@jabba-the-hutt a dit :
Pour autant, en tout cas pour moi (mais ma femme en est arrivé à la même conclusion), j'ai été élevé dans l'idée que le plus beau cadeau que nous pouvions faire à nos parents était de vivre nos vies et nous épanouir quelques soit les conditions, la destination etc...
Elle est certainement là, l'origine de ma souffrance.
De fait, ma maman ne me reproche plus d'avoir fait le choix de l'expatriation. Mais, cette liberté, c'est une chose que j'ai dû imposer. Ma mère s'est toujours efforcée de faire sa vie le plus proche possible de sa propre mère. Refusant d'envisager d'aller vivre dans un autre département, pour rester, au maximum, à une heure de route de sa maison d'enfance. Elle reprochait souvent à ses frères et soeurs, d'avoir fait le choix de s'éloigner, de ne passer que rarement pour rendre visite à leur mère; rappelant, à la moindre occasion, que du coup, c'était elle qui en faisait le plus pour sa mère, qu'elle était la plus présente. Alors, certes, elles nous disaient que, oui, quand nous serions adultes, il serait normal que nous fassions notre vie, que nous prenions notre envol et tout ça.. mais dans le même temps, à chaque fois qu'une décision devait être prise (lieux des études, par ex.) elle nous incitaient toujours à faire le choix de la proximité ("comme ça, on pourra vous aider, si vous restez proches") et plus tard, elle a toujours eu tendance à n'approuver que les choix qui ne nous éloignaient pas d'elle.
Alors, non, la décision n'a pas été évidente.
Il n'a pas suffit de dire "on va aller s'installer hors de France" et hop, tout le monde rit et tout le monde est content. Il a fallut argumenter, faire comprendre, justifier, convaincre et finalement, assumer.
Au début, après notre départ (en Angleterre, tout d'abord) j'ai souvent eu droit à des "oui, mais la visio, c'est pas pareil, on peut pas vous toucher" et des "vous êtes loin, tout de même, on peut pas simplement venir chez vous et repartir dans la journée. C'est compliqué, ça coûte cher...", etc.
Ensuite, le discours à fini par changer. Par lassitude ? compréhension ? ai-je enfin acquis le droit de m'épanouir loin d'elle, ou a-t-elle juste fini par comprendre que ses petites phrases culpabilisantes ne marcherait pas ? J'avoue, je l'ignore.
Alors, oui, j'ai beau savoir que finalement, l'essentiel, c'est mon mari, mes enfants, la famille que nous formons, je ne parviens pas vraiment à me libérer de ce sentiment de culpabilité, de l'impression que, d'une certaine manière, j'ai brisé / trahi une sorte de pacte tacite familial.