Il y a une chose que j'aimerais préciser.
Je comprends que les institeurs / trices tentent de trouver des moyens de motiver les élèves et de leur inculquer quelques valeurs (goût du travail bien fait, intérêt pour l'effort avec la rapidité à se mettre à l'ouvrage, éviter les conflits...etc).
Ce qui me gêne en réalité dans la démarche, c'est qu'elle s'adresse à toute une classe qui est forcément composés d'enfants très différents qui nécessitent des approches différentes.
Ici, en Autriche, le système qui est appliqué - dès le collège, c'est la personnalisation systématiques des objectifs. Les élèves sont invités en début d'années à réfléchir à leurs points forts, leurs points faibles et ce qui est difficile pour eux. Et, avec l'aide de leur prof principal(e), ils se fixent des objectifs ("cette année, je veille à rendre tous mes devoirs en temps et en heure", ou "je ne bavarde pas durant le cours avec mon voisin de table", ou "je veille à ne pas oublier mes cahiers et mes affaires à la maison"... etc). Et, en fin de trimestre, ils font un bilan. Les objectifs sont atteints ? L'élève obtient une bonne appréciation sur son bulletin de note. Les objectifs sont moyennement atteint ? on félicite l'élève pour ses progrès, on s'interroge sur les mesures à prendre pour l'aider, on l'encourage à continuer ses efforts. Les objectifs ne sont pas atteint ? On s'interroge : pourquoi n'y arrive-t-il pas? Si ce n'est déjà fait, on implique les parents.. Et ces objectifs sont non seulement personnalisés, mais également privés et confidentiels.
Il n'y a pas de récompense, si ce n'est la satisfaction de l'élève à avoir atteint ses objectifs et la fierté d'être devenu un meilleur élève. Il n'y a ni punition ni sanction.
Par contre, évidemment, ce n'est pas la même chose avec le règlement. Ceux qui ne respectent pas le règlement se voient sanctionnés.
Alors, ce système n'est pas parfait, hein. La classe de ma fille en est la preuve flagrante : c'est la plus bruyante et difficile de son collège (pour les profs, c'est un vrai casse-tête pour se faire respecter et faire respecter le règlement), mais ça semble être une sorte d'exception, puisque la méthode donnait de très bons résultats dans le collège où mon fils se rendait.
Et même si cette approche n'est pas parfaite, je la trouve plus saine que d'imposer à toute une classe une même démagogie. Elle a l'avantage de garder à l'esprit que chaque enfant est différent et de ne pas imposer des objectifs qui pourraient s'avérer inatteignable par un partie de la classe. Et ne t'en déplaise @Kallindra, mais une vraie méthode / approche inclusive tient compte des "exceptions" dont tu parles et ce, dès le départ. Il est déjà difficile, pour les enfants "différents" de se sentir acceptés et compris. Alors pourquoi prendre le risque de les stigmatiser encore davantage en leur imposant des objectifs qu'ils ne pourront atteindre ? Tu dis qu'il suffit de rencontrer les parents, de discuter et de fixer alors des objectifs personnalisés.. certes, mais dans l'attente de tels mesures, l'enfant se sera vu confronté à des objectifs qu'il n'avait pas moyen d'atteindre et il se sera trouvé en situations d'échec de manière répétée. Et lui fixer des objectifs différents de sa classe, après coup, risque fort de renforcer ce sentiment d'échec et de lui laisser l'impression qu'il est moins capable que les autres et que sa différence ne peut que l'exclure du groupe.
Maintenant, je ne suis pas institutrice, je ne suis pas prof, je ne suis qu'une mère qui ne connait le système que d'un point de vue extérieur. Mais je sais, j'ai conscience du fait que c'est un métier particulièrement difficile. J'ai beaucoup d'admiration pour tout le corps enseignant. Mais je suis aussi la mère d'enfants au profils particuliers et je suis sensible (sans doute plus que d'autre) à tout ce qui touche à l'inclusion. Et oui, même si ça peut paraitre excessif à certains, j'ai à coeur de ma battre et à débattre pour que le mot inclusion ne soit pas qu'une idée vague que l'on applique à peu près, mais pour que ce soit un véritable objectif pour lequel on se dévoue véritablement. Car je suis intimement convaincue que nos sociétés ne pourraient que se trouver enrichies et grandies si on parvenait à appliquer une véritable inclusion dans nos écoles (et je ne parle plus seulement des enfants "différents").