Avis aux voyageurs du forum, le train à destination de l’absurde va partir.
Le train.
Ce matériel ferroviaire roulant assure le transport de marchandises, de personnes mais aussi parfois d’emmerdes. De malédictions. D’envoûtement de marabouts. Voici mon témoignage tantôt émouvant, tantôt dramatique de mon expérience avec le train ces derniers jours. Avec en bonus l'expérience quasi fantasmagorique qu'offre le métro. Ce topic servira en guise d’introduction à offrir une vitrine à mes problèmes psychologiques avec le train ou le métro mais cela ne sera pas sa vocation unique puisque vous pourrez en toute discrétion relater vos expériences pour le meilleur et pour le pire avec nos amis du chemin de fer ou sous-terrain. Ainsi donc suivra mon épopée qui en appelle d’autres de votre part.
Le récit suivant est découpé par un préambule, 6 chapitres et un épilogue. Avertissement : Le préambule et le premier chapitre ne sont pas très propres mais après ça coule tout seul. Merci.
Le préambule
J’ai définitivement un problème avec le train et il fallait que ça sorte. Lors de mon dernier trajet en train en mars 2006 à destination de Besançon, j’avais fait une crise d’asthme + une perte de 1.5 kg à cause d’une foudroyante. Ne me demandez pas la définition de la « foudroyante » car sinon ça sera un spam du mot « caca »
Chapitre 1 : En contrôle
Le week-end dernier donc le grand départ pour un monde inconnu. Premier constat : Se soulager dans les toilettes d’un train pour les besoins de base c’est comme rejoindre Space Mountain au parc Eurodisney : ça tangue. Il y a bien des barres de maintien mais pour une grande frite comme moi dans un tel endroit, c’est comme pratiquer du pole dance dans une cave, le confort est nul. Cependant l’adaptation se fait bon gré mal gré car l’anticipation pour ce long trajet est totale : Sac à dos de randonneur ultime avec livres + caleçons qui sentent la lessive + tickets restaurants + écouteurs de Wesh pour que les gens baissent les yeux à mon contact + les sandwichs avec pain de mie - jambon beurre – rosette. Je suis paré.
Chapitre 2 : Premier coup de semonce
1 heure plus tard les emmerdes commencèrent. Normalement les sandwichs c’était la réserve pour le midi. Sauf que j’ai eu la dalle dès 7h du matin. En gros 20 minutes après le début du trajet. Je pète la réserve à sandwichs au calme. Au pire il restera la bouteille d’eau pour se substanter jusqu’à 17h pour éviter le détour dans le couloir de l’enfer : La voiture-bar avec le café/cookies à 17 euros. Mais en mastiquant mon pain de mie – rosette j’ai l’impression de mâcher un caillou. Un gros caillou qui n’est pas fait pour circuler dans mon estomac de gourmet. Ma langue à tête chercheuse explore la mâchoire pour tenter de trouver l’explication et je constate que l’une de mes dents servant à mastiquer goulument agite un drapeau blanc. Un éclat d’obus à l’échelle dentaire a eu lieu et je me retrouve avec une dent divisée en 4, le morceau avalé et la maxime de cette histoire c’est que les morceaux de dent ce n’est pas comestible. Bref, après une bonne rasade de chips Lays (ceux en forme de tuile) en utilisant le côté gauche pour le reste du séjour, je me console comme je peux.
Chapitre 3 : Complexité et falsification
On avance de quelques jours et on passe sur le trajet retour dans le train maudit. Vous savez à la télévision dés fois lors des J.T. on voit des reportages en plein été ou les touristes, usagers des trains courent dans tout les sens comme des fifrelins pour attraper leurs correspondances à la gare et j’en passe. Derrière ma télé en sirotant ma Despé je me disais souvent « ha les cons » Je ne le ferai plus. Déjà le concept des trains pour arriver à destination il faut en parler. Vous prenez 2 des plus grandes villes de France. Pour les relier vous partez de la ville A pour arriver à une ville bonus que nous appellerons ville C qui nous déroute à l’extrémité de la ville B puis rattraper le temps perdu par un direct par la ville D qui trace directement sur la ville B, objectif initial de la fin du trajet. Mais c’est quoi ce bordel. Bref une correspondance à Paris avec 1h de deadline pour passer d’une gare à l’autre alors que quand on me dit d’allez à droite je réfléchis 3 secondes pour partir dans la bonne direction ça s’annonçait déjà casse-gueule mais les aléas du karma en ont décidé autrement.
Chapitre 4 : L’annonce
Donc départ de la ville C pour partir vers la ville B avec un arrêt à la ville E pour prendre d’autres gugus puis 2éme train à la ville B (Paris) pour enfin arriver à la ville A pour destination finale. Vous suivez ? Pas moi. Départ à 16h43. A 16h44 j’entends « tulututuuuu » Le « tulututuuuu » c’est le bruit sonore de la SNCF qui sert à préparer psychologiquement les voyageurs à une annonce de merde. Pas loupé. Un randonneur a oublié son sac Dora l’exploratrice dans la ville E et celui-ci n’avait pas d’étiquette d’identification. La gare de la ville E était cernée par les démineurs, les hélicoptères, des barrages avec des herses et les sapeurs-pompiers. Retard. Imparable.
