@apis-32
Quand il s'agit de pleurer, trembler, avoir le nez qui coule ou même rire à gorge déployée, ce qu'on a du mal à accepter, en réalité, ce n'est pas tant l'émotion en elle-même que le regard des autres. D'ailleurs, la plupart du temps, quand on est triste (par ex.) on aura tendance à vouloir s'isoler et, à ce moment-là, les larmes, voire les sanglots, viendront plus facilement, plus librement.
Les démonstrations de tristesse sont encore considérée, dans notre société, comme des signes de faiblesse. Ce qui est faux. C'est une force au contraire que de savoir accepter ce type d'émotion. Car, l'acceptation pleine et entière, c'est le premier pas pour parvenir à les laisser nous accompagner le temps nécessaire, puis les laisser derrière nous lorsque le moment sera venu.
Pour le rire, souvent, si tu ris en public sans raison évidente (parce que tu discutes avec quelqu'un au tel ou parce ce que regarde une vidéo ou que tu lis un bouquin), on va te regarder de travers. Et pourtant, si tu éprouves l'envie de rire, tu as le droit de rire (en respectant les autres, un minimum, évidemment); sinon, tu te prives d'une partie de ce que le rire est sensé t'apporter (soulagement, sensation de joie, suppression de tout ou partie d'un stress que tu subis).
Et si un jour, il t'arrives de te retrouver face à deux évènements vecteurs d'émotions contraire, alors, il faut réussir à admettre qu'aucune des émotions ne devrait avoir la préséance ou ne devrait prendre le pas sur l'autre. On a le droit - je dirais même que pour notre bien être, on a le devoir - de les vivre pleinement l'une et l'autre. J'ai connu cette situation : mon beau-frère venait de survivre de justesse à un AVC et j'arrivais en même temps au terme de ma grossesse (j'entends par là que j'avais franchi ce cap où je savais qu'il pouvait naitre à tout instant sans danger pour lui). J'étais partagée entre une profonde inquiétude et une profonde joie. Je me suis interdit de vivre pleinement ma joie parce que j'avais le sentiment que je n'en avais pas le droit, que ça n'aurait pas été décent. Eh bien, si je le pouvais aujourd'hui, je remonterais volontiers le temps pour aller dire à mon moi du passé que ce n'est pas ce qu'il faut faire ; que j'ai tout autant le droit d'être heureuse que triste et inquiète.
Alors, je sais, ce n'est pas évident. Il faut faire un travail sur soi, mais crois-moi, tristesse ou joie, quand on les vit pleinement, notre vie devient bien plus sereine et "vivante".
Le bonheur n'est pas une chose toute faite. Il découle de vos propres actions