Celle qui a tous les dons

Chaque matin, Melanie attend dans sa cellule qu'on l'emmène en cours. Quand on vient la chercher, le sergent Parks garde son arme braquée sur elle pendant que deux gardes la sanglent sur le fauteuil roulant. Elle dit en plaisantant qu'elle ne les mordra pas. Mais ça ne les fait pas rire.
Melanie est une petite fille très particulière...

Mélanie vient la voir autant que possible, mais maintenant elle aussi a des enfants.
Il y a eu des expéditions, d'autres enfants ont été trouvés, etc.
Il y a eu une expédition à Beacon mais Mélanie refuse de dire ce qu'ils ont trouvé, donc Justineau pense que c'était horrible. Cette expédition n'a pas rapporté d'enfant.

Les hungries de première génération (les zombies) sont capturés, enfermés dans des bâtiments, nourris régulièrement et autorisés à vivre en paix jusqu'à ce que le champignon les tue en poussant. Parfois ils font un enfant, qui est recueilli et élevé en communauté.
Ils ont un genre de gouvernement maintenant.
Les hungries de deuxième génération (les enfants) ont grandi et ont eu à leur tour des enfants. Cette troisième génération ne ressent pas la faim en sentant la chair humaine. Ils se nourrissent d'une ou deux bouchées de viande et ça suffit pour la semaine.

C'est donc un nouveau monde qui se crée, et Justineau dit qu'elle est fière d'en faire partie, et qu'en enseignant aux enfants elle a permis que la transition entre les deux mondes soit plus fluide.
Mais quand même, elle se sent seule dans sa cellule.

Ça me "frustre" un peu cette fin en fait XD. Car j'y vois beaucoup de parallèle avec une histoire que je joue en roleplay sur un jeu. C'est une petite fille démon qui a été adoptée par deux personnes, et elle doit cacher sa nature, apprendre à être gentille et à ne pas lancer des boules de feu à chaque fois qu'elle s'énerve, etc.
J'imaginais un peu une fin comme ça pour Mélanie du coup ^^.
Mais en vrai la vraie fin est très bien !

D'un autre côté je comprend la position du Dr Caldwell, et une phrase en particulier m'a marquée. Je n'ai plus la citation exacte en tête, mais en gros c'est quand elle dit à Justineau que ces personnes à qui elle fait la classe et à qui elle donne des prénoms ne sont pas des enfants, mais le parasite qui vit dans l'enfant. Pour Caldwell, l'enfant est juste un véhicule, on pourrait dire. Comme si c'était des robots pilotés par le champignon. A partir de là, ça n'a pas de sens de donner une personnalité au robot, c'est le pilote qui est important.

Cette phrase m'a marquée. Justineau n'est pas d'accord avec Caldwell, pour elle l'enfant est toujours là. J'aurais aimé qu'une troisième alternative soit évoquée : ok il n'y a plus d'enfant, on parle et on fait la classe au champignon, mais est-ce que c'est grave ? Pourquoi, vu qu'il a un niveau de conscience similaire aux humains, n'aurait-il pas droit au même traitement ? Avec des précautions (e-blocker et tout), mais tout de même.
D'ailleurs on voit bien avec Mélanie que la faim est contrôlable. Elle commence à la contrôler car elle ne veut pas faire de mal à Justineau, mais ensuite elle contrôle aussi sa faim avec Caldwell et les deux soldats. Tous les enfants n'ont peut-être pas la même force de volonté, mais avec plus de temps, avec l'exemple de Mélanie, avec une exposition peu à peu, etc, ils auraient tous pu réussir.

En découvrant des enfants conscients, la seule pensée qui est venue à l'esprit des gens de Beacon, c'est "c'est peut-être une piste pour un traitement". Et c'est normal, je comprend. Mais cette idée aurait pu cohabiter avec une autre, qu'ils n'ont pas eu : "l'humanité est en train de renaître".
Et à la fin c'est ce qu'il se passe, les enfants deviennent le futur de l'humanité. Mais ça a nécessité la mort de tous les autres, alors qu'ils auraient pu cohabiter.

Voilà ce que j'en pense ^^. Je ne dis pas que ce n'est pas bien, mais du coup ça montre quand même un angle vachement pessimiste.

Moi je pense que la cohabitation aurait pu être possible, si les humains avaient voulu. Justineau l'a prouvé. D'autres plus réticents (les deux soldats) ont fini par changer d'avis, donc c'est possible aussi.