30 minutes plus tard les démineurs ont réalisé que le sac contenait un doudou et une canette de Fanta et nous avons pu partir. Mais le mal était fait. La correspondance à Paris promettait des scènes d’action à la Vin Diesel dans Fast and Furious avec cascade sur le toit d’un deltaplane. Pour le fun, un promeneur à casquette vintage qui était l’un des contrôleurs du train a été averti de notre problème mais il s’en branlait un peu. Dans un souci d’anticipation nous avons essayé de scruter le site de la gare de Lyon et comment se rendre à Montparnasse. J’ai vomi mon 4h. Porte 4 à destination de Oui-Oui sur Mer, métro en ligne 27 à Chatelet, prendre l’escalator B12, cap plein Nord sur la porte de Saint-Cloud, métro ligne C4 porte d’Orient, boussole pour prendre les escaliers, le tout sans faire un strike sur les japonais en visite. L’histoire s’annonçait mal. 35 minutes avant l’arrivée à Paris, je suis déjà à la porte de sortie du train pour être le premier à mené la charge dés les portes ouvertes. Je suis côté gauche. 35 minutes plus tard, les portes s’ouvrent. Côté droit évidemment. Bloqué par une maman en costume traditionnelle avec sa poussette, je perds dés le départ 1 minute 30. Psychologiquement je suis atteint. Mais qui en doutait ?
Chapitre 5 : La poursuite
Je cours. Charge de 25 kilos dans le dos. 50 mètres plus loin j’ai déjà une alerte dans le bas de la cuisse. Je me suis claqué le métatarse. Je continue. Les lanières du sac à dos me déchirent les épaules. Je suis un guerrier. Je poursuis. Je frite 2/3 amérindiens, je bouscule, je ne dis pas pardon. Aucune règle, aucune loi ne régit ce genre d’endroit. Heureusement, mon comparse de voyage a la tête bien faîte et possède un sens de l’orientation qui ferait passer Mike Horn pour un plaisantin du dimanche. Je perds le contact avec mon sauveur dans l’escalator. Je le retrouve. J’ai les aisselles qui ont pris 2 litres de sueurs, mon polo tout bleu vire au noir. Faut prendre le ticket de métro puis passer les tourniquets de l’enfer. Je ne sais pas mettre un ticket de métro dans la machine pour ouvrir le tourniquet. Cette merde ne scanne pas. J’appelle à l’aide mon sauveur. Dans le métro je reste planté au milieu l’air hagard. Départ du métro, coup d’accélérateur, je me suis moitié péter la gueule. Les gens me regardent impassible. Ils comprennent. Ils comprennent que je suis un glandu et c’est terrible à supporter. J’en profite pour regarder « le plan » du métro parisien et les arrêts en station. Cette blague. Y a 176 arrêts répartis sur 38 lignes. L’alphabet fait 48 lettres. Je serai tout seul je jouerai à « Pic Nic Douille » pour choisir ou je descendrai. Mais je ne suis pas seul et c’est ma force. Je suis tambour battant mon sauveur. Nous arrivons 4 minutes avant l’embarquement final vers la ville B. Ou C. Ou E. Bref je ne sais pas ça fait belle lurette que je me suis perdu dans mon récit que j’écris d’une traite sans me retourner. Hashtag Delnis fait moi rentrer au Hall of Fame.
Chapitre 6 : Le duel final
Dans ma course vers le train, j’ai tenté l’impossible. Désireux de ne pas être un poids mort et servir mon fidèle comparse, je prenais mon téléphone en main régulièrement pour réactualiser la page internet de la gare Montparnasse afin de connaître le numéro de la voie correspondant à notre train. A l’approche de l’embarquement, mon téléphone dans la poche perdit la boule et me lâcha. Je ne l’avais pas verrouillé. Et pendant ma course effrénée, celui-ci tenta de rentrer mon code PIN à plusieurs reprises et au bout de 3 erreurs évidemment la sanction tomba. Téléphone bloqué pour 5 minutes pour raison de sécurité. Quand les emmerdes pointent le bout de leurs nez, elles volent en escadrille. Devant moi l’ultime obstacle à l’embarquement. Le contrôleur sur le quai avec son scanner digne de ceux qu’on utilise à Leclerc pour faire le beau en caisse sans caissière. La catastrophe. Est-il là pour contrôler le billet ou le pass sanitaire. 1ére option ? Je plie l’histoire en 10 secondes et la partie est gagnée. 2éme option ? Je bégaye au mec que mon téléphone est bloqué, que je n’ai pas accès au réseau social « tous anti-covid », qu’il se foutra de ma gueule et que je finirai en tôle ou au mieux sur le quai sacoche à la main à prier Jésus qu’on vienne me prendre par la main.
A ce moment-là c’est une partie de poker qui s’engage. Je suis en sueur, rouge écarlate option double tendinite à la cuisse mais je tente mon spécial pour me rassurer « Bonsoir » voix sèche, quasi autoritaire. Il me regarde. Je le regarde. « Votre billet de train s’il vous plaît monsieur ? » Je lâche un pet de stress. « Avec plaisir bébé » Je passe avec succès le contrôle et j’embarque. J’adresse un dernier regard noir sur la ville lumière.
Epilogue
Pendant le trajet final lors de la visite en bande organisée des contrôleurs pour une 4éme vérification du billet de train, une dame avait cru qu’ils venaient pour scruter le pass sanitaire. Elle a sortie son téléphone afin de se faire scanner la rondelle. Le contrôleur a répondu « non le billet madame, ça on s’en fou ». J’ai toisé du regard la dame. « ha les cons »