Enfin vu après que Prosti m'ait tanné pendant des semaines pour que je le regarde. Faut dire que j'avais la Director's Cut sur mon pc, soit 3h35 de film, de quoi décourager la flemmarde que je suis.
Ce que j'ai particulièrement aimé dans ce film, c'est l'absence de manichéisme et la vision sombre de l'univers des super-héros. L'univers nuance constamment des notions comme le bien et le mal et montre à quel point il est facile de glisser vers la folie quand on laisse n'importe qui agir selon sa vision de la justice (qui n'est qu'une vision parmi tant d'autres de celle-ci). En cela, les personnages du Comédien et de Rorschach sont ceux qui me paraissent être les plus intéressants. Deux visions totalement opposées, le cynique et le justicier, l'un ne prenant jamais rien au sérieux tandis que l'autre s'attache à chaque détail, et pourtant ceux-ci se retrouvent réunis dans le même groupe de super-héros avec un but semblable : "faire le bien", se débarrasser du crime qui pullule. Est-ce que l'un a plus raison que l'autre dans sa façon de percevoir ce qui est juste ? On serait bien tenté de dire à première vue que le Comédien est un connard fini qui prend plaisir à faire preuve de violence alors que Rorschach est avant tout un redresseur de tort qui agit avec un code moral... que nenni ! Les deux font preuve de la plus grande violence, n'hésitent pas à écraser ceux qui ne correspondent pas à leur vision du bien et se retrouvent tout à fait en marge de la société.
J'ai aussi eu un peu de mal avec la fin qui m'a semblé arriver comme un cheveu sur la soupe. De ce que j'ai lu ici et là, elle n'est qu'un ersatz de ce qu'est la vraie fin dans le comics. Dommage, elle fait trop précipitée et trop "happy end" pour le ton donné dans le reste du film, ça gâche un peu le propos.
Une des questions que le film pose est celle de savoir si la paix vaut-elle tous les sacrifices ? C'est une question que l'on pourrait poser à chaque fois qu'il y a une guerre autant dire qu'elle reste constamment d'actualité. L'histoire nous a montré de nombreuses fois que la paix est rarement une notion qui prime dans un rapport de force, c'est d'abord l'étalage de sa puissance et la nécessité de gagner, peu importe la méthode et les sacrifices que cela implique, qui pèse le plus dans la balance. La paix ne devient nécessité que lorsque le conflit a trop duré et que les forces de chacun des camps s'amenuisent, autant dire qu'à ce moment-là de nombreux sacrifices humains et matériels ont déjà eu lieu.