Je n'ai pas compris ce que tu veux dire par unité de pensée.
On voit concrètement deux types d'enfants : ceux de la classe, puis les enfants sauvages. Dans les deux cas, les enfants ont beaucoup de disparités.
Ceux de la classe ont des matières préférées, des profs préférés, des rivalités et des buts (Mélanie dit que deux garçons se battent pour la troisième place de meilleur de la classe), etc. Ce n'est pas un groupe monolithique. A l'inverse d'ailleurs des vrais hungries qui bougent tous en même temps.
Les enfants sauvages aussi sont différents les uns des autres. Certains portent des vêtements et d'autres non (ça peut aussi être un marqueur de rang social, j'en sais rien), des peintures sur le visage, ils sont organisés avec des tactiques et chacun un rôle différents (quand ils tuent le jeune soldat on le voit bien, la petite qui lui donne le rat reste ensuite sagement à côté pendant que les plus grands se battent), ils s'amusent à se bagarrer entre eux. A la fin on le voit un peu aussi, ils cherchent à imiter Mélanie, ils sont contents de venir en classe.
Dans le chapitre bonus on apprend que certains font la classe aux autres, qu'ils ont organisé un genre de gouvernement, que certains partent en expédition chercher d'autres enfants, que certains s'occupent des enfants, etc.
Je ne pense pas qu'ils soient tous uniformes.
On voit également qu'ils ont des émotions. Mélanie en exprime peu, mais en a beaucoup. Elle est joyeuse avec Justineau, elle ressent de la haine pour Caldwell, de la peur quand elle a compris qu'elle allait être disséquée ou quand elle avait peur de faire du mal à Justineau, etc.
Les enfants sauvages aussi. Leur chef poursuit Caldwell avec un regard qui lui fait dire que c'est une histoire personnelle. Il ne veut plus simplement la manger, il veut venger son camarade tué par Caldwell.

Tu parles d'agir contre son propre intérêt. Mélanie le fait plusieurs fois. Elle aurait pu s'enfuir des dizaines de fois mais ne l'a pas fait. Elle aurait pu tuer Caldwell mais ne l'a pas fait.
Moi je les trouve très humains, avec des qualités et des défauts humains. Avec une capacité d'apprendre supérieure à la nôtre, et en contrepartie une faim qu'il faut apprendre à contrôler.
Je pense que la cohabitation était possible.

Et à défaut de vraiment cohabiter, rester chacun dans leur coin, entretenir des relations commerciales par exemple, etc.

Pour les enfants qui savent maîtriser leurs émotions alors que les humains sont plus dans l'action-réaction, je ne suis pas tout à fait d'accord.
Quand Mélanie attaque les junkers qui s'en prennent à Justineau, elle ne réfléchit pas, elle fonce et se dit après "merde, qu'est-ce que j'ai fait".
Quand elle ment au groupe en disant qu'elle a vu les junkers à Londres alors qu'elle a en fait vu les enfants, elle n'a pas réfléchit au mal que ça pourrait causer, et ça mène justement à la mort du jeune soldat.
D'ailleurs juste après avoir vu les enfants, elle se met à pleurer. C'est contrôler ses émotions ça ? ^^
Quand elle est seule avec Caldwell dans l'hôpital pendant que Justineau et les soldats explorent, elle a peur de Caldwell et s'enfuit, elle ne réfléchit pas du tout à où elle va, elle ne cherche même pas à trouver Justineau, elle veut juste s'éloigner de Caldwell.
Bref, je trouve qu'il y a quand même des exemples de ça.
Je rappelle aussi que Mélanie est littéralement un génie. Oui elle maîtrise ses emotions la plupart du temps, elle résout des équations dans sa tête, elle retient toujours le chemin de la maison, etc. Mais c'est un génie. Elle est loin au dessus du niveau des autres enfants, même Caldwell le dit. Je pense que les autres ont des réactions encore plus humaines. On n'en voit pas beaucoup, mais on voit les deux garçons qui rivalisent pour la 3eme place de la classe, on voit la voisine d'en face de Mélanie qui en a marre d'être enfermée et qui tape sur la vitre jusqu'à se faire saigner.
Mélanie aussi à ce genre de réaction. Quand les profs posent une question et que quelqu'un d'autre répond, elle s'en veut et se trouve bête de n'avoir pas trouvé.

Je tiens également à préciser que dans le deuxième bouquin, qui se passe dix ans avant, il y a un personnage totalement humain mais qui analyse tout froidement et qui n'est jamais dans l'action-réaction. Il a un trouble du spectre autistique.
D'ailleurs Caldwell aussi analysait tout froidement, même quand elle était en train de mourir.
Même dans la vraie vie, c'est très nuancé.
Je ne trouve pas les enfants si différents de ce point de vue là.

Ce que je veux dire pour la cohabitation, c'est qu'on arrive à exister en même temps. Bien sûr il y a des problèmes, des guerres et tout, c'est loin d'être parfait. Mais ce que je voulais dire c'est : est-ce qu'il fallait vraiment que tout le monde meurt pour que les enfants puissent vivre en paix ?

Vraiment je ne crois pas. D'autant plus que la 3eme génération ne ressent même plus la faim. Ceux là auraient pu cohabiter avec les humains sans aucun problème. Si l'histoire s'était déroulée une dizaine d'années plus tard, peut-être qu'il y aurait déjà eu des 3eme génération dans la nature et que l'histoire aurait pris une tournure très différente.

Mais c'est juste mon point de vue sur cette histoire hein ^^