@Trichemire a dit dans Rien ne va de soi, le cas de l'appropriation des choses [Socio] :
En lisant la description du livre, il y a un petit point qui m'interroge a priori, c'est la taille de l'échantillon :
À partir d’une enquête ethnographique menée dans une crèche auprès d’une trentaine d’enfants de deux à trois ans
Cela fait peu, non ?
Je comprends que l'on puisse trouver que ça fasse peu mais en choisissant de se tourner vers une étude ethnographique, Lignier voulait avoir une approche qualitative et donc qui entre plus dans le détail et approfondit plus les questions de l'appropriation des choses et des personnes par les jeunes enfants alors qu'en passant par une méthode quantitative où les statistiques se baseraient sur un échantillon plus grand (et donc plus proportionnel à la population étudiée) il n'aurait pas eu l'occasion de voir de si près les comportements étudiés.
D'ailleurs, tout le chapitre 1 du bouquin s'attarde sur le choix de la méthode et il explique notamment son choix par le fait que sa problématique n'est quasiment pas étudiée en sociologie et donc que faire une étude quantitative à ce stade serait inutile puisqu'il faut d'abord prendre le temps de s'intéresser de près à cette question avant de pouvoir la faire valider par le nombre.
@Trichemire a dit dans Rien ne va de soi, le cas de l'appropriation des choses [Socio] :
C'est amusant de voir la différence de traitement du mimétisme entre leurs pairs et les adultes ( adulte = Dieu pour eux ).
Ouaip et on y fait pas forcément attention quand on est en interaction avec des enfants. Certes, on remarque qu'ils s'intéressent particulièrement à ce que l'on peut dire ou faire devant eux et on s'amuse de leur réaction mimétique, mais c'est bien plus intrigant quand on est vraiment attentif à leur comportement face à un ou des adulte(s) et que l'on remarque qu'effectivement, la moindre prise d'un objet, le ton que l'on utilise pour leur parler, nos mimiques marquent vraiment les enfants, attisent leur curiosité et donner de l'attrait pour ce qui n'en avait pas l'instant d'avant.
@Trichemire a dit dans Rien ne va de soi, le cas de l'appropriation des choses [Socio] :
Pourquoi une telle différence entre les garçons et les filles ? C'est inné ? Acquis ?
Ahah, parler d'innéisme en sociologie, c'est une hérésie, rien n'est inné dans le comportement d'un individu dans cette discipline (sauf si on est un fieffé évolutionniste). Alors, en regardant mes notes sur la question, j'avais déjà relevé dans un premier les raisons qui poussent les enfants à se tourner plutôt vers ceux de leur sexe plutôt que ceux du sexe opposé :
Interagir avec un enfant est déjà en partie géographiquement socialisé puisque comme cela a été montré précédemment par Lignier, les enfants sont déjà influencés par des déterminants sociaux dépendant de leur milieu social et du sexe. Ex : les filles vont avoir plus tendance à se tourner vers les dînettes, coiffeuses, etc., ce qui va évidemment entrer en ligne de compte dans leurs interactions : vu que ce sont surtout les filles qui jouent avec ces jouets, elles se retrouvent à jouer côte à côte et si interactions il y a, il y aura de fortes chances pour ce que ce soit avec une autre fille. Idem, pour les garçons. ==> « on comprend que l'homogamie sexuelle attestée par l'analyse de réseau repose avant toute chose sur une relative homogénéité sexuelle des espaces locaux de l'action, elle-mêmes résultante d'une sexuation des préférences, des habitus. Le point important, il me semble, est que la socialisation genrée des jeunes enfants ne produit a priori pas directement la ségrégation sexuelle : les enfants ne cherchent pas directement à s'allier avec des camarades de même sexe. La ségrégation en question est matériellement, pratiquement médiatisée : chaque sexe a tendance à fréquenter des endroits spécifiques, ce qui crée des rapprochements d'abord involontaires, fortuits, mais ouvrant manifestement la voie à des investissements relationnels plus substantiels. » (cf. p.277).
Dans un second temps, pour répondre plus précisément à ta question : autant le fait que les enfants se rapprochent plutôt de ceux du même sexe que du sexe opposé dépend notamment de l'agencement des crèches, autant leur comportement au sein du groupe de même sexe dépend de l'éducation genrée. dès le début, les enfants ne sont pas éduqués de la même manière en fonction de leur sexe, les petits garçons sont plus dans l'affirmation, les filles dans la coopération et cela se ressent fatalement dans leurs interactions avec les enfants du même âge. Je n'ai pas noté de citation détaillée sur la question par contre et comme je ne possède plus l'ouvrage, je ne peux pas vite fait t'en trouver une. 
@Trichemire a dit dans Rien ne va de soi, le cas de l'appropriation des choses [Socio] :
J'ai une autre question aussi ? Si je saisis bien l'enfant ne fait pas encore la différence entre les adultes. Pour lui un adulte en vaut un autre ( qu'il soit socialement dominé ou pas je veux dire ). C'est vers quel âge qu'il ferait la distinction ?
J'ai lu une autre étude (L’enfance de l’ordre. Comment les enfants perçoivent le monde social) de Wilfried Lignier et Julie Pagis qui : " s’intéressent dans cet ouvrage à la socialisation enfantine et se donnent pour objectif de comprendre la façon dont les enfants se représentent le monde et plus particulièrement dont ils parviennent « à appréhender l’ordre social dans ses diverses dimensions, à s’y repérer, à classer et à se classer socialement » (p. 9). Cette étude de la prime socialisation repose sur une enquête de terrain réalisée uniquement auprès d’enfants, durant deux années consécutives, dans deux écoles élémentaires d’un même quartier de la région parisienne aux recrutements toutefois socialement différenciés." (cf. Cairn info).
Les enfants qui participent à l'étude ont entre 7 et 10 ans et les chercheurs montrent qu'ils sont conscients de la hiérarchie sociale et des rapports de force qui existent au sein de la société mais que leur perception dépend et varie en fonction du milieu social dont ils sont issus ainsi que de leur genre et de leur origine migratoire (si ils sont issus de double culture ou non).
Donc, on pourrait dire qu'ils acquièrent rapidement certaines connaissances sur le fonctionnement du monde dans lequel ils vivent mais le nuancier propre à l'adulte (qui lui aussi reste néanmoins socialement situé) ne leur est pas encore parfaitement accessible.
@Trichemire a dit dans Rien ne va de soi, le cas de l'appropriation des choses [Socio] :
En tout cas il a l'air bien ce livre !
Farpaitement ! Je te l'aurais bien prêté mais je l'ai déjà filé à un membre.