ de la randonnée avec ma compagne au Belvédère de Rosnoen. Le Belvédère offre un coup d’œil superbe sur la montagne Menez Hom, des fleuves côtiers en veux-tu en voilà, les méandres de l’Aulne s’agitent. Le paysage se dévoile lentement mais sûrement.

Le slip s’aiguise. Le Belvédère offre même un départ vers un circuit de randonnée de légende « le saut du loup ». Banco !
Circuit de légende mon cul.
Dés le départ les emmerdes se signalent. Ce sentier de randonnée est une boucle temporelle dont on ne sort pas. Après un check-up de contrôle sur Google Maps on tourne à droite. A 11h25 j’ai réalisé qu’on aurait dû tourner à gauche car nous sommes entrés de plein fouet dans la boucle du Belvédère. Une forêt, un petit bois ou un champ avec des arbres, je ne sais pas mais ce que je sais c’est que le sentier du bois du Belvédère est un attrape-touriste. On descend, on remonte. On remonte. On redescend.
A 9h35 point de vue sur une mouette sur le toit d’une chapelle. A 11h25 point de vue sur une chapelle avec une mouette sur son toit. Il y a un problème. Ou plutôt deux.
Car en forçant le rythme et oubliant que mes fantasmes de basketteur professionnel appartiennent à la nuit, je tire sur la corde raide du physique. Mais je ne m’écoute pas. Je ne m’écoute plus. Le programme est à tenir et nous devons sortir de la boucle. On sort de cette spirale paranormale à midi complètement claqué. J’ai les muscles chauds. Je ne ressens pas la douleur. J’ai soif de sensations pour le jour numéro 1. En quelques mots : M’en branle.
Petit passage obligé sur le pont de Térénez histoire de voir ce qu’il a sous le capot.

C’est haut, c’est impressionnant, ça tangue un peu avec le vent. Je stresse et ça se ressent. Ou plutôt ça se sent pour reprendre l’expression de ma compagne. Bref. Je parle trop.
On s’est offert également ce jour-là une petite virée dans un patelin charmant, Landévennec, qui offre la perspective d’apercevoir un prototype d'église ou je C pa trokoi de l’époque Renaissance-Néolithique-un truc d’un siècle passé donc. A peine franchi le seuil du mémorial on s’aperçoit que c’est 10 balles par personne. L’enrichissement culturel attendra on n’est pas pressé. Surtout que y a un MacDo pas loin.

Petite virée branlette à Morgat au soir, lieu de notre villégiature. Sa baie, son petit port, ses commerces. La plage et l’océan se devine au loin.
Mais mon ventre gargouilla fort et l'envie de péter toutes les crêperies du coin dans un rayon de 40 kilomètres se fit sentir. Mais les triples-crêpes attendirent. Il était l’heure de déboucher le cidre dans l’appartement avec vue sur mer.

Le genre de boui-boui pour les adhérents du MEDEF qui coûte 1200 balles la semaine en haute saison. Prix divisé par 4 en octobre. Nous sommes la bourgeoisie nouvelle génération. Nous sommes le luxe. J’avais prévu de me baiser un homard au restaurant le lendemain car je suis inéluctable. Hélas trois fois hélas, au réveil du jour numéro 2 les emmerdes recommencèrent. Mais ceci est une autre histoire. Et comme il y a en tout 8 jours je vais arrêter là-dessus pour ce galop d'essai mais ne vous y trompez pas, Crozon restera mon coup de cœur ad viternam solo tutti quanti. (C'est du latin c'est pour faire genre je suis cultivé)