L’étau de Munich qu’est-ce que c’est que ce merdier ?
L’étau de Munich est un film. Première info. Deuxième info, l’étau de Munich est un film qui a été pondu par Netflix le 21 janvier 2022. Troisième info, on peut donc considérer que ce film est plutôt récent.
Trêve de galéjades, le titre du film en tout cas dans sa version française est bien trouvé. Le film nous plonge à la fin des années 30. Et comme vous le savez sans doute, à la fin des années 30 l’Europe commence sérieusement à chier dans son pantalon. L’avènement du Reich agite les chancelleries, les politiques agitent le chiffon rouge en public mais se mettent à genou devant l’Allemagne en privé.
Le théâtre du film est donc la conférence de Munich fin septembre 1938. La conférence de la honte la plus célèbre dans le monde puisqu’elle décida grosso-merdo du sort de la Tchécoslovaquie. Imaginez-donc aujourd’hui le Togo qui discute avec la Namibie pour décider de l’avenir du Kenya. Impensable.
Et pourtant.
Le film est donc tiré de plusieurs faits réels et tente de les reproduire à l’écran avec la plupart des acteurs qui incarnent ou essayent d’incarner les hommes politiques de cette période. Là ou le film diffère de la réalité c’est qu’évidemment une petite dose d’opération secrète, de diplomatie fantôme est souhaitable pour rendre la chose un peu plus excitante parce que ne nous mentons pas, on ne regarde pas ce film pour voir un sosie de Vin Diesel empoigné une pale d’hélice d’hélicoptère à mains nues dans l’espace.
Je pompe modestement les deux lignes du synopsis d’Allociné pour que vous y voyez un peu plus clair dans ce bordel :
ALERTE - Le Synopsis - ALERTE
1938. La tension est palpable à la conférence de Munich. Deux anciens amis, un fonctionnaire britannique et un diplomate allemand, agissent en coulisses pour révéler un secret nazi. Inspiré du livre de Robert Harris.
FIN DU SYNOPSIS
Chez Allociné ils avaient la flemme.
(J'espère que vous avez apprécié les petits effets visuels sur les alertes et le synopsis, en gras, en italique, etc)
En supplément j’offre le lien YouTube de la bande annonce du film, ça sera là mon dernier effort :
Bref, pas le temps de niaiser, jetons un coup d’œil du côté du casting. Alors bon déjà on se fou quand même pas de notre gueule parce que Jeremy Irons est de la partie. D’une journée en enfer au majordome taquin chez Batman, le gugus a une carrière quand même qui fait frémir. Il campe le rôle ingrat de la superstar Neville Chamberlain.
George MacKay est également venu faire un coucou dans le film. Et pas n’importe quel coucou puisqu’il joue l’un des deux jeunes perdreaux qui veulent changer le monde et accessoirement premier rôle du film. Georgy a fait péter son nombre de followers sur Insta après sa prestation dans le film 1917. Le fameux 1917. Un seul plan séquence, il marche pendant 3 heures. Nous savons. Vous savez. Bref.
Il y a également une flopée d’allemands dans le film. Notamment un dont la tête me dit quelque chose. C’est à peu près tout. Le casting ne restera pas dans l’histoire comme la rencontre des géants mais il faut dire que ce genre de thématique de films n’incite pas non plus à la débandade générale.
Alors me direz-vous, c’est inquiétant cette histoire ? Un casting de peigne-culs, une histoire de conférence dont 85% de la populace ignore l’existence, on a connu mieux pour défrayer la chronique un samedi soir. Oui et non.
Ce film tente de relever un délicat pari. Le film essaye de mettre en contexte l’aveuglement des dirigeants européens face à l’armada Nazi qui ne s’emmerde pas avec les gentilshommes. Et dans l’ensemble c’est plutôt réussi. On connait l’issue du bousin. La guerre sera déclenchée. Mais on rage devant la mollesse des Occidentaux et avec un détachement coupable on se met à croire qu’une autre voie était possible.
Jeremy Irons est l’un des points forts du film. De tous les acteurs qui essayent d’incarner les vrais personnages des années 30 c’est lui le plus convaincant dans le rôle du tendre et benêt Neville Chamberlain premier ministre britannique. Nous passerons sur le représentant français, Edouard Daladier, président du Conseil qui dans le film a 11 secondes de présence à l’antenne. Ils ont pris le premier chauve venu. C’est la France que l’on sanctionne pour son rôle dans la conférence et c’est mérité. Bref.
Il convient aussi de souligner que l’effort pour retranscrire le Munich des années 30 est tout à fait louable et très convaincant. La reconstruction de certains décors mérite un petit pouce bleu pour la forme.
L’orientation fictionnelle de l’histoire arrive rapidement et tente d’ajouter un petit grain de folie dans ce gloubi-boulga qui sera sans doute considérer par un certain nombre comme un film long, mou de la zezette voire ennuyant. Le grain de folie n’est pas forcément de mise mais j’ai ressenti au plus profond de mon âme, une montée en puissance au fur et à mesure du film jusqu’à la scène finale qui ne m’a pas laissé indifférent. Alors que nous connaissons tous le final, du moins les grandes lignes de la marche à la guerre. Qui meurt, qui gagne, qui est le dindon de la farce, qui ressuscite etc.
De son côté Georges MacKay est à la peine. Sa prestation de lapinou apeuré me donne l’impression de voir un jeune freluquet sans bagages plongé dans une arène de Vélociraptor. J’ai mal pour lui. Son copinou de chambrée et coéquipier de complot essaye de donner le change mais le duo ne transcendera pas les foules. Il y a également dans le film un invité mystère qui ne laissera pas de marbre. En bien et surtout en très mal.
Bref s’il ne casse pas trois pattes à un canard déjà bien boiteux, j’ai passé un bon moment. Sans excès d’enthousiasme mais un bon moment. Une touche de thriller complotiste, un angle d’attaque de la seconde guerre mondiale méconnu ou peu vendeur sur le papier. L’exercice est casse-gueule ou casse-goule comme on dit dans mon bled de péquenauds mais les mecs s’en sortent avec les honneurs et permettent de visiter ou de revisiter une page d’histoire malgré des inévitables libertés qui sont prises avec la réalité.
Edit: L'avez-vous vu, le verrez-vous, pourquoi, comment?