Tiens tiens, en voilà un sujet fait pour moi !
Je suis parti de notre chère et douce France entre janvier 2006 et juin 2013.
J'adorais voyager avant ça et ressentir cette énergie, cette excitation de me sentir ailleurs, de découvrir et visiter des villes ou des pays (culture, gastronomie, paysages, etc).
Et une conjonction d'évènements (séparation, fin de contrat) m'ont permis de franchir le pas. Après tout, célibataire et avec 1000 euros d' allocation chômage, je pouvais me permettre d'aller vivre confortablement dans beaucoup d'endroits.
Je resterai ici dans les généralités, inutile de vous ennuyer en racontant ma vie.
Le Pérou fut ma destination même si j'ai beaucoup hésité avec l'Inde.
Le Pérou était encore en développement en 2006 (+ de 50/100 de la population sous le seuil de pauvreté) mais avait l'avantage d'être occidentalisé (influence américaine) et d'être un pays hispanophone. Et même si j'avais toujours détesté l'espagnol, je savais que l'apprendre était possible sans trop de difficultés.
Il m'a quand même fallu 6 mois avant de pouvoir me lancer dans des conversations à double sens: comprendre est relativement facile, parler est plus difficile.
Astuce qui m'a beaucoup aidé: regarder des films en espagnol avec les sous-titres en espagnol pour avoir à la fois la prononciation et l'écriture des dialogues. J'ai appris la structure des phrases, le vocabulaire et la prononciation beaucoup plus facilement.
Vivre à l'étranger est extrêmement motivant, voire enivrant.
Il y a sans cesse un rappel à l' "anormalité": j'étais dans un pays où je n'avais jamais pensé être, et tous mes sens me le rappelaient sans arrêt: salsa dans les bus, odeurs des restaurants de rue, conversations autour de moi, des règles de vie différentes...
Vivre à l'étranger est un enrichissement et une émotion que je souhaite à tous, particulièrement aux français insatisfaits, gueulards, qui réclament, critiquent, polémiquent, se plaignent ou crachent sur la France sans avoir conscience de leur chance et du confort qu'elle leur procure.
J'ai vu un homme mendier, la jambe à moitié rongée par la gangraine devant un hôpital, une vieille femme se mettre à pleurer à mes pieds parce que je lui avait donné l'équivalent de 2 euros pour manger, des policiers corrompus ou trop mal payés m'embrouiller pour obtenir de l'argent, des enfants pouilleux obligés de mendier et travailler au lieu d'aller à l'école et tant de choses qui me faisaient penser à la chance d'être "bien" né.
J'avais quitté la France pour me reconstruire, par redemption et par désir de vivre autre chose autrement, et ces années m'ont aussi appris à reconnaître la valeur de notre pays et à manquer de ma famille.
Je suis revenu pour mes enfants, pour qu'ils grandissent dans un pays socialement, politiquement et économiquement stable.
Mais ces déracinements successifs m'ont fait du mal: il est important de trouver sa terre et de s'y sentir bien.
Cette expérience m'a aussi aidé à comprendre tous ces réfugiés, souvent mal traités, qui risquent leur vie et quittent leur pays à cause des guerres et de la pauvreté. Ce n'est jamais une décision facile.
Nous savons tous où sont nos origines, notre Histoire, notre famille, notre passé et il est logique que ce soit notre futur.
S'expatrier, partir ailleurs, c'est toujours un acte fort.