Voilà le troisième duel de ce premier thème est fini. @Mai-Tai remporte cette battle avec D'Acier 🥳
Nous passons maintenant à un duel exclusivement masculin
Extrait de Lapin
Olly observe le haut de la falaise, d’où des gens, surtout des ados, se jettent dans l’océan.
– Ça te dirait de sauter de ce gros rocher ? demande-t-il.
– Je ne sais pas nager, je te rappelle...
– Eh bien, tu boiras la tasse ; ça n’a jamais tué personne ! réplique celui qui, un jour, m’a mise en garde contre l’océan, cruel et impitoyable.
Il m’attrape la main, et nous courons vers la falaise. Vue de près, la roche ressemble à une grosse éponge noire et dure. Elle me fait mal aux pieds quand je monte dessus, et je mets du temps à trouver des prises où poser mes mains, mais nous finissons par atteindre le sommet.
Olly a hâte de plonger. Il ne prend même pas le temps d’admirer le paysage.
– On y va ensemble ? dit-il en scrutant l’eau scintillante en dessous.
– Vas-y d’abord...
Il hoche la tête.
– OK. Comme ça, je pourrai te sauver de la noyade.
Il saute très loin de la falaise et accomplit un salto complet avant de fendre les flots telle une flèche. Quelques secondes plus part, il réapparaît à la surface et agite la main. Je lui rends son salut, puis je ferme les yeux pour faire le point sur la situation. La seconde avant de sauter du haut d’une falaise me semble en effet être le moment idéal pour faire un point. Je veux sauter, comme Olly. Je
rouvre les yeux et le cherche dans l’eau ; il est là, il m’attend. Étant donné ce que l’avenir me
réserve, sauter du haut de cette falaise n’est finalement pas si effrayant.
Extrait de Everything, Everything de Nicola Yoon, une superbe histoire d'amour à propos d'une jeune fille malade qui n'a jamais pu quitter son domicile. L'extrait est la première fois qu'elle quitte sa maison et brave la maladie pour vivre réellement et pleinement, au risque de rencontrer une mort prématurée
Extrait de Orabig
Introduction : Cela se passe en Argentine. Le personnage dont il est ici question, Johannes Dahlmann , se blesse gravement à la tête. Emmené dans une clinique, il reste alité de nombreux jours, entre la vie et la mort, à subir des traitement douloureux. Puis son état s’améliore, et il décide, le jour même de sa sortie de l’hôpital, de prendre un train en direction du Sud…
De son coin, le vieux gaucho extatique, en qui Dahlmann voyait un symbole du Sud (de ce Sud, qui était le sien), lui lança un poignard, la lame nue, qui vint tomber à ses pieds. C’était comme si le Sud avait décidé que Dahlmann accepterait le duel. Dahlmann se baissa pour ramasser le poignard et comprit deux choses : la première, que, par cet acte presque instinctif, il s’engageait à combattre ; la seconde, que l’arme dans sa main maladroite ne servirait pas à le défendre, mais à justifier qu’on le tue. Il lui était arrivé, comme à tout le monde, de jouer avec un poignard, mais sa science de l’escrime se bornait au fait qu’il savait que les coups devaient être portés de bas en haut, et le tranchant vers l’extérieur. A la clinique, on n’aurait pas permis que de pareilles choses n’arrivent, pensa-t-il.
– Sortons, dit l’autre.
Il sortirent ; et si, en Dahlmann, il n’y avait pas d’espoir, il n’y avait pas non plus de peur. Il sentit, en passant le seuil, que mourir dans un duel au couteau, à ciel ouvert et en attaquant de son côté son adversaire, aurait été une libération pour lui, une félicité et une fête, la première nuit dans la clinique, quand on lui enfonça l’aiguille. Il sentit que si, alors, il eût pu choisir ou rêver sa mort, celle-ci était la mort qu’il aurait choisie ou rêvée.
Dahlmann empoigne avec fermeté le couteau qu’il ne saura sans doute pas manier et sort dans la plaine.
Jorge Luis Borges, Fictions (Le Sud) 1953
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