Ce soir, je vais m'attaquer à grand père Henri. C'est le personnage dont je connais le mieux l'histoire. Quelque part dans les affaires de ma grand mère, il y a une photo du grand père Henri qui me tient dans ses bras à la maternité. Fait notable, car il quittait rarement son village. Il l'avait fait pour mon grand frère le premier du nom de la famille, donc l'héritier ce qui revêtait une grande importance pour ce grand homme malgré ses 1.70m.
Grand père Henri est le premier membre de la famille à avoir obtenu le bac. Malheureusement, ses projet de devenir médecin se sont heurté à l'histoire et la terrible première guerre mondiale. Au début du conflit, il portait fièrement l'uniforme des zouaves. Il a fait l'entièreté de la première guerre mondiale et gardait un souvenir très vif du chemin des dames. Il parlait très peu de cette première guerre mondiale, mais les rares fois qu'il le faisait c'était pour lâcher quelques bribes sur l'enfer vécu là-bas. Je crois que l'histoire qui l'a le plus marqué c'est la mission où il est partie avec sa compagnie pour tenter de reprendre un fort quelconque. Sa compagnie était formée de 50 soldats. Quand le soir venu, il est rentré au camp, ils n'étaient plus que 3. Il y a de nombreux blanc dans son histoire, car cette guerre l'a hanté pour le reste de sa vie.
A la fin de la guerre, il est rentré chez lui et son père lui a dit "tu dois reprendre la ferme, je me fais trop vieux". C'en était finit de ses rêves d'étude de médecine. Pendant cette période de l'entre deux guerres, il a développé la ferme familiale au point d'en faire l'une des plus grosse propriété terrienne de la régions. Il avait une certaine fierté à dire que partout où se posait son regard depuis le pas de sa maison, c'était ses terres. D'ailleurs, une rivalité c'est formée avec l'autre grand propriétaire terrien du coin. Mon arrière grand père aurait même surpris son rival avec une des domestiques dans une position délicate et il lui aurait mit une bonne paire de baffes. Grand père Henri avait une sainte horreur de l'infidélité et du fait qu'une personne puisse utiliser sa position de force pour obtenir des faveurs. Petit, mais avec un sacré caractère la papy et je crois que j'ai tendance à tenir de lui sur certains points.
La Seconde guerre mondiale éclate. L'armée fait appel à lui et il répond de manière positive à son enrôlement. Il se retrouve à stationner dans les Ardennes (je crois, ce n'est pas très clair dans les récits familiaux) et il se retrouve fait prisonnier dès les premiers jours de la guerre. Enfermé dans un camp de prisonniers, il fait tout ce qu'il peut pour s'évader. Il n'y arrivera pas et la France capitule. Il a vécu cela comme une humiliation et il n'a jamais accepté de rester en Allemagne dans les camps de travail. Il s'est échapper d'un de ses camps pour rentrer chez lui. En arrivant, il découvre que pendant son absence, son épouse à trouver un radiateur pour chauffer son lit, que son fils (mon grand père était envoyé en internat pour étudier un métier décidé par les allemands, etc. Il se fait arrêter rapidement et retourne en Allemagne dans un autre camp de travail. Il s'évade encore, se fait reprendre et incarcérer dans une prison ou quelque chose du genre. Cela reste assez flou, mais il fait de nombreuses tentatives d'évasions. Pour le punir de son entêtement, il a été envoyé à Auschwitz Birkenau (là aussi, on ne sait pas trop, mais il était dans un camp d'extermination, c'est quasiment certain). Il avait pour fonction de tenir à jour les listes du camp (car il était lettré) et de nettoyer les fours. A la libération, il est rentré chez lui et n'a quasiment plus quitté son domaine.
Il a vécu en quasi Hermite sur ses terres. Souvent, il dormait dans ses champs avec son fusil de chasse. Bref, il est revenu transformé par ce qu'il a vu là bas. Ma mère qui l'a connu, m'a raconté qu'elle a passé une journée entière assisse en face de lui sans échanger une seule parole. Un moment intense pour elle, car ma mère avait l'impression qu'il était en train de la jauger, de savoir quelle genre de personne elle était. Il n'a quitté sa ferme que deux fois: à la naissance de mon grand frère et à la mienne. Autant je comprend pourquoi il l'a fait pour mon grand frère qui était le premier de ses arrières petits enfants à porté le même nom de famille (l'héritage). Autant, je ne comprends pas pourquoi il s'est déplacé pour moi. Je pense qu'il devait apprécier ma mère. Mon deuxième grand frère est né ailleurs, trop loin pour que grand père Henri puisse se déplacer jusque là. La dernière fois que ma mère l'a vu, il lui a fait visité son chais (une sorte de cave où l'on entrepose le vin, mais surtout où il faisait son propre pineau des Charentes, son eau de vie et son Cognac. Encore une fois, il n'a presque pas parlé, mais cela a semblé quand même lui plaire car il souriait. Mon grand père nous racontait souvent qu'il ne souriait presque plus depuis son retour après la seconde guerre mondiale.