Vu qu'on est juste entré dans la période de confinement et que celle-ci est amenée à durer certainement un bon mois, il est assez difficile de se projeter dans l'après.
Il y a déjà pas mal de choses qui questionnent. Les décrets et mesures prises de ces derniers jours et qui attaquent directement les droits des individus et notamment ceux en rapport avec le code du travail, toutes les mesures que le gouvernement avait promis de mettre en place pour protéger les salariés d'un licenciement en cette période qui annonce une grande crise économique à venir, le fait de sacrifier une partie des salariés pour "maintenir" au maximum l'activité économique du pays (et donc continuer à faire du pognon quoi qu'il en coûte, parce que sinon, vous comprenez, ce sera de votre faute si le pays sombre dans une crise).
Les annonces répétées pour réinjecter des milliards dans le budget de la fonction hospitalière et qui sont finalement abandonnées parce qu'on ne va pas donner de l'argent pour soigner les gens et éviter que le virus fasse plus de morts. Sans oublier le fait qu'on fait preuve d'hypocrisie en félicitant le courage et l'abnégation des soignants tout en ayant pas cessé de couper le budget de la fonction hospitalière depuis des années. On s'en fout que le matériel ne soit pas suffisant pour soigner la population, ce sont essentiellement les classes les moins aisées qui crèvent de toute façon ; quoi ?! comment ça il est aussi question d'inégalités sociales, de mépris de classe et de conflit entre les différentes classes sociales dans une période de pandémie ?! La solidarité n'existe pas, cela n'est pas nouveau. La solidarité est un concept inventé par les classes dominantes pour mieux opprimer les classes dominées puisque l'effort de "solidarité" se concentre sur elles, ce sont elles qui sacrifient toujours leurs droits, leurs acquis au profit des classes dominantes pour un mieux dont elle ne verront pas la couleur.
Au-delà de considérations politiques, il faudrait aussi prendre en compte l'excès d'individualisme dont nous faisons tous preuve, cet égoïsme qui nous entraîne à faire du chacun pour soi dès que notre petit confort est remis en question au lieu de nous unir pour justement agir positivement et faire en sorte que personne ne reste sur le bas côté, que les plus précaires n'en souffrent pas.
Et aussi le fait que notre société est ultra-libérale, elle ne tourne qu'autour du pognon, de la productivité, de la flexibilité, l'efficacité. Toujours produire plus, peu importe les conditions d'application, toujours plus engranger de fric dont les travailleurs ne verront jamais la couleur et tout ça pour quoi ? Perpétuer un système qui nous est totalement défavorable, qui nous aliène complètement et dont aucun de nous n'est satisfait au fond ? À quand, une prise de conscience ? Les morts engendrées par l'épidémie et celles qui vont suivre en conséquence de la crise économique et sociale influenceront-elles un changement sociétal profond ou, ce que je crains, seront-elles totalement vaines ?
L'arrivisme criant de nos politiciens suffira-t-il à exacerber suffisamment les tensions sociales pour que les individus se décident à les attaquer en procès, les éloigner définitivement de toute fonction publique ? Pour qu'on se décide à laisser tomber un système qui estime plus le travail et ses bénéfices que les individus qui constituent la société ?
La situation n'est pas nouvelle et on en revient toujours aux mêmes constats parce que rien ne change tant que l'on ne s'attaque pas profondément au confort de chacun. Et mon pessimisme me pousse à croire que même une telle situation n'arrivera pas à créer les changements nécessaires pour que notre société se dirige vers un mieux pour tous (et non pas un mieux pour une toute petite frange de la population qui vient déjà très bien au quotidien).